Bongo du Gabon brigue un troisième mandat selon un sondage d’opinion national

Bongo et son principal rival Albert Ondo Ossa sont en tête de la course pour les 14 candidats en lice pour le poste le plus élevé dans ce petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole.

Des dizaines de personnes attendaient avant midi dans un bureau de vote du centre de Libreville, même si la majeure partie de la rue, décorée aux couleurs du parti Bongo au pouvoir, était étrangement calme samedi, selon un journaliste de l’AFP.

Le président sortant, âgé de 64 ans, a pris ses fonctions en 2009, succédant à son père Omar, décédé après plus de 41 ans au pouvoir.

Cependant, peu avant les élections, une conversation entre Ondo Ossa et d’autres personnalités de l’opposition a suscité des troubles.

La conversation – enregistrée à l’insu du couple et partagée sur les réseaux sociaux – fait référence à diverses stratégies « visant à créer une lutte de pouvoir » et au soutien d’autres pays.

Bongo a accusé les deux hommes de trahison et a déclaré que leurs déclarations reflétaient un complot visant à prendre le pouvoir avec l’aide d’une « puissance étrangère ».

Lors d’un rassemblement préélectoral auquel ont participé des dizaines de milliers de partisans à Libreville, Bongo a accusé les deux hommes de tenter de « détruire ce pays ».

« Nous n’allons pas les laisser faire », a-t-il déclaré.

Onda Ossa, professeur d’économie de 69 ans qui a été ministre sous Bongo de 2006 à 2009, a été sélectionnée par le principal groupe d’opposition, Alternance 2023, comme co-candidat huit jours seulement avant les élections.

Alternance 2023 a publié cette semaine un communiqué niant fermement la « vérité et l’authenticité de ces conversations » et accusant le gouvernement de « manipulation honteuse ».

Problèmes de santé

Pendant des années, Bongo, qui avait l’ambition de devenir chanteur de funk avant de se lancer en politique, a lutté sous l’ombre de son père charismatique.

En 2016, il a été réélu avec une faible marge, avec seulement 5 500 voix de plus que son rival, qui affirmait que les élections avaient été truquées.

L’annonce des résultats des élections a déclenché des violences dans la capitale Libreville qui ont fait cinq morts, selon le gouvernement. L’opposition affirme que 30 personnes ont été abattues par les forces de sécurité.

En octobre 2018, Bongo a été victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a tenu à l’écart pendant 10 mois.

Son absence prolongée a suscité des affirmations selon lesquelles il était inapte à gouverner efficacement et a déclenché une tentative de mini-coup d’État.

Il retourne au travail après sa convalescence et est déterminé à se montrer comme un homme dur, désireux d’extirper les « traîtres » et les « profiteurs » de son entourage.

Les visiteurs et les diplomates affirment que Bongo souffre actuellement d’un handicap mental mais qu’il a des problèmes de mobilité au bras et à la jambe droits.

Ces derniers mois, il a effectué des voyages à l’étranger et des tournées nationales pour défendre son palmarès et s’imposer comme un agent de changement.

Mais la plupart des journalistes étrangers n’ont pas été autorisés à couvrir les élections, et l’organisation française Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé une « atteinte au pluralisme des médias ».

« Les autorités gabonaises ont rejeté toutes les demandes d’accréditation des journalistes étrangers souhaitant couvrir l’élection », a-t-il déclaré, citant les demandes de Radio France International et du quotidien français Le Monde.

Le Département d’Etat américain a souligné vendredi « l’importance de la surveillance des élections » pour garantir « des élections libres, équitables et pacifiques ».

« Tous les Gabonais méritent cette opportunité de choisir leur avenir sans crainte de répression ou d’intimidation », a déclaré un porte-parole du département dans un communiqué.

– L’opposition a crié pourri –

En plus d’élire un président, les 850 000 électeurs gabonais éliront également des candidats aux élections législatives et aux conseils locaux.

Dans les jours qui ont précédé le vote, les principaux partis d’opposition ont bafoué les modifications apportées aux règles de vote lors des élections législatives de dernière minute, qui, selon eux, violaient la séparation des pouvoirs.

Cette nouvelle mesure stipule que chaque voix obtenue pour un représentant régional deviendra automatiquement une voix pour le candidat présidentiel de ce député.

Les critiques affirment que cette décision entraînera un « vote injuste », en faveur du Parti démocratique du Gabon (PDG) au pouvoir, car Ondo Ossa n’est soutenu par aucun parti.

Ondo Ossa a déclaré à l’AFP que s’il était élu : « je dissoudrai le Parlement et convoquerai de nouvelles élections » pour l’organe.

Le PDG dispose de la majorité des voix à l’Assemblée nationale qui mettra fin à son mandat.

La protestation contre les règles de vote fait suite à une autre controverse survenue il y a cinq mois.

Un changement a été introduit qui supprimait la nécessité d’un second tour si le premier ne parvenait pas à produire un vainqueur avec plus de 50 pour cent des voix.

Charlotte Baudin

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