La gauche française divisée sur une résolution condamnant le « régime d’apartheid » d’Israël – EURACTIV.com

Le mouvement communiste pour une résolution condamnant « l’apartheid » palestinien d’Israël et appelant au boycott de l’économie du pays a été rejeté jeudi par l’Assemblée nationale française, ce qui a ravivé les divergences sur l’aile gauche de l’échiquier politique.

L’Assemblée nationale française a débattu d’une résolution présentée par le Parti communiste français (PCF) et une partie du parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) condamnant le « régime d’apartheid » qu’Israël a institué contre le peuple palestinien.

Le texte appelle également le gouvernement français à « agir pour mettre fin à l’occupation » et au « régime d’apartheid », à reconnaître un État palestinien et à rédiger un projet de légalisation pour boycotter les produits israéliens.

C’est surtout la « politique coloniale » de l’Etat d’Israël qui a motivé cette position, a expliqué le député PCF Jean-Paul Lecoq lors du débat.

Pour le groupe LFI, Ersilia Soudais a souligné l’importance de la résolution car « la lutte interne pour la démocratie israélienne ne peut aboutir sans mettre fin à l’apartheid et à l’occupation ».

« Nous n’avons pas à avoir peur des mots, les mots nous permettent de comprendre la réalité », a-t-il dit pour justifier l’utilisation du mot « apartheid ».

Sur le banc socialiste, la résolution a provoqué l’embarras puisque le député Jérôme Guedj a voté contre le texte.

S’exprimant au nom du parti et s’adressant à ses alliés de gauche, il a déclaré qu’« en utilisant l’idée d’apartheid […] Vous sapez les objectifs que vous prétendez pouvoir défendre » – tout en dénonçant la colonisation des territoires palestiniens et la « déviation illibérale » du gouvernement israélien.

Dans des termes similaires, un communiqué de presse du Parti socialiste a été publié la veille du vote « rejetant et condamnant l’utilisation du mot apartheid » ainsi que des appels à « la légalisation du boycott des produits israéliens », ce qui équivaudrait à une discrimination.

Le Parti socialiste s’est ainsi retrouvé isolé de ses alliés du PCF, de LFI et des quelques écologistes présents (8 sur 23) qui ont voté en faveur du texte. La majorité des présidents (Renaissance, Horizons et Modem), la droite (Les Républicains) et l’extrême droite (Rassemblement national) ont dénoncé la résolution de gauche et se sont opposées au texte.

En conséquence, le texte a été rejeté, avec 71 voix « pour » et 199 « contre ».

Attaques des centristes et de la droite

Bien que les résolutions ne soient pas juridiquement contraignantes, l’échange est animé. Malgré les doutes exprimés par la gauche socialiste, le débat a été l’occasion pour les opposants à la coalition de gauche (NUPES) de s’en prendre à une partie de la gauche.

La présidente du groupe Renaissance, Macron, Aurore Bergé, a accusé les signataires du texte « d’offenser le peuple israélien » et « d’offenser la mémoire des innombrables victimes de ce régime ». [the apartheid]», ajoutant que les Arabes israéliens « vivent pleinement en tant que citoyens de l’État d’Israël ».

Le chef de file de la majorité des députés a dénoncé le caractère « antisioniste » du texte, pointant « l’obsession » pour Israël de ses camarades de gauche et le manque d’initiative pour dénoncer la dégradation de la situation des droits de l’homme en Syrie, au Yémen, ou en Chine concernant la répression des Ouïghours.

La résolution refléterait une « vision binaire et outrancière » des relations entre Israël et la Palestine, selon Annie Genevard, députée des Républicains et secrétaire générale du parti d’extrême droite.

S’exprimant au nom du gouvernement, la secrétaire d’État à l’Europe, Laurence Boone, a déclaré que « l’abus des morts ne sert pas une cause de paix ».

Cependant, les points d’accord restaient entre la position officielle et constante de la France – rappelée par Laurence Boone –, les résolutions communistes et les communiqués du PS, qui appelaient tous à un processus de paix fondé sur l’établissement de deux États souverains, Israël et la Palestine.

(Davide Basso | EURACTIV.fr)

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Charlotte Baudin

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