Emmanuel Macron détruit-il le gouvernement français en faisant pression pour ses réformes ?

OPOULE EMMANUEL MACRON perdant sa majorité parlementaire aux élections législatives de juin 2022, il compliquera immanquablement son second mandat à la présidence de la France. Beaucoup de choses ont été révélées le 16 mars. Malgré des efforts effrénés de dernière minute, son gouvernement n’a pas réussi à obtenir les voix nécessaires pour faire adopter la réforme des retraites par le biais des procédures parlementaires normales. Au lieu de cela, il active un article constitutionnel, 49.3, qui lui permet d’imposer des réformes sans vote – mais au risque de provoquer une crise politique.

Jusqu’au bout, Macron et sa première ministre, Elisabeth Borne, espèrent récolter suffisamment de voix pour faire passer leur réforme, qui ferait passer l’âge minimum légal de la retraite de 62 à 64 ans. La loi a été retardée pendant des mois pour tenter de forger un compromis entre les partis. M. Macron ne persuadera jamais NUPES, les alliances de gauche, ou la droite populiste-nationaliste de Marine Le Pen pour la soutenir. Mais au final, les votes ne sont même pas venus des républicains de centre-droit, même s’ils avaient eux-mêmes relevé l’âge de la retraite en France.

L’utilisation de l’article 49.3 est inhabituelle, mais pas sans précédent. Sous Michel Rocard, Premier ministre socialiste qui a également dirigé un gouvernement minoritaire de 1988 à 1991, il a été utilisé 28 fois. Cette disposition permet au gouvernement d’imposer une loi au risque de sa propre survie. Les partis d’opposition ont désormais 24 heures pour soumettre un vote de défiance, qui pourrait renverser le gouvernement. Mme Le Pen a dit qu’elle le ferait. Pour être adoptée, une motion de censure doit être soutenue par 289 voix, sur 577.

Arithmétique, les oppositions ont des nombres. Un succès annulerait la réforme des retraites, entraînerait la démission de Mme Borne et pourrait (mais pas automatiquement) forcer Macron à dissoudre le Parlement et à convoquer de nouvelles élections législatives, moins d’un an après le début du mandat actuel de cinq ans de l’Assemblée nationale.

Cependant, étant donné les factions rivales qui s’opposent au parti de M. Macron, il peut être difficile pour tout groupe politique de soutenir les initiatives de l’autre côté. Le chef du Parti républicain, Eric Ciotti, a déclaré qu’il ne présenterait pas ses propres revendications ni ne rejetterait le gouvernement. D’autres membres de son parti pourraient penser différemment. Le vote aura lieu dans les prochains jours, très probablement le 20 mars. À moins qu’une motion multipartite ne soit appuyée, le gouvernement peut survivre, techniquement.

Le problème pour Macron, c’est qu’il est pourtant politiquement miné. Les dirigeants syndicaux menacent d’une nouvelle série de grèves et de manifestations dans les prochains jours. Les déchets non collectés s’entassent dans les rues de Paris. Des foules de manifestants se sont rassemblées dans la capitale le jour où Mme Borne a annoncé sa décision aux législateurs bruyants, qui ont exigé que Macron abandonne le plan et se soumette à la volonté du peuple. Les sondages d’opinion montrent systématiquement que la plupart des Français sont catégoriquement opposés au relèvement de l’âge de la retraite.

Il est difficile de voir une bonne issue à ce gâchis. M. Macron peut changer de Premier ministre, et essayer de trouver un nouvel élan. Mais à court terme, il sera difficile de mettre de l’ordre dans le pays, et encore moins de poursuivre son programme réformiste. Lorsque les électeurs de juin dernier ont refusé de céder une majorité parlementaire à un président réélu, certains espéraient que cela contribuerait à établir une culture politique plus consensuelle en France. Jusqu’à présent, il semble avoir fait le contraire.

Charlotte Baudin

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