L’extrême droite européenne tend la main au PPE pour « libérer Bruxelles » – EURACTIV.fr

Le leader italien de la Ligue d’extrême droite, Matteo Salvini, a appelé le Parti populaire européen (PPE) lors d’une réunion des partis d’extrême droite de l’Union européenne à Florence à collaborer et à « libérer Bruxelles » de ceux qui l’« occupent » illégalement.

Salvini, dont le parti est un partenaire junior de la coalition au sein du gouvernement italien aux côtés du parti conservateur Frères d’Italie de Giorgia Meloni et du parti de centre-droit Forza Italia, s’est présenté comme un leader dont le parti appartient au groupe plus large du « centre-droit ».

Il a appelé le groupe de centre-droit (PPE) de l’Union européenne à suivre l’exemple du gouvernement italien en s’opposant aux partis de gauche et aux verts.

« Le gouvernement italien est incontestable et gouvernera pendant cinq ans, le peuple italien nous a élus. Je travaille très bien avec Giorgia (Meloni) et Antonio (Tajani, Forza Italia/EPP) […] Mais à mes amis de centre-droit, je dis : tout comme nous avons aidé l’Italie à renouer avec la croissance, ce serait une erreur fatale de diviser le centre-droit en Europe », a déclaré Salvini.

Les partis de droite européens (le groupe Identité et Démocratie au Parlement de l’Union européenne) se sont réunis dimanche à Florence lors de ce qu’ils ont qualifié de « journée historique ».

« Je pense qu’aujourd’hui est un jour historique car la Renaissance européenne peut voir le jour, qui sera basée sur le travail et les droits. Les Européens auront le choix : la liberté d’un côté et la peur de l’autre ; les droits et l’emploi d’un côté, l’extrémisme de l’autre », a déclaré Salvini.

« Aujourd’hui à Florence, il y a des amis de l’Europe, des défenseurs de l’Europe. Aujourd’hui à Florence, quelques femmes et hommes vont vaincre le géant qui fut le premier ennemi de l’Europe : La réalité de la bureaucratie maçonnique […] Nous n’avons pas peur », a-t-il ajouté.

« Pour la première fois, un centre-droit uni et déterminé peut gagner et libérer Bruxelles de ceux qui occupent illégalement la région dans leurs intérêts », a-t-il déclaré.

Après le succès extraordinaire de la Ligue en 2019, le parti a progressivement perdu son soutien au parti de Meloni.

Plus d’un an après les élections législatives italiennes, le parti de Meloni a atteint 29 %, tandis que la Ligue de Salvini reste stable à 9,3 %. La ligue espère obtenir les voix de Forza Italia (7,4%), qui peine à maintenir sa présence après le décès de son fondateur et président Silvio Berlusconi.

Selon Europe Elects, partenaire d’Euractiv, les estimations actuelles pour les prochaines élections européennes de juin 2024 suggèrent que l’extrême droite réalisera des gains significatifs et devrait devenir la quatrième force la plus importante à la Chambre des représentants de l’UE.

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Pour former une majorité à la Chambre des représentants de l’UE, la coalition de partis a besoin de 352 députés. Selon les projections, le groupe d’extrême droite de l’UE, avec le PPE et les conservateurs et réformistes européens (ECR), pourrait rassembler 344 députés.

Mais avec quelques membres non engagés, comme les membres du parti anti-européen hongrois Fidesz, ils pourraient obtenir une faible majorité.

Cependant, cette perspective se heurte à des obstacles majeurs au sein du PPE, notamment dans sa faction libérale.

Dans un entretien accordé à Euractiv en septembre, le secrétaire général du PPE, Thanasis Bakolas, a exclu toute collaboration avec l’extrême droite et le ECR.

«Je pense que le PPE, les Socialistes, l’ALDE [liberals]et le Parti Vert est l’élément politique de l’UE qui garantit que l’Union européenne avance dans la bonne direction », a déclaré Bakolas.

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Selon les estimations d’Europe Elects, une coalition du PPE, des Socialistes, des Libéraux et des Verts pourrait produire une majorité sûre des 457 membres du Parlement européen, isolant ainsi les forces de droite.

Tuer la rhétorique anti-UE

Les partis de droite européens ont récemment modifié leur discours anti-UE et se concentrent désormais sur la nécessité de changer l’Europe de l’intérieur, en faisant de la migration leur moteur.

En effet, dans sa déclaration vidéo, la Française Marine Le Pen a décrit la migration comme un « carburant » pour la destruction des identités des personnes et a parlé de la Commission européenne « agissant contre notre société et nos libertés ».

De son côté, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a souligné la nécessité de « prendre le pouvoir de l’intérieur pour tout changer ».

« Nous ne sommes pas contre l’Europe, mais nous soutenons l’Europe. Le rêve européen a été violé par la classe politique verte et de gauche. Tous ces partis critiques à l’égard de l’UE doivent collaborer», a déclaré le Belge Gerolf Annemans, l’un des dirigeants du Vlaams Belang.

Le leader d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, qui peine à former un gouvernement après sa victoire aux élections législatives néerlandaises, n’a pas assisté à l’événement.

(Federica Pascale | Euractiv.it – Edité par Sarantis Michalopoulos | Euractiv.com)

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Charlotte Baudin

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