Bayrou, principal allié de Macron, quitte le gouvernement français

Légende, François Bayrou (à droite) a démissionné du cabinet du président français Emmanuel Macron

Le ministre français de la Justice, François Bayrou, a démissionné mercredi quelques heures avant que le président Emmanuel Macron n’annonce la composition de son nouveau gouvernement.

Cela signifie que le parti centriste de M. Bayrou, le MoDem, a renoncé à ses trois postes ministériels en 24 heures.

Le président Macron est arrivé au pouvoir sur la promesse de lutter contre le mal politique.

Le MoDem, allié du parti La République en marche (LREM) de Macron, fait l’objet d’une enquête concernant des allégations selon lesquelles il aurait utilisé des fonds de l’Union européenne pour payer des employés du parti.

La ministre de la Défense et ancienne députée européenne Sylvie Goulard a été la première ministre MoDem à présenter sa démission mardi.

Après que M. Bayrou a annoncé sa démission mercredi matin, il est devenu clair que Marielle de Sarnez, la ministre des Affaires européennes, quittait également le gouvernement pour prendre la tête du MoDem à l’Assemblée nationale.

Légende, Marielle de Sarnez (au centre) est également connue pour avoir démissionné

Les démissions ne se sont pas limitées au parti de M. Bayrou. Le proche allié de M. Macron, Richard Ferrand, a démissionné lundi, sur fond d’allégations sans rapport selon lesquelles il aurait utilisé des informations privilégiées pour conclure des transactions immobilières lucratives pour son épouse alors qu’elle était à la tête d’une caisse commune d’assurance maladie.

M. Ferrand et Mme Goulard ont tous deux nié toute faute.

Toutefois, ces allégations jettent une ombre sur le nouveau gouvernement. C’est François Bayrou qui a exposé les détails d’un projet de loi visant à assainir la politique.

Les trois personnalités désignées pour remplacer les quatre démissionnaires sont des femmes qui travaillent dans la société civile et non en politique :

  • La juriste Nicole Belloubet quitte le Conseil constitutionnel pour remplacer François Bayrou au poste de ministre de la Justice
  • Nathalie Loiseau, ancienne diplomate et directrice de l’ENA, a été nommée ministre des Affaires européennes.
  • La directrice générale des chemins de fer et ancienne ministre socialiste du Budget, Florence Parly, a prononcé une déclaration pour sa défense.
  • Jacques Mézard, ancien membre du parti LREM du président, a quitté l’agriculture pour succéder à Richard Ferrand au poste de ministre de la cohésion territoriale

Les promesses de Macron de combler le fossé commencent-elles à s’effriter ? Analyse de Lucy Williamson, BBC News, Paris

Les relations entre le franc-parler François Bayrou et le gouvernement Macron sont tendues depuis des semaines.

Les journaux français regorgeaient de sources anonymes du parti présidentiel qui dénonçaient Bayrou comme un homme doté d’un « énorme ego » qui « arrête [them] du gouvernement. » « Nous ne pouvons pas continuer », dit l’un d’eux, « quand nous revenons toutes les cinq minutes pour vérifier si Bayrou n’a pas encore fait de dégâts. »

Légende, Sylvie Goulard a démissionné mardi de son poste de ministre de la Défense

Le départ de M. Bayrou montre combien il est difficile d’empêcher le scandale, même parmi ceux qui ont un passé politique notoire. Avec autant de nouveaux visages entrant au Parlement ce mois-ci après un processus de sélection rapide, le problème risque de se multiplier.

Le parti du président dispose d’une nette majorité au Parlement, même sans le soutien du MoDem. Cependant, après s’être engagé à combler le fossé gauche-droite dans la politique française, M. Macron pourrait plutôt être confronté à un gouffre plus profond avec ses alliés centristes.

Les projets de loi visant à assainir la politique incluent l’interdiction aux hommes politiques d’embaucher les membres de leur propre famille, des interdictions pouvant aller jusqu’à 10 ans pour les députés et les sénateurs reconnus coupables de corruption ou de fraude, et des réformes du financement des partis.

M. Macron espère certainement que cela apaisera les inquiétudes concernant son jeune gouvernement, qui a fait face à l’un de ses premiers obstacles jeudi lorsqu’il a proposé une nouvelle loi antiterroriste controversée.

Des documents divulgués au journal français Le Monde ont fait craindre aux défenseurs des libertés civiles de rendre permanentes les mesures d’urgence françaises, qui donnent aux autorités des pouvoirs supplémentaires, notamment la possibilité d’effectuer des perquisitions à tout moment.

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a déclaré au journal français Le Figaro [in French] La loi impliquerait quatre méthodes principales : créer des zones protégées autour de cibles potentielles, fermer les lieux de culte qui alimentent le terrorisme, remplacer l’assignation à résidence par des mesures personnalisées et confier aux juges l’entière responsabilité des perquisitions et des documents qui en résultent.

Roul Dennel

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