Pourquoi la France interdit le hijab à ses athlètes olympiques

UNAprès des mois de campagne menée par les organisations sportives, la France n’est pas revenue sur sa décision d’interdire aux athlètes français observant le hijab de participer aux Jeux olympiques d’été ; une décision qui, selon les organisations de défense des droits de l’homme, est, au mieux, en contradiction avec l’engagement de la nation à maintenir les objectifs premiers jeux pour l’égalité des sexeset, au pire, une violation des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme.

« Cela montre aux femmes musulmanes que lorsque les autorités françaises parlent d’égalité entre les hommes et les femmes, elles ne les voient pas comme des femmes. Ils ne les comptent pas », déclare Anna Błuś, chercheuse sur les droits des femmes en Europe à Amnesty International. « Il est vraiment important que les principales organisations de défense des droits humains comme la nôtre s’expriment très clairement sur cette question et manifestent publiquement leur solidarité avec les groupes de défense des droits des femmes musulmanes », déclare Błuś. « Ces communautés et ces femmes sont diabolisées et vilipendées depuis des années. »

Amnesty International mardi a publié un rapport dénonçant les autorités françaises pour « l’hypocrisie discriminatoire » de l’interdiction du hijab dans de nombreux sports, dont le football, le volley-ball et le basket-ball. Le rapport d’Amnesty détaille les discriminations raciales et de genre ainsi que les barrières à l’entrée auxquelles sont actuellement confrontés les athlètes musulmans français aux niveaux professionnel et amateur. Il aborde également le refus du CIO de faire pression sur les autorités pour qu’elles lèvent l’interdiction, qui ne s’applique pas aux participants non français aux Jeux olympiques.

En septembre, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a déclaré qu’une interdiction serait en place pour les Jeux olympiques, bien que le Comité international olympique (CIO) n’ait pas de règle uniforme interdisant le port du foulard. Cette clause fait partie d’un nombre croissant de politiques laïques en France qui affectent de manière disproportionnée les filles et les femmes musulmanes, selon Błuś, y compris le interdiction de 2004 de « symboles religieux ostentatoires » dans les écoles publiques qui ont vu le hijab interdit, suivi d’une Décision de 2023 interdire aux étudiants de porter l’abaya, une robe modeste.

Dans une déclaration envoyée au TIME, le CIO a déclaré que si ses propres règles signifient que les femmes sont libres d’observer le hijab, les athlètes concourant pour les équipes nationales de France sont considérées comme des agents publics qui doivent agir conformément aux contextes nationaux. «Cela signifie qu’ils doivent respecter les principes de laïcité (laïcité) et de neutralité, ce qui, selon la loi française, signifie l’interdiction de porter des symboles extérieurement religieux, y compris le hijab, le foulard et le foulard, lorsqu’ils agissent à titre officiel et en mission officielle. . occasions en tant que membres de l’équipe de France », peut-on lire dans la note. Les athlètes, y compris français, peuvent porter le hijab dans les villages des athlètes.

Une athlète française portant le hijab s’est qualifiée pour les Jeux olympiques de 2024, selon le communiqué du CIO, mais affirme que la situation « a été résolue à la satisfaction de tous ».

Réponses à vos questions sur les Jeux olympiques

Un porte-parole du ministère français des Sports affirme que même si un athlète « ne sera jamais exclu d’une compétition en raison de ses convictions religieuses », les règles de laïcité servent de « cadre » au port de symboles religieux, dont il estime qu’il s’agit du hijab. « En France, il n’existe pas d’interdiction générale du port du foulard sur les terrains de sport. La loi, précisée par la jurisprudence administrative, prévoit deux cas précis », ajoute le communiqué, soulignant l’interdiction des symboles politiques et religieux pour les athlètes des équipes de France et pour la pratique amateur engagée.

Quel impact l’interdiction française du hijab a-t-elle sur les athlètes musulmans ?

Les réglementations contre les symboles religieux ne sont pas propres aux Jeux olympiques et sont répandues dans les sports français, tant au niveau récréatif que professionnel. L’une de ces interdictions de la Fédération française de basket-ball (FFBB), appelée article 9.3, est entrée en vigueur en décembre 2022 et interdit le port de « tout équipement à connotation religieuse ou politique ».

