VIVIENNE BALAKRISHNAN, Ministre des Affaires étrangères de Singapour, a déclaré que sa « petite cité-État insulaire vulnérable et ouverte » soutient fermement l’ONU et le système multilatéral fondé sur des règles, indispensable. Cependant, le sommet des ODD « a montré que nous avons pris du retard par rapport à nos objectifs ». Avec le déclin du libre-échange et la fragmentation des chaînes d’approvisionnement, la communauté internationale « doit éviter de transformer la concurrence en un jeu à somme nulle », a-t-il souligné. La nécessité de compromis et de compréhension mutuelle est une caractéristique, et non une faiblesse, du système multilatéral car, « face aux défis qui existent sur terre, il n’y a pas de gagnant qui remporte tout ». Les États membres doivent accepter et respecter la diversité des expériences, des systèmes et des idées, car personne n’a le monopole de la culture et de la sagesse. Il a présenté le Sommet du futur comme une opportunité de renforcer le système multilatéral en prenant en compte divers points de vue et en construisant un cadre commun.

Abordant la révolution de l’intelligence artificielle, il appelle à se préparer aux risques tout en répartissant équitablement les bénéfices. « Au cours de l’année écoulée, l’IA générative a captivé l’imagination populaire », a-t-il déclaré, « mais nous sommes déjà au seuil de la prochaine étape : des agents d’IA dotés de la capacité de négocier et d’effectuer des transactions entre eux et avec les humains. » Cela a de profondes implications ; et des systèmes d’armes autonomes sans déclencheurs humains sont déjà là. L’intelligence artificielle bouleversera les hypothèses concernant la doctrine militaire et la dissuasion stratégique, dans la mesure où la rapidité instantanée de déploiement de ces systèmes d’armes réduira considérablement le temps de prise de décision des dirigeants. Rappelant qu’il y aura de nombreuses occasions où les humains ne seront peut-être même pas impliqués dans un conflit, il a appelé à un dialogue mondial inclusif dès maintenant à l’ONU, tout en saluant la décision du Secrétaire général de créer un organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle pour explorer des questions aussi importantes.

En réalité, a-t-il ajouté, de nombreux pays ne sont pas prêts à faire face à la vague de transformation numérique qui déferle sur le monde, car plus de deux milliards de personnes n’ont toujours pas accès à Internet. Dans le but de réduire la fracture numérique, Singapour a lancé en 2022 « Digital FOSS », une plateforme permettant aux membres du Forum des petits pays d’apprendre et de se soutenir mutuellement en matière de technologie numérique. La communauté internationale peut relever les défis mondiaux, a-t-il souligné – comme le démontre la récente adoption de l’Accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales. « Nous devons apporter l’esprit constructif du processus BBNJ aux biens communs mondiaux, y compris l’IA, la cybersécurité, la technologie numérique et l’espace », a-t-il souligné. Le Conseil consultatif de haut niveau sur un multilatéralisme efficace a proposé six « changements transformateurs » qui prépareront l’ONU et le système multilatéral pour l’avenir – et la survie et le succès de nombreux petits États nécessitent une ONU forte et un système multilatéral efficace. avait-il déclaré.