À la suite d’un débat houleux mercredi 10 mai, l’Assemblée nationale française a adopté une loi visant à obliger les mairies représentant plus de 1 500 habitants à arborer des drapeaux français et européen.
Le projet de loi, du groupe Renaissance, faisant partie de la majorité du président, a été adopté par 130 voix pour.
109 députés, issus des rangs de La France Insoumise (LFI), du Rassemblement National (RN) et des Républicains (LR), s’y sont opposés.
étape symbolique
Le texte stipule qu’il est désormais obligatoire de hisser les drapeaux européen et français devant les mairies en France. Cependant, l’amendement exempte les villes de moins de 1 500 habitants de cette exigence. Cette exception est motivée par des raisons budgétaires, car l’espace de déplacement des petites villes est limité.
Ainsi, 78% des mairies françaises sont exemptées de cette nouvelle réglementation. Certains s’interrogent sur l’utilité d’une telle loi, alors que des drapeaux européens flottent déjà devant de nombreuses mairies.
Le législateur a également rendu obligatoire l’affichage du portrait officiel du président de la République dans toutes les mairies. Là encore, cette pratique est largement répandue. Par ailleurs, la devise de la République – « Liberté, Egalité, Fraternité » – devrait être affichée sur la façade de l’hôtel de ville, à l’initiative du député LFI Antoine Léaument.
Mathieu Lefèvre, rapporteur du texte, explique que le texte a avant tout une portée « symbolique », car, selon lui, certains partis « ont eu du mal à masquer leur angoisse devant le drapeau à l’étoile scintillante ».
Ouvrant mardi le débat de la Journée de l’Europe, Lefèvre a déclaré que les législateurs de la gauche radicale LFI et de la droite RN auraient « du mal à cacher leurs rêves d’un Frexit voilé », évoquant l’idée que la France quitte le Union européenne.
Avant même l’ouverture du débat, le commandant en second du RN Jean-Philippe Tanguy a attaqué l’initiative, expliquant que « les drapeaux européens ne font référence à aucune histoire, à aucun symbole ».
Au cours du débat, la question du référendum constitutionnel européen de 2005, rejeté par les Français mais finalement adopté par les élus des deux chambres, a été maintes fois posée.
Le fait même « d’imposer » des drapeaux européens, « contre la volonté du peuple » serait « insulter le peuple français », a notamment affirmé Tanguy.
Moins enthousiaste
La gauche pro-européenne des Verts et des socialistes a pour sa part dénoncé le manque d’utilité de la proposition. Dans les couloirs du Palais Bourbon, certains ont déploré la « perte de temps », mais malgré cela, les quelques socialistes présents ont soutenu le texte.
Chez la majorité des présidents au pouvoir, notamment les alliés de la Renaissance (MoDem, Horizons), il y a aussi très peu d’enthousiasme, comme en témoigne la participation au vote.
Malgré les consignes données et la mobilisation massive de la Renaissance, un de ses membres s’est abstenu, tout comme quatre membres du groupe MoDem. Les membres du mouvement de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, Horizons, sont sur le point de quitter les urnes.
Un député de la majorité présidentielle a déclaré à EURACTIV France qu’il ne comprenait pas l’utilité d’un tel texte, qui n’était pas urgent, critiquant la mesure face à « trop de texte ».
Le texte va maintenant être examiné par le Sénat. Pour être adopté, il doit être voté par les deux chambres sur un pied d’égalité.
[Edited by Nathalie Weatherald]
En savoir plus avec EURACTIV
« Faiseur de troubles. Communicateur. Incapable de taper avec des gants de boxe. Défenseur typique du café. »