C’est un classique américain mais une obsession gauloise : la France ne peut s’empêcher de retraduire « The Great Gatsby », dont la onzième version sort en magasin jeudi.
La nouvelle, considérée comme l’histoire déterminante de l’ère du jazz américain dans toute sa bonne humeur et ses excès sordides, a en fait été écrite en grande partie en France, où F. Scott Fitzgerald a passé une grande partie de son temps dans les années 1920.
Publié pour la première fois en 1925, le livre présente quatre traductions françaises au XXe siècle et six autres après que le livre de Fitzgerald soit entré dans le domaine public en 2011.
« C’est une histoire pleine de charme et de mystère, et maintenant elle l’est encore plus puisque Jay Gatsby est devenu un mème Internet grâce à Leo DiCaprio levant sa coupe de champagne », explique le dernier interprète Jacques Mailhos, dont l’édition de luxe est sortie jeudi.
DiCaprio a joué le héros titulaire dans l’adaptation sur papier glacé de Baz Luhrmann en 2013.
Écrivain le plus célèbre de sa génération aux États-Unis, la star de Fitzgerald était déjà sur le déclin lorsqu’il s’installe sur la Côte d’Azur, dans le sud de la France.
Déjà en proie à l’alcoolisme, les mauvaises ventes initiales de « The Great Gatsby » n’ont pas aidé et Fitzgerald n’a pas pu assister à son ascension fulgurante, mourant à l’âge de 44 ans en 1940.
C’est Fitzgerald lui-même qui paya la première traduction française, en 1926, de Victor Llona, dont il loua le travail.
Mais une traductrice récente, la professeure de littérature Julie Wolkenstein, s’est dite « choquée » par les « incongruités textuelles » de la version de Llona.
– Massacre au karaoké –
Il fut le premier à tirer profit de l’entrée du livre dans le domaine public, ce qui signifie qu’il n’eut pas à partager les redevances avec les descendants de Fitzgerald.
Beaucoup ont été insultés par sa décision de raccourcir le titre de « Gatsby le Magnifique » à « Gatsby », mais son travail a été salué comme « inspiré et frais » par le critique littéraire Le Monde.
Ce n’est pas l’avis de tout le monde.
L’un des fans de Fitzgerald, l’écrivain Frédéric Beigbeder, a déclaré au journal Le Figaro que « son vénérable œuvre donne l’impression d’entendre un tube des Beatles égrené dans un bar karaoké par un étudiant en musicologie ».
Et d’autres versions sont inévitables, ce qui rend difficile pour les libraires de savoir quoi choisir.
« C’est une question très compliquée pour nous », explique à l’AFP la librairie internationale Kléber de Strasbourg.
« Il y a certains titres pour lesquels la traduction ne s’est pas bien passée. Mais ce n’est pas le cas de Gatsby, qui est encore très nouveau. »
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