Des inspecteurs français ont trouvé des traces de pesticides interdits dans l’eau potable

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a lancé en 2019 un régime de tests pour identifier environ 200 composés chimiques complexes dérivés de pesticide ou des explosifs qui ne sont normalement pas recherchés lors de leurs contrôles de routine.

L’agence a déclaré « un cas remarquable »: des traces laissées par un fongicide connu sous le nom de chlorothalonil, largement vendu par le groupe chimique suisse Syngenta en Europe des années 1970 jusqu’à son interdiction par l’UE en 2020.

La substance chimique produite lors de la dégradation du fongicide, connue sous le nom de métabolite R417888, a été retrouvée dans « plus d’un des deux échantillons. De plus, elle a été retrouvée en quantités supérieures à celles autorisées dans plus d’un échantillon sur trois », précise l’Anses.

Les résultats sont susceptibles de soulever des questions sur la présence indétectable d’autres produits chimiques dans l’eau potable et de poser des défis opérationnels et financiers potentiellement majeurs aux compagnies des eaux.

Les autorités françaises ont été alertées de la possible présence de métabolites du chlorothalonil par des études menées en Suisse.

En février, l’Anses a ordonné l’arrêt d’une partie de l’utilisation de l’un des désherbants les plus utilisés en France, le S-métolachlore, également produit par Syngenta, après avoir constaté des niveaux excessifs dans les nappes phréatiques.

Protection contre les moisissures

Le chlorothalonil, vendu sous le nom de marque Bravo par Syngenta, est un produit le plus vendu pour prévenir la moisissure et le mildiou dans des cultures telles que l’orge et le blé, ainsi que les pommes de terre, les pois et les pois chiches.

Il est interdit dans l’Union européenne après qu’un examen de l’Autorité européenne de sécurité des aliments a conclu qu’il est potentiellement cancérigène au milieu des préoccupations concernant la contamination des eaux souterraines.

L’Anses a déclaré dans un rapport l’année dernière que des études en laboratoire sur le chlorothalonil l’avaient lié à des tumeurs rénales chez le rat et la souris, tandis que d’autres études suggéraient qu’il jouait un rôle dans le déclin majeur des populations d’abeilles.

Syngenta, qui a été rachetée par ChemChina pour 43 milliards de dollars en 2017, a fait pression pour l’interdiction de ses produits, citant d’autres études contestant tout effet cancérigène.

La multinationale poursuit l’Office fédéral suisse de la sécurité alimentaire et vétérinaire (OSAV) après avoir averti que le chlorothalonil est un cancérogène possible.

Il a déclaré sur son site Web suisse que les rapports de pollution de l’eau avaient « inutilement sapé la confiance des citoyens dans notre eau potable ».

Il cherche également à souligner à quel point le niveau officiel de chlorothalonil en Suisse – et dans l’Union européenne – est très bas à 0,1 microgramme par litre d’eau, ce qui équivaut à la concentration de « dissolution d’un grain de sucre dans 200 000 bacs d’eau ».

Des groupes d’agriculteurs ont critiqué l’Union européenne au moment de l’interdiction, la qualifiant de trop prudente.

L’Anses a déclaré que ses tests impliquaient de prélever 136 000 échantillons à travers la France à partir d’eaux souterraines ou de sources d’eau traitées, mais a déclaré qu’ils ne représentaient qu’environ 20% de toute l’eau distribuée dans le pays.

L’AFP a contacté jeudi la principale fédération française de l’eau, ainsi que les ministères de l’environnement et de l’agriculture.

(AFP)

Rochelle Samuel

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