Les soldats du Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, ont annoncé un coup d’État à la télévision nationale.

Ils affirment avoir aboli la constitution, fermé toutes les institutions et fermé les frontières du pays.

Le président nigérien Mohamed Bazoum est détenu par la garde présidentielle depuis mercredi matin.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken lui a promis par téléphone le « soutien inébranlable » de Washington.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a également déclaré qu’il s’était entretenu avec le président et avait offert le plein soutien de l’ONU au pays riche en uranium.

Bazoum est un allié important de l’Occident dans la lutte contre le militantisme islamique en Afrique de l’Ouest.

Deux pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, ont subi des coups d’État déclenchés par des insurrections jihadistes ces dernières années.

Dans les deux pays, les nouveaux dirigeants militaires sont en désaccord avec la France, une ancienne puissance coloniale, qui dirigeait également autrefois le Niger – un vaste pays aride au bord du désert du Sahara et l’un des pays les plus pauvres du monde.

On ne sait pas exactement où se trouve Bazoum, mais dans un communiqué publié jeudi sur Twitter, il a déclaré que « les acquis durement gagnés seront préservés » et que le peuple nigérien épris de démocratie y veillera.

Le ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou s’est déclaré chef de l’Etat et a appelé tous les membres du Parti démocrate à « faire de cette aventure un échec ».

Dans une annonce télévisée mercredi, le colonel-major Amadou Abdramane, accompagné de neuf autres militaires en uniforme, a déclaré : « Nous, forces de défense et de sécurité… avons décidé de mettre fin au régime.

« Cela s’est produit suite à la détérioration de la situation sécuritaire et à une mauvaise gouvernance économique et sociale. »

Il a également déclaré que toutes les institutions de l’État avaient été suspendues et que les chefs ministériels s’occuperaient des affaires quotidiennes.

« Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas intervenir », a-t-il poursuivi. « Les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à ce que la situation se stabilise ».

Il a ajouté qu’un couvre-feu s’appliquerait de 22 heures à 5 heures du matin, heure locale, jusqu’à nouvel ordre.

Le Colonel Major Abdramane a indiqué que ces militaires agissaient pour le compte du Conseil National pour la Protection de la Patrie (CNSP).

Ce coup d’État était une mauvaise nouvelle supplémentaire pour les efforts français et occidentaux visant à restaurer la stabilité dans la partie de l’Afrique de l’Ouest connue sous le nom de Sahel. Lorsque le Mali voisin a choisi de s’associer au groupe russe Wagner à la place de la France, Paris a transféré son centre d’opérations dans la région au Niger.

Ce coup d’État, bien que de courte durée, a montré que même le Niger ne peut pas nécessairement être considéré comme une base permanente de sécurité. L’influence occidentale dans cette région diminue comme une eau stagnante pendant la saison sèche.

Les gouvernements du Burkina Faso, de la République centrafricaine (RCA) et du Mali ont décidé qu’ils préféreraient travailler avec les mercenaires brutaux de Wagner en Russie plutôt qu’avec n’importe quelle force occidentale. Les principaux intérêts de Wagner en Afrique semblent avoir été davantage de s’enrichir et d’étendre l’influence du Kremlin que de poursuivre les objectifs occidentaux de favoriser une meilleure gouvernance.

Pour les deux principaux groupes insurgés de la région, liés à l’EI et à Al-Qaïda, c’est une bonne nouvelle. Ils prospèrent dans un contexte d’instabilité, de mauvaise gouvernance et de haine du public à l’égard du gouvernement. Un coup d’État au Niger risque donc d’entraver davantage les efforts visant à le contenir.

Après l’annonce des militaires à la télévision, Blinken a demandé la libération du président Bazoum.

Il a déclaré lors d’une conférence de presse en Nouvelle-Zélande qu’il s’agissait « d’une tentative claire de prendre le pouvoir par la force et de saper la constitution ».

Au Mali voisin, des mercenaires russes lourdement armés de Wagner assistent le régime militaire contre les insurgés jihadistes. Les troubles au Niger surviennent au milieu des inquiétudes occidentales concernant les opérations de Wagner et l’instabilité de la région du Sahel.

Le bloc économique de l’Afrique de l’Ouest, la Cedeao, a déclaré qu’il « condamne fermement les tentatives de prise du pouvoir par la force » au Niger.

Au nom de la Cedeao, le président béninois Patrice Talon est arrivé à Niamey, la capitale, pour une mission de médiation.

Talon a déclaré que « tous les moyens » seraient utilisés, si nécessaire, pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, « mais l’idéal est que tout se fasse dans la paix et l’harmonie ».

Plus tôt mercredi, des foules sont descendues dans la rue à Niamey pour soutenir Bazoum. Un journaliste de la BBC a également vu des troupes lourdement armées et fidèles au président stationnées autour de la chaîne nationale.

La ville est en grande partie paisible, même si les soldats à l’origine du coup d’État ont ouvert le feu pour disperser les manifestations.

Le Niger est aux prises avec deux insurrections islamistes – une dans le sud-ouest, qui a balayé le Mali en 2015, et une autre dans le sud-est, impliquant un groupe djihadiste basé dans le nord-est du Nigeria.

Le président Bazoum, démocratiquement élu en 2021, est un proche allié de la France et d’autres pays occidentaux.

Le Niger a connu quatre coups d’État depuis son indépendance de la France en 1960, ainsi que plusieurs tentatives de coup d’État.