PARIS — Noël Le Graët, le président en difficulté de la fédération française de football, a démissionné mardi, mettant fin au long mandat d’un manager dont l’emprise sur le pouvoir – aidée par de puissantes amitiés – a survécu à travers des triomphes sur le terrain et des scandales hors du terrain.
Accusé de mauvaise conduite et de mauvaise gestion, Le Graët a finalement succombé aux appels croissants à sa destitution lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration de la fédération française, largement connue sous son acronyme à trois lettres, FFF. Son annonce intervient deux semaines après l’achèvement d’un audit au sein de l’organisation qui a révélé des années de comportement inapproprié alors même que la France a produit certaines de ses meilleures équipes nationales, envoyant son équipe masculine aux finales consécutives de la Coupe du monde et en accueillant la Coupe du monde féminine à domicile en 2019. .
L’audit avait été commandé par le ministre français des Sports au milieu d’un nombre croissant de rapports faisant état de fautes personnelles de la part de Le Graët, notamment l’envoi de SMS inappropriés en fin de soirée à des membres féminins du personnel. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait publiquement réclamé la démission de Le Graët en janvier. Il a salué mardi ce qu’il a qualifié de « bonne décision pour la FFF et pour lui-même ».
Mais même s’il a quitté la fédération sous la pression, sa place dans le football semblait assurée : la FIFA, l’instance dirigeante du football mondial, a nommé l’année dernière Le Graët pour superviser son nouveau bureau à Paris, et mardi, nombre de ses collègues de la fédération l’ont félicité pour ce. rôle.
Les doutes sur le maintien de Le Graët dans la présidence qu’il occupait depuis 2011 n’ont fait que croître à mesure qu’il a créé une série de polémiques alors que les enquêtes se poursuivaient. À la fin de l’année dernière, avant la Coupe du monde, il a rendu furieux les responsables du gouvernement français en minimisant le traitement réservé aux travailleurs migrants au Qatar. Après le tournoi, il a fait des déclarations désobligeantes à l’égard de Zinedine Zidane, vainqueur de la Coupe du monde et considéré comme l’un des meilleurs joueurs que la France ait jamais produits. Le Graët reprend alors ses observations et il s’est excusé auprès de Zidane.
Cependant, Le Graët, 81 ans, a conservé de nombreux alliés malgré les troubles, notamment Gianni Infantino, le président de la FIFA, qui aurait fait pression en sa faveur à l’approche de son éviction. Infantino l’année dernière appelé Le Graët en tant que délégué présidentiel pour superviser le nouveau bureau de la FIFA à Paris, un avant-poste qui a assumé des rôles de plus en plus importants qui étaient autrefois l’apanage exclusif des membres du personnel du siège de la FIFA en Suisse.
Éric Borghini, membre du conseil d’administration de la fédération française présent à la réunion de mardi, a suggéré que Le Graët continuerait à assumer ce rôle. On ne sait cependant pas si Le Graët poursuivra ses efforts pour conserver sa place au sein du conseil d’administration de l’instance du football, le Conseil de la FIFA, lors des élections d’avril.
Philippe Diallo, vice-président de la fédération, assurera l’intérim du président de la FFF jusqu’au 10 juin, date de la prochaine assemblée générale.
Loin de critiquer Le Graët, ses anciens collègues se sont ralliés au désormais ex-président. « Partout où il est allé, les institutions et les clubs qu’il a dirigés ont connu du succès », a déclaré Diallo.
Le communiqué officiel de la fédération annonçant sa sortie avait pour but de célébrer Les succès du football français sous Le Graët, soulignant que sous sa direction, les équipes de France masculines et féminines avaient remporté 11 titres et disputé six finales internationales. La déclaration met également en évidence le développement des infrastructures et la santé économique de la fédération.
Il n’a fait aucune référence aux troubles qui ont enveloppé la fédération depuis le succès de l’équipe masculine à la Coupe du monde 2018 en France, notamment aux allégations de harcèlement et d’abus sexuels. Certains de ces problèmes sont devenus si toxiques que plusieurs cadres supérieurs se sont plaints de l’environnement de travail, une crise qui a contraint Le Graët à faire appel en 2020 à un expert externe spécialisé dans la réparation des lieux de travail endommagés.
De tels efforts n’ont pas abouti à des résultats autres que le maintien des positions de Le Graët et de sa adjointe, Florence Hardouin. Hardouin négocie son départ de la fédération après que l’enquête parrainée par le gouvernement l’a accusée d’utiliser « des méthodes brutales et un comportement erratique ». Son équipe juridique a depuis suggéré qu’elle avait agi comme indic dans les plaintes contre Le Graët.
La fédération a cherché à se protéger après sa démission, arguant que l’enquête n’avait révélé aucune défaillance systémique ni aucun échec dans l’accomplissement de sa mission principale. « La FFF constate cependant que ce rapport s’appuie moins sur des faits objectifs que sur des appréciations qui ont parfois conduit à un dénigrement disproportionné de l’organisme », précise-t-elle.
Pendant ce temps, les responsables actuels et anciens continuent d’insister sur le fait que la destitution de Le Graët ne suffirait pas à résoudre les problèmes de la fédération.
« Le point important, ce ne sont pas Le Graët et Hardouin », estime Pierre Samsonoff, ancien responsable de la division football amateur de la fédération. « Ce qui est important, c’est la façon dont l’institution est gouvernée. »
« Typical problem solver. Prone to bouts of apathy. Award-winning music lover. Alcohol nerd. Zombie aficionado. »