MEILLEUR FILM D’ERIKA BALSOM 2022

Erika Balsom est lectrice en études cinématographiques au King’s College de Londres.



1
« ENFIN LE CINÉMA ! ART, DESSIN ET LUNETTES EN FRANCE (1833-1907)(Musée d’Orsay, Paris; commissaire Dominique Païni, Paul Perrin et Marie Robert)
Cette exposition monumentale interroge l’essor du cinéma, non pas comme une machine mais comme une manière très moderne de regarder le monde. La connaissance, la créativité et l’accès aux collections qui l’informent sont stupéfiants, même si une plus grande attention à l’imbrication du cinéma et du colonialisme serait la bienvenue.
Co-organisé avec le Los Angeles County Museum of Art.

2
MUTZENBACHER (Ruth Beckermann)
Beckermann mobilise la vanité simple à des fins complexes lorsqu’elle s’engage avec un homme qui répond à son appel de casting pour un film sur Joséphine Mutzenbacher, la narratrice d’un roman pornographique « autobiographique » publié en 1906. Une réponse généreuse et nuancée aux débats polarisés d’aujourd’hui sur la sexualité .


Ruth Beckermann, MUTZENBACHER, 2022, vidéo 2K, couleur, son, 100 minutes.

3
SAINT-OMER (Alice Diop)
La douleur de l’identification et de l’enlèvement tourbillonne à travers l’histoire du procès d’une femme sénégalaise pour infanticide en France. De la prière d’ouverture de Marguerite Duras à son incursion finale dans les films amateurs, la première œuvre de fiction de Diop a un immense pouvoir émotionnel et philosophique.


Alice Diop, Saint Omer, 2022, vidéo 4K, couleur, son, 122 minutes.  Rama (Kayije Kagame) et Adrien (Thomas de Pourquery).

4
LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE (James Benning)
Ce remake déloyal de sa collaboration de 1975 avec Bette Gordon livre sur la mouture dans le générique mais est bien plus : un film sur les paysages, les nationalités et les (fausses) confessions.

5
ANNONCE (Jumana Manne)
Mêlant fiction et stratégie documentaire, le film le plus fort de Manna à ce jour se tourne vers des concours de récolte de plantes sauvages telles que akkoub comme moyen de faire face à la dépossession et à l’occupation en Palestine/Israël.


James Benning, États-Unis, 2021, vidéo HD, couleur, son, 103 minutes.

6
REGROUPEMENT (1976) (Lizzie Borden)
Regroupement a passé plus de quarante ans caché dans le placard de Borden avant de revenir sur les écrans cette année grâce à une restauration par les New York Anthology Film Archives. Explorant toute la dynamique des groupes de femmes, c’est un rappel important que la collectivité ne doit pas être idéalisée.


Lizzie Borden, Regrouping, 1976, 16 mm, noir et blanc, sonore, 80 min.  Lizzie Borden.

7
« JOHN SMITH : INTROSPECTIVE—50 FILM FROM 50 YEARS » (Close-Up Film Centre et ICA, Londres)
Ce vaste programme présente l’histoire chronologique de l’un des artistes cinématographiques les plus importants du Royaume-Uni. L’œuvre la plus célèbre de Smith, Chewing-gum fille (1976), n’est que la pointe d’un iceberg intéressant et mortel.


John Smith et Ian Bourn, The Kiss, 1999, 16 mm, couleur, sonore, 5 min.

8
DANSE (1979) (Lucinda Childs, Philip Glass et Sol LeWitt; Ballet de l’Opéra de Lyon au Wells Sadler Theatre, Londres)
C’est appelé Danser, mais mérite d’être considéré comme une œuvre essentielle du cinéma étendu. Une plongée époustouflante dans la relation entre le direct et l’enregistré, l’actuel et le virtuel, avec une projection de LeWitt.


Lucinda Childs, Dance, 1979. Performances, Sadler's Wells Theatre, Londres, 9 mars 2022. Musique : Philip Glass.  Scénographie : semelle LeWitt.  Photo : Alastair Muir/Shutterstock.

9
TROUBLES (Cyril Schaublin)
Les horlogers anarchistes des montagnes du Jura suisse sont au cœur de ce drame historique improbable, qui se déroule au moment, à la fin du XIXe siècle, où la tradition a été vaincue par la force de ce que certains appellent le progrès.

dix
PACIFICATION (Albert Séra)
Ce thriller se déroulant dans une Polynésie à l’envers est plein de paranoïa et d’allure. Qu’est-ce qui compense le fait que son protagoniste, un haut-commissaire français joué par Benoît Magimel, semble parfois être un substitut de Serra lui-même ?

Roul Dennel

"Écrivain extrême. Passionné d'Internet. Passionné de télévision indépendant. Fan de nourriture diabolique. Introverti. Penseur hardcore. Future idole des adolescents. Expert en bacon."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *