Pratique de la spirométrie par les médecins généralistes français entre 2010 et 2018 chez les adultes âgés de 40 à 75 ans

Cette étude est la première à déterminer dans quelle mesure la spirométrie est pratiquée par les médecins généralistes français en pratique libérale. Nos résultats montrent une augmentation progressive du nombre de spirométries réalisées sur des patients âgés de 40 à 75 ans, entre 2010 et 2018 par des « médecins non experts » : des médecins généralistes intéressés par les stratégies de santé publique pour augmenter le nombre de spirométries réalisées dans les cliniques privées. . pratique. En effet, entre 2010 et 2018, le nombre de spirométries réalisées par les médecins généralistes et le nombre de médecins pratiquant la spirométrie ont augmenté de manière significative. Ainsi, au fil du temps, de plus en plus de patients ont accès à la spirométrie en médecine générale française.

Entre 2010 et 2018, la proportion de spirométries réalisées par médecin généraliste a diminué (à 6,8 spirométries par médecin généraliste en 2018), tandis que le nombre de médecins pratiquant des spirométries a augmenté (+147 %), tout comme le nombre de spirométries réalisées chaque année (+ 106 %). ). Ainsi, globalement, de plus en plus de patients bénéficient de la spirométrie généraliste : de 5 145 en 2010 à 10 976 en 2018. La diminution de la proportion de spirométrie réalisée par généraliste peut s’expliquer par « l’effet dépistage ». Il est vrai que les médecins ne dépistent pas tous les ans chez tous leurs patients, âgés de 40 à 75 ans, présentant des facteurs de risque de BPCO. Cependant, une spirométrie annuelle peut être réalisée par un médecin pour suivre l’évolution de maladies respiratoires, par exemple la BPCO et l’asthme, surtout si la pathologie est peu compliquée et peu grave. Le fait que le nombre moyen de spirométries réalisées par patient dépasse 1 indique que les médecins effectuent non seulement la spirométrie pour le dépistage et le diagnostic, mais également pour le suivi de la maladie. Il convient toutefois de noter que certains patients effectuent un nombre excessif de spirométries par an. Par exemple, le nombre maximum de spirométries réalisées par un patient en 2010 était de 14. Bien que faible, ce chiffre peut être dû à des erreurs de codage commises par les médecins lors du remplissage du questionnaire. Base de données SNDS.

Plus il y a de médecins qui pratiquent la spirométrie, meilleure est la qualité de la spirométrie. Tollånes et al.17 ont rapporté que plus les médecins norvégiens pratiquaient la spirométrie, mieux ils interprétaient les résultats de la spirométrie. Dans notre étude, un nombre croissant de « médecins non experts » pratiquaient la spirométrie, mais le volume annuel était faible (6,8 spirométries par médecin généraliste en 2018) : la qualité de la spirométrie réalisée peut donc être discutable. Cependant, une étude récente a évalué la spirométrie réalisée par des médecins généralistes en France pour la détection de la BPCO et a rapporté une valeur prédictive positive de 93 % pour la spirométrie réalisée par des médecins par rapport à la spirométrie de référence pour la confirmation du diagnostic.18. Le faible volume de spirométrie réalisée par les médecins, que nous rapportons, implique que les médecins doivent avoir des activités professionnelles appropriées à la réalisation de la spirométrie.19. En effet, pour réaliser une spirométrie une consultation particulière est nécessaire. Cela peut être difficile à réaliser, surtout compte tenu des tensions croissantes, notamment dans les zones rurales, dues à la désertification médicale. Dans ce contexte, il est compréhensible que certains médecins soient réticents à se former à la spirométrie et à intégrer cette procédure dans leur pratique, malgré le besoin de santé publique.

Même si le nombre de spirométries réalisées par des médecins généralistes, chez des patients âgés de 40 à 75 ans, a augmenté de 147 % entre 2010 et 2018, seuls 2,8 % des « médecins généralistes non experts » en France ont pratiqué une spirométrie en 2018. Un nombre insuffisant. compte tenu des besoins existants. à la fois pour la détection précoce de la BPCO et le suivi des BPCO et de l’asthme moins sévères, par rapport à la prévalence de ces maladies. De plus, lorsqu’elle était prescrite, une plus grande proportion de patients subissaient une spirométrie lorsque la spirométrie était réalisée par un médecin généraliste plutôt que par un pneumologue. En effet, une étude française évaluant la pratique professionnelle a montré que 89 % des patients éligibles (N= 184) ont accepté de faire réaliser une spirométrie par leur médecin pour une détection précoce de la BPCO, et 66 % ont eu cette consultation particulière. Parmi eux, 82 % étaient satisfaits que leur médecin leur ait prescrit et réalisé une spirométrie.20. Dans l’ensemble, l’étude qualitative, menée sur des patients après des tests de spirométrie de routine pour confirmer un diagnostic de BPCO par leur médecin, a montré que les patients étaient satisfaits de la spirométrie dans les soins de santé primaires.21. Chez les patients ayant reçu une spirométrie, moins de patients ont eu une spirométrie lorsque le délai d’obtention d’un rendez-vous était long : les délais étaient souvent plus courts chez les médecins généralistes que chez les pneumologues. Il est vrai que les médecins généralistes sont géographiquement plus accessibles et plus disponibles que les pneumologues22.

