Aux Pays-Bas, les électeurs se rendent aux urnes pour des élections inattendues

Les électeurs des Pays-Bas se rendront aux urnes mercredi pour assister à des élections tendues qui changeront le paysage politique du pays après les 13 années record de Mark Rutte au pouvoir.

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Les sondages d’opinion ont fortement fluctué à l’approche du jour des élections, chacun des quatre candidats en tête ayant de réelles chances de diriger la cinquième économie de l’Union européenne.

L’enjeu est de taille : les Pays-Bas jouissent d’une grande influence au sein de l’Union européenne et sur la scène mondiale, sont un fervent partisan de l’Ukraine et d’une discipline budgétaire stricte dans la zone euro.

Les Pays-Bas pourraient-ils élire leur première femme Premier ministre ? Dilan Yesilgoz, leader du parti de centre-droit VVD et successeur de Rutte, espère mettre fin à sa carrière fulgurante en accédant aux plus hautes fonctions.

Née en Turquie, la charismatique femme de 46 ans a adopté une ligne dure en matière d’immigration et s’est engagée à réduire le nombre de réfugiés – un paradoxe pour beaucoup lorsqu’elle est arrivée jeune après que son père ait demandé l’asile.

Travailleuse, experte en médias et très présente sur Instagram, Yesilgoz a minimisé le fait qu’elle entrerait dans l’histoire en tant que première femme Premier ministre, mais a déclaré à l’AFP lors d’un récent rassemblement : « Il est temps ».

Yesilgoz a immédiatement fait sourciller en déclarant sa volonté d’accueillir le brandon anti-islam Geert Wilders dans la coalition dirigée par le VVD – un changement radical par rapport à la politique de Rutte.

Wilders a cherché à atténuer certaines de ses positions dures, affirmant même qu’il y avait des « problèmes plus importants » que la réduction du nombre de demandeurs d’asile et qu’il pourrait mettre certaines de ses positions anti-islam « au congélateur ».

Son parti, le PVV, semble prendre de l’ampleur dans les derniers jours de la campagne, bénéficiant d’une forte hausse dans les sondages d’opinion, et il semble prêt à jouer un rôle dans la lutte pour le pouvoir post-électorale.

La victoire de Wilders serait un choc politique ressenti en dehors des Pays-Bas, mais on ne sait pas clairement qui rejoindra la coalition dirigée par le PVV, ce qui complique la formation d’un gouvernement.

« Saint-Pierre »

Pieter Omtzigt, député improbable et lanceur d’alerte, a eu un impact majeur avec la création d’un tout nouveau parti, le Nouveau Contrat Social (NSC).

Surnommé « Saint Pieter » et considéré par beaucoup comme le Messie politique pour ses efforts visant à assainir la politique néerlandaise, il était autrefois considéré comme le favori.

Mais son soutien a semblé décliner dans les derniers jours de la campagne, freiné par l’incertitude quant à savoir s’il veut réellement occuper le poste le plus élevé.

Il a déclaré à l’AFP qu’être Premier ministre serait un « commandant en second », avant de finalement céder, face aux questions quotidiennes, en affirmant qu’il dirigerait un cabinet composé d’experts et non de politiciens.

Si Yesilgoz, Omtzigt et Wilders sont tous issus du spectre politique de droite, l’ancien commissaire européen Frans Timmermans espère construire un mur de gauche pour les bloquer.

Architecte du Green Deal de l’Union européenne, cet homme de 62 ans apporte à sa campagne son expérience, ses références en matière de climat et une aide fiable.

Il a également constaté un regain de soutien au cours des derniers jours, les analystes affirmant que les électeurs de gauche s’unissent au parti Vert/travailliste pour empêcher une coalition de droite.

L’immigration, le coût de la vie et une crise du logement qui touche particulièrement les jeunes électeurs néerlandais sont devenus des sujets électoraux clés.

Après le mandat de Rutte – entaché par tant de scandales qu’il est devenu connu sous le nom de « Marque du Téflon » pour sa capacité à survivre à toutes les circonstances – les Pays-Bas cherchent également à changer leur style de gouvernement, disent les experts.

Dans le système politique fragmenté des « polders » aux Pays-Bas, aucun parti n’est susceptible de remporter plus de 20 pour cent des voix, ce qui signifie que l’échange de coalition commence dès que les résultats des élections sont connus.

Il a fallu 271 jours pour former le gouvernement final.

Pour l’instant, la tension est énorme. « Quiconque sait qui va gagner ces élections ment », a déclaré à l’AFP la politologue Julia Wouters.

« Tout peut encore arriver. »

(AFP)

Charlotte Baudin

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