Les réfugiés en Grèce sont confrontés à un manque d’opportunités d’emploi et à des difficultés d’intégration

« Vous ne pouvez jamais trouver de travail », se plaignent de nombreux réfugiés en Grèce qui, après avoir obtenu l’asile, se retrouvent seuls, souvent sans abri ni nourriture, faute de programmes d’intégration efficaces.

« C’est peut-être plus facile à gérer en tant que demandeur d’asile qu’en tant que réfugié », estime Spiros Vlad Economou, conseiller juridique du Conseil grec pour les réfugiés, critiquant cette « malheureuse ironie ». Il a ajouté : « La réalité est que la Grèce n’a pas encore adopté de système d’intégration ».

Hashem, un réfugié afghan de 21 ans, vit toujours dans un conteneur du camp de Chisto près d’Athènes, qui n’acceptait initialement que des demandeurs d’asile. « Si je n’ai pas de travail, je dois camper », a-t-il déclaré à l’AFP, parlant un mélange d’anglais et de grec.

La Grèce a accordé l’asile à 68 000 personnes au cours des trois dernières années, selon les chiffres du ministère des Migrations. Depuis 2019, le gouvernement conservateur a progressivement réduit l’accès des réfugiés aux aides financières et au logement, car ces aides stimulent la migration.

« Notre pays ne sera pas en mesure de fournir une assistance et un logement aux réfugiés indéfiniment », a déclaré à l’époque le ministre de l’Immigration, Notti Mitarakis. Il a ajouté, dans une déclaration au journal « Parapolitica » : « Un mois après (qu’ils ont obtenu) l’asile, ils ne reçoivent plus de logement, de nourriture et d’aide financière. Toute personne qui veut vivre dans ce pays doit pouvoir travailler et subvenir à ses besoins. »

Et en juin 2020, le ministère a mis fin à un programme de logement financé par l’UE qui a bénéficié à plus de 6 500 réfugiés. Auparavant, une loi avait été votée ordonnant aux réfugiés de quitter les camps surpeuplés pour améliorer les conditions de vie des demandeurs d’asile. Ces deux actions ont touché environ 9.500 personnes, selon un communiqué diffusé par le Centre Diotima et signé par 61 autres associations.

Une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Louise Donovan, a déclaré que le délai de 30 jours était « trop ​​​​court par rapport aux autres États membres de l’UE ».

De nombreux réfugiés ont afflué vers Athènes dans l’espoir de recevoir une aide au logement, mais beaucoup sont restés dans la rue ou dans des endroits déserts, tandis que certains sont restés dans des camps. Environ 500 réfugiés vivent dans le camp d’Ilionas près d’Athènes, qui doit fermer cette année.

En octobre, 26 ONG ont accusé les autorités grecques de laisser les résidents du camp sans nourriture. « Nous estimons qu’environ 60% de la population vivant dans les camps ne reçoit pas de nourriture », a-t-il déclaré, dans un communiqué conjoint, à propos de la situation des camps en Grèce continentale.

Le ministère de l’Asile et de l’Immigration a répondu que les réfugiés ne devraient pas vivre dans ces camps. Mais il a souligné qu’ils ont « les mêmes droits » que les citoyens grecs et peuvent postuler à des emplois et bénéficier d’une assurance maladie.

Cependant, la situation sur le terrain était complètement différente, selon de nombreux témoignages. Avec un chômage toujours proche de 13% en Grèce, Yannick Guilan Dzernyi, Camerounais de 36 ans, dit qu’il n’y a « pas de travail du tout » et quand il trouve du travail, les salaires sont « très bas ».

Certains réfugiés se plaignent que cela peut prendre des mois pour obtenir une assurance maladie ou une résidence fiscale, et qu’il est presque impossible d’apprendre le grec et de travailler en même temps.

Le programme ELEOS, approuvé en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations, propose six mois de cours d’intégration et une aide au logement limitée. Mais le programme est limité aux réfugiés qui ont obtenu l’asile après 2018 ou qui vivent dans des logements fournis par l’État.

Actuellement, moins de 1 700 personnes reçoivent une aide financière du programme et seulement 600 sont en classe d’intégration.

Se retrouvant sans abri, des milliers de réfugiés ont fui la Grèce vers d’autres pays de l’UE, voyageant avec des documents temporaires.

En juin, la Belgique, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse se sont rendus à la Commission européenne pour protester contre le grand nombre de réfugiés grecs qui ont demandé un nouvel asile.

Dans ce contexte, plus de 17.000 demandeurs d’asile en Grèce ont demandé le statut de réfugié en Allemagne depuis juillet 2020, selon une lettre collective aux ministères de l’intérieur et de la migration de six pays, dénonçant « l’abus flagrant » du dispositif. permettre la circulation dans l’espace Schengen pendant une période de 90 jours, demande au HCR de coopérer avec la Grèce afin d’améliorer les conditions de vie des réfugiés dans le pays et de faciliter leur intégration. « Il est très important pour nous tous que la situation en Grèce s’améliore », souligne la lettre.

Athènes élabore un nouveau plan d’intégration des réfugiés. En décembre, le HCR a proposé de fournir une assistance pour faciliter les procédures administratives, selon Louise Donovan.

La ministre adjointe des migrations de Grèce, Sofia Voltipsi, a expliqué que le gouvernement grec avait l’intention « d’ouvrir Ilios à davantage de participants », en mettant davantage l’accent sur la formation professionnelle des réfugiés.


Fernand Lefevre

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