Cette semaine, le supermarché français Carrefour a apposé des autocollants sur ses rayons pour avertir les acheteurs du « rétrécissement », c’est-à-dire que le contenu des emballages diminue alors que les prix ne diminuent pas.

Le thé glacé Lipton, le chocolat Lindt et la glace Viennetta figuraient parmi les produits cités et humiliés.

Les acheteurs sont informés si la bouteille est plus petite ou si le contenu de l’emballage est plus léger.

Carrefour a déclaré vouloir faire pression sur les entreprises produisant ces produits pour qu’elles maintiennent des prix bas.

« Evidemment, le but de la stigmatisation de ces produits est d’inciter les industriels à repenser leur politique de prix », estime Stefen Bompais, directeur de la communication clients de Carrefour.

Carrefour a identifié 26 produits en baisse, sans aucune baisse de prix, fabriqués par des géants de l’alimentation dont Nestlé, PepsiCo et Unilever.

Carrefour a déclaré que le lait maternisé Guigoz de Nestlé était passé d’un emballage de 900 g à 830 g, par exemple.

Une bouteille de Lipton Ice Tea sans sucre, aromatisée à la pêche, produite par PepsiCo, est passée de 1,5 litre à 1,25 litre, a indiqué le supermarché.

La Viennetta, fabriquée par Unilever, passe de 350 g à 320 g.

Carrefour, la deuxième épicerie de France, a mis en avant les produits avec des pancartes sur les rayons indiquant : « Ce produit a diminué en volume/poids et le prix effectif facturé par le fournisseur a augmenté. »

Unilever, Pepsico et Nestlé n’ont pas commenté la décision de Carrefour.

Les détaillants et les producteurs de produits alimentaires en France sont sous pression pour baisser les prix, tout comme au Royaume-Uni, alors que les consommateurs sont confrontés à de fortes hausses de prix.

En juin, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a convoqué 75 détaillants et groupes de consommateurs pour se réunir sur les prix et a accusé les fabricants de ne pas prêter attention à l’inflation.

Mais il est peu probable que les supermarchés britanniques suivent l’exemple de Carrefour, selon l’expert du commerce de détail Ged Futter, car cette stratégie risque d’« empoisonner » les relations entre les détaillants et les entreprises alimentaires.

« C’est une manière très brutale d’essayer de rivaliser », a-t-il déclaré. « Faire ça avec vos fabricants, ça ne va pas aider. »

Les supermarchés utilisent les mêmes tactiques de « rétrécissement » avec leurs produits de marque propre, ajoute-t-il, dans le but de maintenir un certain niveau de prix, par exemple 1 £, en introduisant des ingrédients moins chers ou en réduisant les portions pour gérer la hausse des coûts.

Dans cette optique, dénoncer les marques qui font de même équivaut à « des gens dans des maisons de verre jetant des pierres », dit-il, et risque d’être accusé d’hypocrisie.

Un porte-parole de Lindt & Sprüngli, une autre marque identifiée par Carrefour comme réduisant ses produits, a déclaré que les prix avaient augmenté en moyenne d’environ 9,3% en raison de l’augmentation du coût des matières premières.

Cependant, les informations concernant les tailles des produits sont toujours expliquées, a déclaré le porte-parole.

« Nous nous conformons toujours aux lois et réglementations en matière d’étiquetage qui exigent des informations objectives sur la quantité de produit contenue dans un emballage, y compris une déclaration du poids net, de la taille des portions et une déclaration des portions par contenant.

« Les consommateurs peuvent utiliser ces informations pour prendre des décisions d’achat précises et éclairées concernant la quantité de produits qu’ils achètent. »