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Pap Ndiaye, historien spécialiste des minorités qui dirige actuellement le musée d’histoire de l’immigration à Paris, a été le choix surprise du président Emmanuel Macron à la tête du ministère français de l’Éducation.
Alors que la plupart des postes ministériels de haut niveau dans le nouveau cabinet de Macron visant à amener le gouvernement aux élections législatives du mois prochain se sont déroulés comme prévu, la candidature de Ndiaye a pris la plupart des observateurs par surprise.
Sa nomination s’accompagne d’une tradition pour Macron de prendre des personnalités françaises extérieures à la politique à la tête du ministère, après avoir nommé l’avocat vedette de la défense Eric Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice en 2020.
Ndiaye est un historien au profil international, spécialisé dans l’histoire sociale des États-Unis et des minorités, nommé l’an dernier à la tête du Musée de l’histoire de l’immigration.
Il lui faut désormais mettre à profit toute son expérience et ses connaissances pour relever les nouveaux défis de l’éducation nationale, qui a connu ces dernières années de fortes tensions entre son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, et les enseignants.
Né en dehors de Paris d’un père sénégalais et d’une mère française, Ndiaye a été pendant de nombreuses années professeur à l’université d’élite Sciences Po à Paris.
« Dans le domaine de l’histoire, c’était quelqu’un d’innovant et capable de montrer de nouvelles manières d’appréhender le passé », explique l’historien Pascal Blanchard.
« C’est un enseignant qui sait ce que c’est que d’être devant la classe d’un élève », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant : « Dans une société diversifiée, il est important d’avoir quelqu’un qui prête attention à la diversité ».
« Champ des possibles »
Ndiaye a d’abord accédé à la notoriété nationale avec son ouvrage de 2008 « La condition noire, un essai sur la minorité française ».
« Mon objectif est d’apporter l’argumentation et les connaissances les plus fortes possibles à des jeunes qui n’ont pas de références solides », expliquait-il à l’AFP en mars 2021, lors de sa prise de fonction au musée de l’immigration.
« Il me semble que cela fait partie de mon rôle d’enseignant d’offrir cette base », a-t-il déclaré.
Il a déclaré à l’époque que sa nomination au musée devait ouvrir des « champs du possible » aux jeunes « non blancs », soulignant que sa nomination était due à une longue carrière d’universitaire.
« Je ne suis pas aveugle ni ne tourne le dos à la question des symboles. J’applique également la même chose à mon teint. »
En 2019, il consulte pour une exposition au musée d’Orsay à Paris sur les mannequins noirs, et en 2020 il co-écrit un reportage sur la diversité à l’Opéra de Paris.
Sa sœur aînée est l’éminente romancière et dramaturge française Marie Ndiaye.
Certains dans la gauche française ont réagi avec surprise que le célèbre historien du changement social soit maintenant au gouvernement.
« J’ai été étonné. Je ne l’ai pas vu du tout là-bas », a déclaré Alexis Corbière du parti de gauche français Unbowed. Il a déclaré que « l’action médiatique » ne désamorcerait pas la colère au sein du système éducatif français.
Le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants du secondaire, a salué la nomination de Ndiaye « comme une rupture avec Jean-Michel Blanquer à plus d’un titre ».
Mais il a également averti que l’éducation n’était « pas seulement gouvernée par des symboles » et qu’une réponse rapide était nécessaire « notamment en termes de salaires ».
(AFP)
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