Alexis Corbière
En août-septembre 1792, alors que la patrie est en danger, Danton devient ministre. Il s’oppose au départ du gouvernement et de l’Assemblée de la capitale, dans son célèbre discours : « Courage, encore du courage, soyez toujours brave, et la France est sauvée ». Les patriotes qui ont sauvé cette nation doivent rester dans nos rangs. Il avait l’énergie d’un leader politique, mais c’était aussi un homme d’action qui a joué un rôle décisif.
Je trouve dommage que l’opposition largement artificielle entre lui et Robespierre qui s’est construite sous la Troisième République nous oblige à choisir. Il était sans aucun doute un individu corrompu, mais beaucoup étaient corrompus à cela. Ses amis bien sûr, et lui aussi se retrouve mêlé au scandale autour de Charles François Dumouriez, l’énergique général qui a triomphé à Valmy et que Danton a soutenu avant sa défection. [to the Austrians].
Enfin, en mars 1794, à une époque où les complots et les doutes sont partout, le Comité de salut public craint qu’un nouveau soulèvement populaire ne renverse définitivement la Révolution. Avec les deux factions opposées de mèche, le comité a décidé d’attaquer d’abord les partisans [Jacques] Hébert, et peu après dans les « indulgents », dont Danton était proche. Ce « Drame Germinal », comme l’appelle l’historien Soboul, fut une complète bévue politique. Danton est emporté avec sa bande – Camille Desmoulins, Fabre d’Églantine, etc.
Robespierre n’est pas un homme de la rue, il ne participe pas aux grandes révolutions journal [days of uprisings], il n’était pas un « chef de la mafia » dans les termes d’aujourd’hui ; contrairement à Danton. Le souvenir de sa vie ne doit pas être perdu. Mais quel est leur principal désaccord ?
Considérez le rôle de la peur et de la fatigue. Robespierre se retire pendant six semaines au début de l’été 1794, épuisé et déjà en colère contre beaucoup. Lorsqu’il est revenu au Comité de la sécurité publique, il s’est brouillé avec la plupart des autres membres. Les gens criaient – les témoins pouvaient les entendre de la rue et la salle de réunion a dû être déplacée – et Robespierre est parti en claquant les portes. Dans la nuit du 9 thermidor, Robespierre prononce un discours qui ne menace qu’un petit nombre de personnes — mais terrifie tout le monde.
[Louis Antoine de] Saint-Just, n’étant plus entièrement derrière Robespierre, tente une conciliation, annonçant qu’il travaillerait sur le discours et promettant à Bertrand Barère et Jacques-Nicolas Billaud-Varenne qu’il les ferait réviser avant de le prononcer. Finalement, il y travailla toute la nuit et se rendit directement à la Convention. Il y a un air de paranoïa générale. L’historien Jean-Clément Martin nous en dit quelque chose d’intéressant. Deux jours plus tard, un grand défilé militaire est prévu. Les opposants à Robespierre craignaient un coup d’État militaire car l’armée étudiante était dirigée par des proches de Robespierre.Le 9 thermidor / 27 juillet 1794, Saint-Just prononce un discours qui commence par ces mots : « Je n’appartiens à aucune faction, je les combattrai tous. En réalité, le discours était assez conciliant, mais la présence de Saint-Just en chaire sans l’approbation du reste du comité de salut public suffit à secouer la passion des députés. Saint-Just resta silencieux dans la foule, sans mots. Dès lors, les événements se succèdent : Robespierre, Saint-Just et Georges Couthon sont arrêtés. Robespierre est libéré, mais hésitant, la résistance est désorganisée, et les événements auraient pu être différents…
Le but de ce livre est de raconter cette histoire dans toute sa complexité et sa beauté. Nous ne pouvons accepter la manière dont notre grand récit national est amputé de cette histoire. Je vois chez ces amputés une volonté de dissuader nos contemporains d’entamer demain une nouvelle révolution.
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