Bien entendu, une différence importante entre les débuts de la Troisième République et la Cinquième République vieillissante était que, cette fois, il y avait trois blocs politiques et idéologiques, et non deux. Cependant, même si le parti Renaissance de Macron a obtenu de meilleurs résultats que prévu – comme le rapporte Le Monde, le Premier ministre Gabriel Attal a fait «sauver les meubles», ou sauver ce qu’il peut de la débâcle de Macron – le parti semble destiné à la mortinatalité plutôt qu’à la renaissance.
Cependant, l’histoire est très différente des deux autres blocs.
Même si le Parti national n’a pas obtenu la majorité absolue ni la majorité relative comme le prédisaient les sondages, ce parti a quand même augmenté sa part des voix à, plus ouides niveaux sans précédent, de 9 millions au premier tour à plus de 11 millions au deuxième tour. Le parti de Marine Le Pen présente également plus qu’une ressemblance passagère avec l’Ordre Moral dans sa réaction allergique aux idéaux de 1789 – liberté, égalité et fraternité – ainsi que par son mélange bonapartiste de régime autoritaire avec la patine démocratique des référendums.
Enfin – et c’est là la principale similitude – le Nouveau Front populaire est au bord d’une victoire qui, à l’instar des républicains Gambetta il y a un siècle et demi, a le potentiel de changer le cours de l’histoire de France. Autrement dit, cela pourrait transformer ce qui était essentiellement une monarchie républicaine établie par Charles de Gaulle en 1958 en une république parlementaire envisagée, bien que non pleinement réalisée, par Gambetta en 1877.
Peu après l’annonce des résultats du second tour – la première place du Nouveau Front populaire ayant surpris tout le monde, y compris ses propres dirigeants et membres – Attal a déclaré : «le centre de gravité reposera plus que jamais entre les mains du Parlement.» Et c’est précisément là que les quatre partis qui composent la coalition – les socialistes, les écologistes, les communistes et les résistants français – ont longtemps insisté sur le fait que le pouvoir leur appartenait.
Cependant, il reste encore de formidables forces, tant externes qu’internes, à vaincre, et toutes deux commencent par la lettre « M » : Macron, d’une part, utilisera le pouvoir dont il dispose – à commencer par sa liberté de choisir qui il veut. former un nouveau gouvernement – pour saper le processus. En revanche, le leader obstiné de Defiant France, Jean-Luc Mélenchon, userait de son influence pour empêcher les compromis nécessaires à la formation d’un gouvernement efficace.
Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés. Comme le résume Clémentine Autain, ancienne membre éloquente de Defiant France – et l’une des principales critiques des propres tendances autoritaires de Mélenchon – les défis auxquels est confrontée la coalition: « Le Nouveau Front populaire est désormais acculé et doit se restructurer pour entretenir l’espoir qu’il a inspiré. Si cette coalition s’effondre, nous ne parviendrons pas à accomplir la tâche historique qui nous a été confiée.»
Près d’une semaine s’est écoulée depuis l’avertissement d’Autain, mais le Nouveau Front populaire ne s’est pas encore mis d’accord sur un candidat au poste de Premier ministre. Et alors que la France approche de ce tournant historique, elle est désormais confrontée au risque que les dirigeants de sa coalition ne parviennent pas à la soutenir.
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