Étude prospective comparative des inégalités de santé et de l’épidémiologie des accidents vasculaires cérébraux en Guyane française et à Dijon, France

Cet article a été initialement publié ici

Accueil Santé Publique. 13 mai 2022;10:849036. doi : 10.3389/fpubh.2022.849036. eCollection 2022.

ABSTRAIT

CONTEXTE : En Guyane française, la pauvreté est généralisée et les soins spécialisés font défaut. Notre objectif était de comparer les AVC entre patients critiques et non critiques en Guyane française et de comparer l’épidémiologie des AVC ischémiques et leurs évolutions entre la Guyane française et la France métropolitaine.

Méthodes : Une cohorte prospective multicentrique a examiné l’effet de l’inégalité sociale sur les caractéristiques de l’AVC. Les patients consécutifs âgés de plus de 18 ans admis pour un AVC ischémique aigu, confirmé par neuroimagerie, étaient éligibles. Les critères d’exclusion étaient les antécédents d’AVC symptomatique, la présence d’autres maladies menaçant le pronostic vital à court terme et l’incapacité de contacter le patient par téléphone pendant le suivi. La défavorisation sociale a été mesurée à l’aide du score EPICES, qui est basé sur un questionnaire multidimensionnel.

RÉSULTATS : Au total, 652 patients ayant subi un AVC ischémique ont été inclus. Les patients guyanais étaient 7 ans plus jeunes, plus souvent de sexe masculin, d’ascendance subsaharienne, avaient un faible niveau d’instruction et étaient plus souvent en état critique (67,7 %) que les patients inclus à Dijon (39,2 %). L’origine de l’AVC ischémique était majoritairement lacunaire pour les patients inclus en Guyane française et cardio-embolique pour les patients inclus à Dijon, avec une sévérité plus importante pour les patients inclus à Dijon. La proportion de patients ayant une hypertension pré-AVC connue, un diabète ou un antécédent d’accident ischémique transitoire était plus importante en Guyane française qu’à Dijon. En revanche, une hypercholestérolémie, une fibrillation auriculaire et des antécédents d’infarctus du myocarde ont été retrouvés plus fréquemment chez les patients dijonnais que chez les patients guyanais. La fibrinolyse était moins fréquente en Guyane française qu’à Dijon, 24 % des patients se présentant suffisamment tôt ont reçu une thrombolyse en Guyane française vs. 45% à Dijon, P < 0,0001. Cependant, après ajustement aux caractéristiques des patients, l'effet central sur l'utilisation de la fibrinolyse a disparu. Lorsque l'on compare les patients critiques et non critiques en Guyane française, les principales différences sont le plus jeune âge et la plus faible mortalité des patients critiques, en particulier immigrés.

CONCLUSION : Le crunch est généralisé en Guyane française. En Guyane française, malgré un âge plus jeune chez les étrangers que chez les patients français, les facteurs de risque, les mécanismes et les résultats étaient homogènes dans toutes les couches socio-économiques. Les différences observées entre les deux régions contrastées de France suggèrent qu’au-delà des inégalités de santé, l’épidémiologie des facteurs de risque cardiovasculaire peut différer entre la Guyane et la France métropolitaine.

PMID :35646768 | CMP :PMC9136220 | EST CE QUE JE:10.3389/fpubh.2022.849036

Rochelle Samuel

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