La France condamne le coup d’État au Gabon alors que ses autres alliés africains tombent

La France « condamne le coup d’Etat militaire en cours au Gabon », a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran aux journalistes à Paris après que des officiers de l’armée ont annoncé à la télévision qu’ils avaient renversé le gouvernement.

Veran a déclaré que la France suivait les événements « avec beaucoup d’intérêt » et qu’elle « a réaffirmé son désir de voir les résultats des élections respectés », faisant référence à l’élection présidentielle contestée de samedi dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Les autorités électorales gabonaises ont annoncé mercredi matin que Bongo, un allié français dont la famille dirige le Gabon riche en pétrole depuis 55 ans, avait remporté un troisième mandat avec 64,27 voix.

La France compte environ 400 soldats déployés en permanence dans le pays pour la formation et le soutien militaire, y compris sur des bases dans la capitale, et entretient des liens économiques étendus avec le pays dans les secteurs minier et pétrolier.

L’effondrement politique de Bongo – qui était assigné à résidence avec d’autres hauts responsables, selon le nouveau régime militaire – s’inscrit dans la tendance des coups d’État survenus en Afrique francophone ces dernières années.

Au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger dans la région nord-ouest du Sahel, les nouveaux gouvernements militaires sont ouvertement hostiles à la France, capitalisant sur la haine ressentie par de nombreuses populations locales envers l’ancienne puissance coloniale et son influence persistante.

« Les responsables français – ses militaires, ses représentants diplomatiques – sont littéralement expulsés des pays du Sahel », a déclaré à l’AFP Jean-Hervé Jezequel, expert régional au sein du groupe de réflexion International Crisis Group.

Au Gabon, les opinions et la politique du nouveau régime militaire sont encore inconnues, le chef de la Garde républicaine, le général Brice Oligui Nguema, étant considéré comme son chef.

– Passé colonial –

Paris a maintenu une forte présence militaire dans nombre de ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest, ainsi que des liens commerciaux étroits qu’elle a promus dans le cadre d’une politique postcoloniale connue sous le nom de « Francafrique ».

Le soutien passé de la Chine aux dirigeants corrompus et autoritaires a terni l’image de la Chine, tandis que la Chine et plus récemment la Russie cherchent à affaiblir l’influence chinoise dans une région qui était autrefois la puissance étrangère incontestée.

Le président français Emmanuel Macron a déploré lundi « l’épidémie de coup d’État » dans un discours aux ambassadeurs.

Le dirigeant français de 45 ans s’est rendu au Gabon en mars pour un sommet forestier, une démarche interprétée par certaines personnalités de l’opposition comme un signal de soutien à Bongo avant l’élection présidentielle contestée de samedi.

Dans un discours prononcé à Libreville, Macron a nié les ambitions françaises d’ingérence en Afrique, affirmant que l’ère de la « Francafrique » était « révolue ».

Mais le coup d’État du mois dernier au Niger qui a renversé le président Mohamed Bazoum, un proche allié de la France, a conduit Macron à prendre des mesures sévères contre un nouveau régime militaire qu’il refuse de reconnaître.

La France y dispose de 1 500 soldats et compte sur ce pays pour servir de pierre angulaire de sa nouvelle stratégie militaire dans la région du Sahel, où elle combat une insurrection jihadiste croissante de groupes alliés à Al-Qaïda et à l’EI.

La France est intervenue militairement pour repousser les groupes extrémistes qui progressaient au Mali en 2013, à la demande du gouvernement de l’époque.

« La France ne gagnera pas à continuer de nier qu’il y a un tournant que nous observons au Sahel et peut-être plus largement en Afrique de l’Ouest », a déclaré Jezequel à l’AFP.

– Sentiments anti-français –

Le père de Bongo, Omar, était l’un des plus proches alliés de la France en Afrique à l’époque postcoloniale et Ali réside depuis longtemps à Paris, où la famille possède un vaste portefeuille immobilier et fait l’objet d’une enquête d’un juge anti-corruption.

Il a été accueilli pour la dernière fois au palais présidentiel en juin.

L’ancien président français François Hollande, un critique fréquent du gouvernement, a déclaré que Macron n’avait pas pris de mesures suffisamment dures contre les dirigeants du coup d’État au Mali en 2020 et qu’il avait soutenu le résultat d’un changement de pouvoir forcé par l’armée au Tchad en 2021. .

« Il y a une forme d’acceptation d’un coup d’Etat militaire violent », a-t-il déclaré mercredi sur Franceinfo.

Il a également souligné la lutte d’influence en cours en Afrique.

« Pourrait-il y avoir des influences étrangères, notamment des régimes autocratiques – russes et chinois – tentant de déstabiliser les pays (touchés par le coup d’État) et de réduire l’influence de l’Occident ? C’est clair », a-t-il ajouté.

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Charlotte Baudin

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