BEYROUTH (AP) – La valeur de la livre libanaise a atteint un nouveau plus bas jeudi, s’échangeant à 50 000 pour un dollar, alors que le Parlement divisé du pays n’a pas réussi à élire un président pour la 11e fois.
La monnaie libanaise à court de liquidités, autrefois évaluée à 1 500 pour un dollar, s’est effondrée depuis fin 2019 et a depuis perdu plus de 90 % de sa valeur. La crise financière a plongé les trois quarts de la population dans la pauvreté, des millions de personnes luttant pour faire face à l’une des inflations les plus fortes au monde. Les experts blâment l’élite dirigeante bien ancrée du pays pour des décennies de corruption et de mauvaise gestion financière.
La baisse de la livre est intervenue quelques jours après la venue à Beyrouth de délégations judiciaires européennes de France, d’Allemagne et du Luxembourg pour interroger le gouverneur de la Banque centrale en difficulté, Riad Salameh, et une douzaine d’autres personnes, dont certaines proches, dans une enquête européenne sur le blanchiment d’argent de 330 millions de dollars. Jusqu’à présent, ils ont interrogé des responsables bancaires et d’anciens responsables de la banque centrale. La Suisse et le Liechtenstein ont également ouvert des enquêtes sur Salameh pour blanchiment d’argent.
La scission au parlement libanais est en pleine mutation après l’échec de l’accord sur un nouveau chef de l’Etat depuis le président Michel Aoun son mandat de six ans a pris fin le 30 octobre.
Tous sauf 18 des 128 législateurs du Parlement ont comparu jeudi, la majorité – 71 députés – votant pour le député Michel Moawad, un critique virulent du groupe Hezbollah soutenu par l’Iran, ou votant blanc.
Tard jeudi, une poignée de législateurs réformistes ont entamé un sit-in à l’intérieur du parlement, refusant de partir jusqu’à ce que le président Nabih Berri tienne une séance publique pour élire un nouveau président. Les autorités ont verrouillé les portes et coupé le courant, mais après la tombée de la nuit, le sit-in continuait.
Une paralysie politique qui s’aggrave a laissé le Liban non seulement sans président, mais seulement avec un gouvernement intérimaire, retardant une série de réformes économiques visant à mettre un terme aux dépenses inutiles et à lutter contre la corruption endémique.
Un conseiller financier principal, Michel Kozah, a déclaré que la faiblesse de la livre libanaise était due à l’absence de mesures appropriées pour stabiliser la monnaie au début de la crise, y compris des contrôles formels des capitaux, et un plan approuvé par le Fonds monétaire international.
Au lieu de cela, dit-il, il existe des politiques et des circulaires à court terme des gouvernements et des banques centrales qu’il décrit comme des « injections de morphine ».
« Nous avons fait des promesses au FMI mais nous n’avons rien fait », a expliqué Kozah. « Si vous étiez n’importe où ailleurs dans le monde, vous n’arriveriez pas là où vous êtes aujourd’hui parce que les autorités auraient pris des mesures dès le premier jour. »
En avril 2022, les autorités libanaises sont parvenues à un accord de principe avec le FMI pour un plan de relance subordonné à un certain nombre de réformes économiques et de mesures anti-corruption. Cependant, les organisations internationales ont critiqué la lenteur des efforts du Liban pour répondre à ces demandes.
Pendant ce temps, les banques libanaises à court de liquidités ont continué d’imposer des limites strictes aux retraits en devises, qui ont été imposées en octobre 2019, immobilisant les dépôts de millions. Alors que l’économie continuait de décliner sans aucune réforme, certains déposants ont été contraints de faire des descentes dans les succursales bancaires et de prendre de force leurs économies piégées..
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