L’examen de l’étude a également mis en évidence 277 177 médecins généralistes, experts en spirométrie, qui ont réalisé plus de 60 spirométries par an : entre 1 et 2 spirométries par semaine. Actuellement, avec la réorganisation des soins de santé primaires en France pour développer des groupes multidisciplinaires, il serait peut-être plus approprié d’encourager les médecins experts à faire plus de spirométrie, plutôt que d’inciter davantage de médecins à faire moins de spirométrie. Nous avons observé dans notre étude qu’environ 25 % des patients ayant subi une spirométrie effectuée par des médecins étaient référés par d’autres prestataires de soins primaires. Ainsi, en France, les médecins généralistes qui ne possèdent pas de compétences en spirométrie orientent les patients vers des médecins généralistes qui en possèdent. Ces références permettent aux médecins qualifiés d’effectuer davantage de spirométrie et d’améliorer l’interprétation des résultats, tout en rendant la spirométrie plus accessible aux patients.

Il s’agit de la première étude permettant d’accéder à la mesure dans laquelle les médecins pratiquent la spirométrie en France, entre 2010 et 2018, à partir des données du SNDS. Les patients inclus dans notre étude étaient similaires à ceux inscrits dans les études accédant à la détection précoce de la BPCO en soins primaires.14,23,24. La base de données Score Santé a été utilisée pour obtenir le nombre annuel de médecins exerçant en France. Cette base de données concerne uniquement les médecins généralistes exerçant en libéral. Cependant, ces dernières années, on a assisté à une prolifération de centres de soins de santé primaires employant des médecins généralistes. Ainsi, l’utilisation des données de la base de données Score Santé pourrait surestimer la proportion de médecins pratiquant la spirométrie. Pendant la période d’étude (2010-2018), et actuellement, la majorité des médecins généralistes exercent en pratique privée. En revanche, le nombre de spirométries réalisées en 2017 et 2018 pourrait être légèrement sous-estimé. Au cours de ces années, les médecins généralistes réalisant des spirométries pour des patients référés pouvaient coder la spirométrie comme « consultation en suspens », plutôt que GLQP012, sans avoir besoin de préciser qu’il s’agissait d’une spirométrie. Ces spirométries ne seront pas extraites du SNDS pour notre étude. Dans le SNDS, le code GLQP012 ne précise pas si la spirométrie a été réalisée pour détecter ou surveiller une pathologie respiratoire ; il ne montre pas non plus la pathologie d’intérêt (MPOC, asthme ou autres troubles respiratoires). Néanmoins, compte tenu de l’âge de notre population (40 à 75 ans) et de la prévalence accrue de la BPCO par rapport à l’asthme, dans cette tranche d’âge, nous supposons que la majorité des spirométries réalisées sont destinées à la détection ou au suivi de la BPCO. Enfin, il est difficile de comparer nos données avec celles d’autres pays en raison de grandes différences dans la structure et l’organisation de la santé et des soins primaires.

Notre étude montre qu’en France, chez les patients âgés de 40 à 75 ans, le nombre annuel de spirométries a augmenté entre 2010 et 2018, tout comme le nombre de médecins généralistes non spécialistes pratiquant la spirométrie. De plus, entre 2010 et 2018, le nombre de patients subissant une spirométrie a augmenté. Actuellement, la BPCO est largement sous-diagnostiquée. Le diagnostic précoce de la BPCO, en particulier dans les soins de santé primaires, est essentiel. Même si nos recherches montrent que de plus en plus de médecins généralistes français pratiquent la spirométrie, il est important que les médecins soient encouragés à développer des compétences en pratique de la spirométrie pour détecter les troubles respiratoires, notamment la BPCO, et pour suivre les maladies respiratoires.

Rochelle Samuel

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