Dans une Assemblée nationale divisée, Barnier n’avait aucun soutien personnel. En théorie – mais pas toujours en pratique – il peut compter sur 47 députés issus de son propre camp de centre-droit, 166 du camp central de Macron et jusqu’à 21 députés indépendants. Ce nombre est cependant loin de la majorité de 289 nécessaires pour gouverner.
De plus, l’alliance quadripartite de gauche, qui compte 193 sièges, était furieuse d’avoir été écartée par Macron, après que le président ait refusé de nommer sa candidate peu connue, Lucie Castets, au poste de Premier ministre. Et ils comptent désormais déposer une motion de censure pour tenter de faire tomber son gouvernement.
Cela attribue la survie de Barnier aux calculs et caprices personnels et politiques de la chef de l’opposition d’extrême droite Marine Le Pen qui, à tout moment, pourrait ajouter ses 142 voix à l’Assemblée aux 193 détenues par la gauche pour produire une majorité qui pourrait renverser le gouvernement de Barnier.
Au cours du week-end, Le Pen et son plus haut lieutenant Jordan Bardella ont déclaré à la télévision française que l’extrême droite ne voulait pas contribuer au « chaos institutionnel et démocratique » en France. Il a parlé de «juger le nouveau gouvernement sur la base de ses actions» et a décrit Barnier comme un « Premier ministre supervisé ». Pendant ce temps, d’autres hauts responsables du Rassemblement national ont parlé d’« exiger un prix élevé » pour leur soutien passif.
Cela suggère que — du moins pour l’instant — Le Pen est prête à tolérer Barnier, à condition qu’il poursuive des politiques qui répondent aux priorités du Rassemblement national : réduire l’immigration légale et clandestine ; améliorer le niveau de vie de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure en France, peut-être en augmentant le salaire minimum ; et propose d’abolir les élections législatives à deux tours en France et de les remplacer par un système de représentation proportionnelle à un tour.
Ce qui reste toutefois inconnu, c’est si Le Pen est prête à aider Barnier à surmonter la crise la plus urgente à laquelle le pays est confronté : les choix douloureux nécessaires pour empêcher la France de sombrer dans une crise budgétaire dévastatrice à la fin de l’année.
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