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Emmanuel Macron, le président français, a promu son ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, âgé de 34 ans, au poste de Premier ministre alors qu’il cherche à relancer un second mandat entravé par une scission parlementaire.
L’Élysée a confirmé ce choix dans un communiqué mardi, ajoutant qu’Attal choisirait désormais son cabinet.
Attal serait le plus jeune Premier ministre de France et le premier Premier ministre ouvertement gay, avec un avantage politique bien plus important sur la technocrate Élisabeth Borne, qui a démissionné lundi et est devenue la deuxième femme à occuper ce poste.
Lors d’une cérémonie de passation de pouvoir dans la cour de Matignon, la résidence du Premier ministre, Attal s’est engagé à faire avancer le programme de Macron visant à « garder le contrôle du destin de la France et à libérer son potentiel », notamment en « continuant à transformer l’économie ».
Attal est un choix surprenant étant donné qu’il a été récemment nommé ministre de l’Éducation et qu’il est moins expérimenté que d’autres candidats présélectionnés, tels que le vétéran ministre des Finances Bruno Le Maire et l’ancien ministre de l’Agriculture Julien Denormandie.
Macron semblait parier que le charisme d’Attal permettrait de redresser une situation difficile marquée par les querelles parlementaires sur l’immigration et l’impopulaire réforme des retraites de l’année dernière. Le Premier ministre devrait également aider le président à combler un écart de 10 points avec le parti d’extrême droite de Marine Le Pen pour les prochaines élections européennes.
Mais l’écrivaine et analyste politique Chloé Morin a averti que la nomination d’Attal ne résoudrait pas le plus gros problème de Macron, à savoir qu’il ne dispose plus de majorité au Parlement et qu’il doit donc parvenir à un accord avec les partis d’opposition pour mettre en œuvre son programme de réformes.
« Attal est le ministre le plus populaire du gouvernement et l’incarnation d’une génération arrivée au pouvoir grâce à Emmanuel Macron », a déclaré Morin.
Il a ajouté qu’Attal était le « meilleur adversaire » que Macron avait dans son camp contre Jordan Bardella, le chef du Rassemblement National de 28 ans qui mène la liste du parti pour les élections européennes.
Une fois investi en 2022, Borne n’a pas réussi à construire une coalition plus large avec les législateurs de l’opposition, mais il a réussi à atteindre les principaux objectifs politiques de Macron l’année dernière, comme relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans malgré des mois de manifestations de rue.
Il utilise fréquemment un pouvoir constitutionnel spécial connu sous le nom de 49.3 pour ordonner aux législateurs d’adopter des lois et des budgets – l’utilisant 23 fois en 18 mois, soit le deuxième usage le plus fréquent par un Premier ministre.
La note de Borne est tombée à un plus bas historique de 23 pour cent, tandis que celle de Macron était à peine meilleure, à 27 pour cent. Attal a cependant gagné 14 points en cinq mois pour atteindre une cote de popularité de 40 pour cent, faisant de lui l’homme politique le plus populaire de France, selon Ipsos.
Attal, autrefois membre du Parti socialiste, faisait partie de la première vague de législateurs qui ont pris leurs fonctions après l’élection de Macron à la présidence en 2017 sur une plateforme centriste et pro-entreprises. Depuis lors, il n’a cessé de gravir les échelons, ayant décroché son premier emploi dans le gouvernement Macron en tant que fonctionnaire subalterne au ministère de l’Éducation en 2018.
Sa notoriété s’est accrue lorsqu’il a accédé au poste de porte-parole du gouvernement en 2020, où il est apparu lors de conférences de presse hebdomadaires. Il devient ensuite ministre du Budget en 2022 et ministre de l’Éducation en juillet 2023.
À la tête d’un ministère qui supervise 900 000 enseignants et un budget annuel d’environ 80 milliards d’euros, Attal a appelé à un « choc des connaissances » pour améliorer les résultats scolaires qui se sont détériorés. Mais étant donné qu’il quittera ses fonctions après seulement cinq mois, son travail n’est pas encore terminé.
Macron s’est engagé à se concentrer sur le « renforcement » du pays et de ses services publics pour les trois années restantes de son mandat. Atteindre le plein emploi reste une priorité, tout comme freiner la montée du mouvement d’extrême droite de Le Pen.
« Je sais que je peux compter sur votre énergie et votre engagement pour mener à bien les projets de réforme que j’ai annoncés », a déclaré le président dans un message adressé à Attal sur les réseaux sociaux.
Mujtaba Rahman, analyste au sein du groupe Eurasia, prédit un abandon des réformes économiques pour se concentrer davantage sur les questions éducatives et sociales, telles que les lois à venir sur l’euthanasie et l’insertion du droit à l’avortement dans la constitution.
« Une fois les réformes majeures adoptées, Macron fera pression pour des politiques plus sociales et plus atmosphériques, et peut-être moins divisantes », a-t-il déclaré. « Ils tenteront de répondre aux inquiétudes de la population concernant la démocratie française, la criminalité et les comportements antisociaux. »
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