Côté drôle : La comédie est une affaire sérieuse au Canada francophone

Par : Anne-Sophie Thill
il y a 21 heures

Des invités et des comédiens assistent à la « Comedy Central ‘Roast Battle’ Launch Party » le 28 juillet 2016 à Montréal, Canada. Abritant de prestigieuses écoles de comédie, le plus grand festival annuel du rire au monde et des boîtes de nuit qui se pressent pour des dizaines d’événements hebdomadaires, la comédie est une affaire sérieuse à Montréal. RAFFI KIRDI / Getty Images via AFP

MONTRÉAL, Canada—Abritant de prestigieuses écoles de comédie, le plus grand festival annuel du rire au monde et des boîtes de nuit qui se pressent pour des dizaines d’événements hebdomadaires de stand-up, la comédie est une affaire sérieuse à Montréal.

Des centaines d’humoristes exercent régulièrement leur métier dans la métropole canadienne francophone après que le nombre de scènes locales proposant de mettre en valeur leur talent ait explosé ces dernières années.

Comédie d’improvisation, d’actualité, d’observation ou plate en français et en anglais, des pionniers comme Tom Green – un animateur populaire de MTV dans les années 1990 – aux novices essayant de trouver ce qui fonctionne sur scène, tous les styles de stand-up imaginables.

Des auditoires reconnaissants remplissent de rires l’air animé de la nuit québécoise, dans une province où les spectacles d’humour sont la principale attraction de divertissement.

«La comédie au Québec, on la prend au sérieux», a déclaré l’humoriste Simon Delisle.

Au populaire Bordel Comedy Club de Montréal, Charles Deschamps – microphone à la main et un mur de briques serein en toile de fond – se déverse dans une salle bondée avec blague après blague, provoquant des rires et des rires du public.

Ouvert en 2015, ce cabaret comique propose plusieurs spectacles en une seule nuit et se vend généralement avant même que la programmation ne soit terminée, explique Deschamps, qui est également copropriétaire du club.

Poursuivant son succès, le cabaret a doublé sa capacité en ouvrant une deuxième phase l’an dernier et en élargissant ses réservations.

« C’est une façon de se détendre », explique Manuel St-Aubin, 27 ans, qui sourit souvent au club.

À Bordel, « les rires étaient forts, la foule a beaucoup applaudi », dit Certe Mathurin, comparant l’éclat des Canadiens à la foule parisienne plus sourde.

L’humoriste français envisage de se lancer dans sa quatrième tournée d’humour au Québec, appelant la province canadienne – qui accueille Juste pour rire, le plus grand festival international d’humour au monde, depuis des décennies – « la Mecque de l’humour ».

« C’est un pèlerinage pour les humoristes : qu’on soit français, suisse, belge… il faut aller au Québec parce qu’ils sont à la pointe de l’humour francophone », a ajouté le jeune homme de 37 ans.

Qu’est-ce qui est si drôle

Avant de monter sur scène, plusieurs se forment à l’École nationale de l’humour de Montréal.

Fondée en 1988, l’école diplôme environ 30 comédiens chaque année, dont le hit Roman Frayssinet en France, que l’étudiant Félix Wagner, 27 ans, espère imiter.

Dans une salle de classe aux rideaux tirés, un des camarades de classe de Wagner répète un numéro de comédie. Son professeur, Stephan Allard, lui a dit qu’il fallait « travailler la matière pour qu’elle coule mieux ».

Il y a aussi des leçons de créativité, d’improvisation et de gestion de carrière, et chaque semaine, les étudiants sont invités à présenter à la classe une nouvelle routine debout de cinq minutes.

Allard dit qu’ils aident les étudiants à trouver leur sens de l’humour – qu’ils creusent dans leur propre vie pour trouver l’inspiration ou qu’ils trouvent leur matériel dans les nouvelles ou la culture pop – et à se concentrer sur les parties « les plus drôles sur scène ».

Le programme les aide également à renforcer leur écriture et à développer un style « signature » pour se différencier des autres, a-t-il ajouté.

« Aller à l’école m’a permis de me produire dans des clubs de comédie à Paris, même s’ils ne me connaissaient pas, dans des endroits où il est généralement difficile de décrocher un concert », comme les clubs de comédie Paname ou le Fridge, explique Virginie Courtiol, une étudiant de première année qui utilise un pseudonyme « Beurguy » sur scène.

L’humoriste français de 34 ans s’exprime sur des sujets tels que les menstruations et l’avortement.

Dans le passé, un tel humour sur le corps des femmes était considéré comme tabou, mais comme le dit Deschamps, « il y a toujours une évolution ». /ra

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Lancelot Bonnay

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