Par Juliette Jabkhiro et Julien Pretot
PARIS (Reuters) – La France a testé cette semaine, lors d’un concert de Depeche Mode, une technologie de vidéosurveillance basée sur l’intelligence artificielle qui sera utilisée pendant les Jeux olympiques, et a qualifié cet exercice de succès.
Une loi française adoptée en 2023 autorise l’utilisation de la vidéosurveillance par IA lors des essais olympiques pour détecter des événements anormaux ou des comportements humains lors d’événements à grande échelle.
La technologie pourrait être cruciale pour contrecarrer des attaques telles que l’attentat à la bombe des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 ou l’attaque au camion de Nice en 2016, ont déclaré des responsables.
Les militants des droits de l’homme avertissent que cette technologie constitue une menace pour les libertés civiles.
QU’EST-CE QUE la surveillance basée sur l’IA ?
La vidéosurveillance algorithmique utilise un logiciel informatique pour analyser en temps réel les images capturées par les caméras de vidéosurveillance.
Quatre sociétés – Videtics, Orange Business, ChapsVision et Wintics – ont développé un logiciel d’IA qui utilise des algorithmes pour analyser les flux vidéo provenant des systèmes de vidéosurveillance existants afin d’aider à identifier les menaces potentielles dans les espaces publics.
Les algorithmes sont entraînés pour détecter des « événements » prédéfinis et des comportements anormaux et envoyer des alertes appropriées. Les humains décident alors si l’avertissement est réel et s’ils doivent agir en conséquence.
QUELS ALGORITHMES RECHERCHEZ-VOUS ?
La loi autorise huit « événements » différents à être signalés par un logiciel de surveillance par IA pendant les Jeux olympiques, notamment : les afflux de foule ; des foules immenses; objets abandonnés; présence ou usage d’armes ; quelqu’un sur le terrain ; cas d’incendie; enfreindre les règles de la circulation.
Dans cette catégorie, des seuils spécifiques (nombre de personnes, type de véhicule, heure de la journée, etc.) peuvent être définis manuellement en fonction de chaque événement, lieu ou menace.
QUI UTILISERA LA Surveillance Alimentée Par L’IA ?
La police nationale et locale, les pompiers et les agences de sécurité des transports publics auront tous accès à une surveillance basée sur l’IA.
Le logiciel, développé par Wintics et testé lors du concert Depeche Mode, sera déployé en région parisienne et dans les transports en commun.
Le chef de la police de Paris, Laurent Nunez, a qualifié le procès de largement réussi.
« Tout se passe relativement bien, tous les voyants sont au vert (pour une utilisation future) », a-t-il déclaré.
LA RECONNAISSANCE FACIALE SERA-T-ELLE UTILISÉE ?
Cela ne devrait pas être le cas. La nouvelle loi continue d’interdire la reconnaissance faciale dans la plupart des cas et les autorités françaises affirment qu’il s’agit d’une ligne rouge à ne pas franchir.
Toutefois, les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent des risques posés par cette mission.
« Les logiciels qui permettent une surveillance vidéo basée sur l’IA peuvent facilement activer la reconnaissance faciale. Il s’agit simplement d’un choix de configuration », a déclaré Katia Roux d’Amnesty International France.
Le cadre juridique régissant la reconnaissance faciale reste trop vague et les garanties techniques et juridiques insuffisantes, selon Amnesty International.
Le co-fondateur de Wintics, Matthias Houllier, a déclaré que ses algorithmes logiciels n’étaient pas formés pour la reconnaissance faciale.
« Il n’y a aucune méthode d’identification personnelle dans notre algorithme », a-t-il déclaré. « Techniquement, c’est exonéré. »
COMMENT LA VIE PRIVÉE SERAIT-ELLE PROTÉGÉE ?
Le ministère français de l’Intérieur a mis en place un comité d’évaluation chargé de surveiller les libertés publiques pendant la période d’essai.
Dirigée par un haut responsable du plus haut tribunal administratif de France, la commission comprend également le chef de la Commission nationale de protection de la vie privée, la CNIL, quatre députés et un maire.
(1$ = 0,9162 euros)
(Reportage de Juliette Jabkhiro et Julien Pretot ; édité par Richard Lough et Toby Davis)
« Érudit primé au bacon. Organisateur. Fanatique dévoué des médias sociaux. Passionné de café hardcore. »