Parmi ceux qui luttent pour une réforme de la réglementation figure Hélène Bâ, une basketteuse de 22 ans qui pratique ce sport depuis l’âge de cinq ans. Bâ a fait une pause dans le basket pendant quatre ans tout en étudiant le droit international à l’université, avant de tenter de revenir au jeu professionnel en 2022. C’est à ce moment-là qu’elle a appris que la Fédération française de basket interdisait les accessoires qui couvrent la tête.

« Ça a été un vrai choc pour moi, car nous savons ce que cela signifie dans le contexte français, cela veut dire qu’on ne peut pas jouer comme un joueur de hijabi », a déclaré Bâ, qui ne participera pas aux Jeux olympiques cet été, au TIME. « Je suis allée au match dans une autre ville et l’arbitre a dit à mon entraîneur que je ne pouvais pas jouer avec mon hijab de sport », raconte Bâ, soulignant que son entraîneur lui avait dit que l’arbitre voulait qu’elle l’enlève, ainsi que le long hijab. -t-shirt à manches. -Chemise. Bâ a déclaré que l’arbitre avait déclaré que ses vêtements étaient « dangereux » et lui avait interdit de jouer à moins qu’elle ne les enlève. Elle est restée sur le banc tout au long du match, peu disposée à sacrifier ses convictions pour participer.

«Lorsque vous ne pouvez pas jouer, le premier impact se fait sentir sur votre santé mentale, surtout lorsque le sport et le basket-ball occupent une si grande place dans votre vie», explique Bâ. « C’est difficile aussi parce que d’un point de vue santé physique on ne fait plus de sport. »

Bâ n’est pas seul dans cette expérience. Diaba Konaté, 24 ans, était une jeune basketteuse talentueuse au sommet de son art lorsqu’elle a atteint la finale du Championnat d’Europe U18 et des Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2018. (Elle ne participera pas aux Jeux olympiques cet été.) bourse complète pour jouer pour l’UC Irvine aux États-Unis. Mais la perspective de jouer à nouveau pour la France est devenue insaisissable en raison de l’interdiction du hijab. Konaté il a dit à Al Jazeera elle a commencé à porter le hijab il y a deux ans et a été « humiliée » lorsqu’on lui a dit qu’elle ne pourrait pas participer aux tournois français si elle ne l’enlevait pas.

Basket Pour Toutes

Konaté a retrouvé la communauté Des poubelles pour tout le monde (Basketball For All), un groupe co-fondé par Bâ, avec l’entraîneur Timothée Gauthierot et la sociologue Haifa Tlili. Le collectif a été créé en octobre 2023 dans le but de lutter contre la discrimination dans le basket-ball et de donner un sentiment de communauté aux jeunes filles qui observent le hijab et aiment ce sport. Elle est composée de joueurs, d’entraîneurs et de défenseurs des droits humains qui se rassemblent pour se mobiliser en faveur du changement et organiser des événements.

Des femmes se faisant appeler « Hidjabers » posent avec une banderole indiquant en français « #football pour tous » avant de jouer au football dans le jardin du Luxembourg devant le Sénat français à Paris le 26 janvier 2022.Bertrand Guay—AFP/Getty Images

Basket Pour Toutes et l’Alliance Sport & Droits a écrit une lettre au CIO en mai, qui a été publié en juin, appelant l’organisme à faire pression sur la France pour qu’elle abolisse son interdiction discriminatoire. « Notre message est que nous voulons juste faire du sport. Les femmes musulmanes qui portent le hijab ont des droits comme n’importe quel autre citoyen », affirme Bâ.

Bâ affirme que les jeunes filles musulmanes avec lesquelles ils interagissent méritent de voir les membres de leur communauté se produire au plus haut niveau dans leur sport, y compris aux Jeux olympiques. « S’ils voient des joueuses françaises hijabi, ils diront ‘d’accord, je pourrais être cette fille, je peux être cette joueuse, je peux être cette athlète' », dit-elle. Sans cela, et sans une voie claire pour pratiquer un sport selon leurs conditions, elle craint que les filles musulmanes ne reçoivent le message que le sport n’est pas pour elles.

Tlili dit avoir observé de nombreux Français musulmans désireux de s’expatrier et de jouer à l’étranger, ajoutant que certains joueurs français musulmans se sentent obligés de choisir entre leur identité et leur sport. « Ce n’est pas ce qu’ils veulent », dit Tlili. « Ils ont vraiment envie de pratiquer en France car toute leur famille et leurs amis sont là-bas et ils sont fiers d’être français. »

Fernand Lefevre

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