Les lois du travail ne sont pas au cœur de la campagne présidentielle française, ce qui est assez inhabituel. Les dernières grandes réformes, initiées sous la présidence de François Hollande puis prolongées par l’ordonnance « Marcon » du 22 septembre 2017, semblent avoir permis de mettre un terme à l’inflation législative dans ce domaine. Les changements dans l’organisation du dialogue social, la négociation collective et la prévisibilité des relations de travail ont profondément réformé le droit du travail. Il n’y a plus d’espace politique ou social pour de nouvelles réformes.
Malgré l’incertitude résultant de la guerre en Ukraine, les candidats tablent sur la poursuite de la croissance économique après la fin du confinement et, peut-être en réponse au mouvement social (gilet jaune), proposent de renforcer les dispositifs d’intéressement. .
Emmanuel Macron et Valérie Pécresse ont proposé de porter l’âge officiel de la retraite à 65 ans. La conséquence principale – et le but – de cette action est d’augmenter significativement la population active. Pour le Président sortant, cette proposition s’inscrit dans une certaine continuité par rapport à ses initiatives en matière de poursuite du développement économique, et d’accompagnement des entreprises vers la croissance. Les réformes systémiques initiées durant cette période de mandat ont été stoppées en raison de la crise sanitaire. S’il n’est pas encore temps d’évaluer en chiffres les conséquences d’une telle action, les caisses de retraite s’inquiètent début 2021 d’un report de l’âge de la retraite compte tenu de l’augmentation prévisible des sinistres (au regard des risques liés aux maladies professionnelles et aux accidents du travail). Une telle augmentation affectera les employeurs (des versements supplémentaires doivent être effectués au système de sécurité sociale en cas de maladie professionnelle/accidents du travail et protection contre le licenciement pour les salariés). De plus, les employeurs doivent redéfinir leurs pratiques RH, en créant des conditions favorables au maintien dans l’emploi des salariés âgés. A noter que les employeurs doivent négocier annuellement sur la « qualité de vie au travail » avec les syndicats. Une augmentation de l’âge de la retraite entraînera également inévitablement une augmentation des plaintes pour discrimination fondée sur l’âge, en matière de licenciements, d’augmentations de salaire, etc.
Enfin, en lien avec le programme Valérie Pécresse, il a proposé de permettre aux travailleurs de combiner librement travail et retraite, sans restriction.
Malgré les grands épisodes pandémiques qui ont vu les entreprises recourir massivement au télétravail, les mesures d’assouplissement proposées par les meilleurs candidats ne répondent pas aux nouveaux modes d’organisation du travail. En revanche, tant le Président sortant que la candidate Valérie Pécresse proposent de libéraliser la monétisation du temps de travail. Le candidat Les Républicains (parti libéral) propose d’ouvrir « possibilité de convertir les RTT en salaire, sans prélèvements et sans limites », alors qu’Emmanuel Macron proposait le dispositif « compte épargne temps universel ».
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Égalité entre les femmes et les hommes
Ce sujet est la « cause principale » d’Emmanuel Macron ces cinq dernières années, ce qui explique qu’il ne se répète pas.
La candidate socialiste, Anne Hidalgo, a proposé d’établir en règle « participation des salariés au comité de rémunération ». Le programme présenté ne précise pas un éventuel mécanisme de représentation des salariés dans l’instance décisionnelle de l’entreprise en matière de rémunération. Cependant, la volonté de lutter contre le grand écart salarial a conduit les candidats socialistes à proposer la mise en place d’un système de bonus/malus directement lié à la contribution de l’entrepreneur par rapport au partage de la valeur ajoutée.
Favoriser le développement de mécanismes de partage de la valeur ajoutée s’impose également comme une action susceptible d’avoir un fort impact sur l’entreprise. Emmanuel Macron propose d’imposer, pour les entreprises qui versent des dividendes, des dispositifs de participation ou d’intéressement ou des versements exceptionnels de pouvoir d’achat. Si la participation est obligatoire pour les entreprises d’au moins 50 salariés, l’intéressement et les versements dits de primes « Macron » sont un mécanisme facultatif. En ce qui concerne la prime extraordinaire au pouvoir d’achat, les conditions ont d’abord été assouplies. Désormais, le président sortant propose de doubler le nombre.
Au cœur de la campagne présidentielle, le pouvoir d’achat a été érigé en préoccupation majeure de la France par les candidats à la présidence. Cette inquiétude est corrélée à l’augmentation proposée des salaires. En effet, Anne Hidalgo proposait une augmentation de 15 %, tandis que Valérie Pécresse proposait une augmentation de salaire net de 10 % en 5 ans pour tous les salariés gagnant moins de 2 800 € nets par mois.
© 2022 Proskauer Rose LLP. Revue de droit national, Volume XII, Numéro 84
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