Le nouveau jeu vidéo du Hezbollah permet aux joueurs d’éliminer les combattants de l’Etat islamique en Syrie

Alors qu’il parcourt les rues méchantes de Syrie avec son fusil, il tue ses ennemis : Ahmed est le héros d’un jeu vidéo et d’un outil de recrutement high-tech, lancé mercredi par le Hezbollah.

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Le groupe armé chiite libanais a tenu mercredi une cérémonie et une conférence de presse à Beyrouth pour dévoiler la dernière production de son département des médias électroniques, intitulée « Défense sainte – Protéger la patrie et les lieux saints ».

« Cela reflète l’expérience du Hezbollah en Syrie », a déclaré à l’AFP Hassan Allam, l’un des développeurs du jeu.

Le jeu de tir à la première personne est un spin-off à petit budget du best-seller « Call of Duty » qui glorifie les batailles du groupe dans le conflit syrien en cours.

La scène d’introduction du scénario montre Ahmed en civil visitant le sanctuaire Sayyida Zeinab, dans la banlieue sud de la capitale syrienne, Damas. La protection du sanctuaire, l’un des lieux les plus saints de l’islam chiite, est devenue un cri de ralliement pour que les jeunes chiites du monde entier, notamment d’Afghanistan, se joignent au combat en Syrie.

Le mausolée a été attaqué et Ahmed est réapparu vêtu d’un uniforme militaire dans une pièce dont les murs portaient des affiches du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah.

Le jeu permet une série de batailles différentes, notamment contre le groupe État islamique (ISIS), dans différents endroits, notamment à la frontière entre la Syrie et le Liban.

Le Hezbollah, soutenu par l’Iran et qui fait partie du gouvernement libanais, combat aux côtés du président syrien Bachar al-Assad en Syrie contre le groupe sunnite radical ISIS.

« Les joueurs vont souffrir »

L’idée d’organiser ce jeu, selon Allam, est née en 2013, alors que l’emprise du régime d’Assad sur Damas était encore faible et que ses jours au pouvoir étaient comptés, mais aujourd’hui son pouvoir est à nouveau significatif.

« Cette idée est née d’événements réels sur le terrain, à la fois en Syrie, à la frontière syro-libanaise, et au Liban même », a expliqué Allam.

Le jeu, qui sera vendu 4 euros dans les magasins de jeux, devrait être particulièrement populaire dans les zones à majorité chiite, comme la banlieue sud de Beyrouth, où l’aura des milices est énorme.

Allam a déclaré que l’objectif était de faire comprendre aux joueurs « ce qui s’est réellement passé et ce qu’ont fait les guerriers qui se sont sacrifiés ».

Le Hezbollah a perdu des centaines de combattants, dont des commandants supérieurs, depuis qu’il a déployé une partie de ses forces en Syrie.

« Pour terminer un niveau et passer au suivant, le joueur va souffrir… Il verra à quel point c’est difficile pour les résistants », a déclaré Allam.

Les batailles que les joueurs doivent gagner pour terminer le jeu incluent la bataille de Qusayr contre les groupes rebelles en 2013, la première victoire militaire majeure du Hezbollah en Syrie.

La « Sainte Défense » s’est terminée par la bataille de Ras Baalbek, dans la région montagneuse de la frontière syrienne avec le Liban, où les forces du Hezbollah et l’armée libanaise se sont battues sur deux fronts distincts, conduisant à la défaite des djihadistes à l’été 2017.

Dans une salle de jeux du sud de Beyrouth, l’une des premières personnes à en avoir reçu un exemplaire, Hussein Mhanna, 25 ans, testait le nouveau produit du Hezbollah.

« Je ne sais pas d’où vient le tir », a déclaré le jeune homme passionné de jeux vidéo mais bloqué au niveau 2. « J’adore ça, je veux tirer sur tout le monde. »

(FRANCE 24 avec AFP)

Éloise Leandres

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