Un problème de santé publique lié au virus de l’influenza aviaire A(H5N1) hautement pathogène découvert chez le chat en France

Une étude publiée dans la revue CDC Maladies infectieuses émergentes décrit l’identification d’un virus influenza aviaire A hautement pathogène chez des chats domestiques vivant à proximité d’élevages de canards infectés par un virus apparenté en France en décembre 2022.

Études: Virus hautement pathogène de la grippe aviaire A(H5N1) Clade 2.3.4.4b chez les chats domestiques, France, 2022. Crédit d’image : Ro_ksy/Shutterstock.com

Arrière-plan

Un cas d’infection par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène A (H5N1) clade 2.3.4.4b chez un chat domestique a été confirmé par le Laboratoire national de référence de l’influenza aviaire de l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail en France le 27 décembre 2022.

Le chat vivait à côté d’un élevage de canards, où une infection similaire a été détectée chez plus de 8 000 canards en décembre 2022. Le chat a d’abord connu une détérioration générale de sa santé, notamment une légère apathie et une hyperthermie, suivies de symptômes neurologiques et respiratoires graves.

Le chat a été soumis à une euthanasie compassionnelle le 24 décembre 2022. Des tests en laboratoire des échantillons respiratoires et anaux du chat ont confirmé une infection par le virus hautement pathogène de la grippe aviaire A(H5N1) clade 2.3.4.4b.

Observation de l’étude

Les scientifiques ont comparé la souche complète isolée de chats avec d’autres souches apparentées circulant en France durant la même période, dont une isolée d’élevages de canards.

L’analyse phylogénétique a montré que les virus isolés chez les chats appartenaient au même génotype que les virus isolés chez les canards. Ce génotype de virus est dominant en circulation en France et en Europe depuis septembre 2022.

Le virus isolé du chat ne différait du virus isolé du canard que par deux mutations, dont une mutation E627K de la protéine basique polymérase 2 et une mutation E26G de la protéine non structurale 2.

La mutation E627K est responsable de l’adaptation des virus de la grippe aux hôtes mammifères. La mutation E26G, en revanche, pourrait jouer un rôle dans l’adaptation du virus aux changements de température.

Parmi les 90 séquences hautement pathogènes du virus de la grippe aviaire A (H5N1) clade 2.3.4.4b détectées chez les mammifères, 20 d’entre elles présentaient la mutation E627K, indiquant une sélection rapide de cette mutation chez les hôtes mammifères.

Une forte augmentation des cas d’infection par l’influenza aviaire hautement pathogène A (H5N1) clade 2.3.4.4b chez les mammifères a été observée depuis l’hiver 2021-22.

Une prévalence plus élevée d’infection par le virus hautement pathogène de la grippe aviaire H5 chez les oiseaux sauvages et domestiques et des interactions accrues entre les oiseaux infectés et les mammifères peuvent être responsables de cette augmentation.

Une autre raison pourrait être une surveillance accrue de la grippe aviaire chez les animaux sauvages, conduisant à une plus grande détection de l’infection chez les mammifères. De plus, la plus grande capacité des virus actuellement en circulation à infecter des hôtes mammifères peut être responsable de l’augmentation des cas chez les mammifères.

Chez les mammifères, l’infection par le virus hautement pathogène de la grippe aviaire A (H5N1) est généralement associée à un tableau clinique (symptômes neurologiques) ou à la mort.

Bien que la transmission inter-mammifère de ce virus soit rare, des infections massives dans des colonies de phoques aux États-Unis et des élevages de visons en Espagne en 2022 ont été signalées. Cependant, dans l’étude actuelle, aucune transmission inter-mammifère du virus n’a été détectée.

Étude d’importance

Cette étude décrit des cas d’infection par l’influenza aviaire hautement pathogène A (H5N1) clade 2.3.4.4b chez les chats domestiques en décembre 2022. Des infections sporadiques par l’influenza aviaire hautement pathogène A (H5N1) clade 1 et 2.2 ont été détectées chez les chats depuis 2004.

Comme mentionné par les scientifiques, l’interaction étroite entre les chats domestiques et les humains et la sélection rapide de mutations peuvent donner naissance à des virus avec un potentiel de transmission de virus entre humains. Cela pourrait constituer une menace potentielle pour la santé publique.

Compte tenu des résultats de l’étude, les scientifiques recommandent une surveillance accrue des carnivores domestiques symptomatiques à proximité des oiseaux infectés. Cela est nécessaire pour identifier l’incidence de la transmission entre mammifères et prévenir une transmission rapide par l’homme.

De plus, les employés des élevages avicoles doivent disposer d’équipements de protection appropriés et de mesures barrières pour éviter la transmission directe du virus à partir d’oiseaux infectés.

Lancelot Bonnay

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