La plus haute juridiction administrative de France – le Conseil d’État – a confirmé l’interdiction de l’utilisation des abayas dans les écoles publiques françaises. Aneira J.Edmunds a fait valoir que même si l’interdiction était considérée comme une forme de protection des droits des femmes, elle montrait l’insécurité du gouvernement français.
Le 4 septembre, le gouvernement français interdire le port des abayas dans les écoles publiquesla dernière d’une série d’interdictions visant les vêtements des femmes musulmanes qui ont imposé des restrictions sur l’utilisation du hijab, de la burqa et du burkini.
Conformément aux justifications passées, l’interdiction de l’abaya est formulée dans le langage des droits et constitue un appel aux armes contre l’engagement de la France en faveur de la liberté et de la dignité des femmes. Des actions comme celle-ci ont une longue histoire en France, avec son histoire républicaine isolationniste, engagement pour la laïcité et une vision franco-centrée des droits de l’homme comme étant laïques.
Mais l’envie est bien plus profonde. La prétendue préoccupation du président français Emmanuel Macron pour les droits des femmes musulmanes ne peut être dissociée des défis nationaux et étrangers. Même si de plus en plus de jeunes femmes choisissent de porter des abayas, cette pratique reste encore minoritaire : elles ne sont que des milliers. Pour comprendre l’attachement de la France aux vêtements des femmes musulmanes, nous devons examiner les pressions politiques plus larges auxquelles est confronté le gouvernement français aujourd’hui.
La distraction parfaite
La France est un pays confronté à une crise existentielle car son statut colonial en Afrique est constamment attaqué. Les récents développements au Niger montrent que les gens descendent ouvertement dans la rue exiger la fin de la présence française postcoloniale, ainsi que le soutien à Vladimir Poutine. L’héritage colonial du pays était également visible lors de la visite de Macron au Liban Explosion du port de Beyrouth en 2020. Arrivé en sauveur, ses promesses n’ont pas été tenuesprovoquant un plus grand sentiment de trahison.
La France, comme de nombreux autres pays, a également été influencée par les mouvements populistes de droite. En France, ces changements sont poussés par Marine Le Pen, qui reste une menace pour le gouvernement français. Macron a également été frappé par une série de manifestations de rue, à partir de mouvement des gilets jaunes contre un grand nombre de personnes prêtes à s’engager dans une résistance persistante (bien qu’infructueuse). réforme des retraites.
Dans ce contexte, la décision d’interdire l’abaya représente une diversion par rapport aux défis nationaux et internationaux de la France, d’autant plus qu’il s’agit d’une question de politique. soutenu par la majorité de la société. Parmi les principales personnalités politiques françaises, seul Jean-Luc Mélenchon, troisième à l’élection présidentielle française de 2022, a osé s’écarter de l’opinion populaire en critiquant cette mesure.
Activisme en faveur des droits de l’homme
La France ressent également la menace d’une nouvelle génération croissante de femmes musulmanes qui ne viennent pas des ghettos mais de la classe moyenne. Ces femmes ont affirmé avec confiance leur droit de porter des vêtements religieux et n’ont pas été découragées par l’opinion publique qui leur était défavorable. Ils remettent en question l’idée selon laquelle la responsabilité de la coexistence dans la société incombe aux femmes musulmanes culturellement conscientes de renoncer à leur droit de s’habiller comme bon leur semble.
Cette montée du militantisme en faveur des droits humains peut être comprise comme une manifestation d’une citoyenneté post-nationale – une forme mature de citoyenneté qui s’élève au-dessus des droits et obligations nationaux et qui est particulièrement influente dans le nouveau contexte mondial supranational. La question clé pour ces acteurs est la suivante : si la France est un pays libéral, pourquoi entendent-ils mettre en œuvre des politiques restrictives à l’encontre des groupes minoritaires marginalisés ?
L’opposition aux restrictions vestimentaires pour les femmes musulmanes fait souvent référence au droit à la liberté d’expression religieuse consacré dans la Convention européenne des droits de l’homme. Ses partisans ont, jusqu’à présent sans succès, appelé à la protection de ce droit par le biais de litiges stratégiques sur l’interdiction de la burqa, en particulier dans les pays occidentaux. L’affaire SAS c. Français. La Cour européenne des droits de l’homme s’en remet régulièrement aux gouvernements nationaux concernant les interdictions antérieures, renonçant ainsi à l’opportunité d’établir des principes à l’échelle européenne sur cette question.
La nécessité d’une telle approche est bien illustrée par la réaction à une Campagne 2021 du Conseil de l’Europe pour accroître le respect des femmes musulmanes. Les affiches distribuées dans le cadre de la campagne contiennent des images de femmes portant le hijab et des messages encourageant la société à respecter la diversité. Les affiches ont dû être retirées après avoir suscité de vives réactions de la part de plusieurs responsables politiques français.
Cet incident représente une autre occasion manquée d’aborder la notion contradictoire selon laquelle les vêtements des femmes musulmanes sont un symbole de victimisation de l’oppression masculine et une menace pour la sécurité nationale. Cela souligne une fois de plus la nécessité d’établir le principe supranational selon lequel les femmes musulmanes sont libres de s’habiller comme elles le souhaitent, et de rejeter l’exigence selon laquelle les musulmans doivent s’assimiler pour être acceptés dans la culture française.
Laïcité et droits de l’homme
Ces décisions reflètent l’élévation politique et juridique de la laïcité au rang de valeur absolue qui viole les droits humains individuels dans le processus de protection de ces droits collectivement. Les gouvernements occidentaux ont payé un lourd tribut pour cette conformité dans le contexte du printemps arabe. La dictature qu’ils ont soutenue pendant des années – sous prétexte de défendre la laïcité – a déçu la majorité des musulmans modérés, tant sur le plan économique que politique.
La volonté des gouvernements occidentaux, toujours redevables aux anciennes puissances, de microgérer le comportement des groupes minoritaires de femmes témoigne davantage de leur insécurité que de leur préoccupation pour les droits des femmes. Cette insécurité est exacerbée par les dissensions internes et les défis externes alors que l’équilibre mondial des pouvoirs passe des pays coloniaux aux pays en développement.
Nous constatons aujourd’hui une tendance croissante parmi les musulmans européens à se mobiliser sur les questions des droits de l’homme. Cela contraste fortement avec la croyance selon laquelle il existe une incompatibilité inhérente entre l’Islam et les droits de l’homme. Les restrictions imposées aux vêtements des femmes musulmanes n’étaient en aucun cas ancrées dans les principes des Lumières, mais reflétaient plutôt des intérêts politiques nationaux et un fort déclin de leur statut.
Mais il y a encore des raisons d’être optimiste. Il y a des signes timides de l’émergence d’un contre-mouvement en France qui s’appuie sur les conditions de Nilüfer Göle mélange – le brassage positif de personnes d’horizons différents dans un espace donné. Ce mouvement a le potentiel d’éliminer la perception selon laquelle l’Islam et l’Occident sont en conflit, favorisant ainsi un nouveau multiculturalisme qui rassemble des musulmans d’ascendance diversifiée avec la laïcité occidentale. Bien que ce point de vue soit encore minoritaire, on espère qu’avec le temps, un meilleur modèle deviendra une réalité.
Remarque : Cet article donne le point de vue de l’auteur, et non la position d’EUROPP – European Politics and Policy ou de la London School of Economics. Crédit image en vedette : Michael Derrer Fuchs/Shutterstock.com
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