Le projet de loi du gouvernement sur l’immigration a été voté par le Sénat français à une large majorité mardi après que la plupart des dispositions clés ont été renforcées, l’accès aux visas de travail pour les immigrants de longue durée a été restreint et l’aide médicale aux migrants en situation irrégulière a été entièrement supprimée.
Le projet de loi vise également à faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière « qui constituent une menace grave pour l’ordre public » tout en augmentant les ressources pour lutter contre les réseaux de passeurs, notamment en Méditerranée.
Enfin, la nouvelle disposition accorde automatiquement des visas de travail d’un an aux migrants irréguliers travaillant dans des secteurs économiques confrontés à de graves pénuries de main-d’œuvre.
Initialement, le projet de loi a relevé la barre pour les migrants irréguliers pour obtenir un permis de séjour en France – en imposant de nouvelles exigences linguistiques plus strictes. Tous les migrants demandeurs de permis doivent également jurer de respecter les principes de la République française, sous peine de rejet de leur demande d’asile.
« Afflux massif d’immigration »
Le Sénat, qui détient une majorité conservatrice, a largement durci les termes du texte, avec le soutien du ministre de l’Intérieur en charge du dossier, Gérald Darmanin.
Ils ont aboli l’approbation automatique des visas de travail et l’ont remplacé par des conditions et une portée plus strictes qui n’accorderaient des visas que dans certaines circonstances – arguant que cela attirerait les immigrants potentiels en France à la recherche de travail.
« La France a perdu une véritable vision de la politique d’immigration », a déclaré le sénateur conservateur à l’origine du document, François-Noël Buffet, qui estime que l’octroi automatique de visas de travail contribuerait à un « afflux massif d’immigration ».
En revanche, son collègue du Parti communiste, Ian Brossat, a soutenu que l’octroi de visas à des migrants illégaux qui sont déjà des membres actifs de la société – même si cela n’est pas reconnu par la loi – était simplement du « pragmatisme » alors que des pénuries de main-d’œuvre se produisaient dans tout le pays.
L’accès aux soins médicaux d’urgence gratuits pour les migrants en situation irrégulière dont les demandes d’asile sont en cours de traitement, ce qui dure depuis des décennies, a également été réduit en raison du régime d’urgence plus strict. Encore une fois, un argument courant de la majorité conservatrice est que cela est trop attrayant pour les migrants, qui choisissent de « magasiner sur le forum » des pays de l’UE offrant les meilleures prestations.
Un argument largement infondé, selon l’opposition, est que les pathologies graves seront plus longues à traiter et que l’assistance médicale coûtera plus cher aux contribuables.
Quelque 3 500 membres du personnel médical ont signé une « lettre de désobéissance » publiée samedi, déclarant qu’ils refuseraient de cesser de fournir des soins médicaux aux migrants illégaux si la loi était pleinement appliquée.
Parmi les autres nouvelles dispositions, citons l’obligation pour les migrants légaux de rester dans le pays pendant cinq ans (au lieu de six mois actuellement) avant de pouvoir bénéficier de certaines prestations, notamment de l’aide familiale. Dans le même temps, le regroupement familial a été limité et le seuil a été fixé pour que les migrants déjà présents dans le pays puissent faire venir légalement d’autres membres de leur famille dans le pays.
Une vision plus nuancée
Malgré les affirmations selon lesquelles la France aurait été trop généreuse au niveau européen, de nombreux experts appellent à une lecture plus approfondie de la situation.
« La France a enregistré et accueilli 38 000 immigrés [having fled Syria] au cours des dix dernières années […] L’Allemagne, en revanche, a enregistré 770 000 cas. [in the same period]: c’est 25 fois plus que la France », expert en immigration François Héran écrire dans un Le Monde opinion-éd.
La même tendance s’applique également aux réfugiés afghans : 11 % de l’ensemble des demandes d’asile déposées en France depuis l’été 2021, contre 34 % en Allemagne.
Aujourd’hui, l’argument selon lequel la France, qui « aspire » les immigrés, devrait devenir plus restrictive « est hors de question », a ajouté Héran.
Darmanin a salué le vote, estimant qu’il permettrait au pays de « prendre une position ferme à l’égard des immigrés indisciplinés, tout en facilitant la légalisation des migrants qui souhaitent travailler et vivre selon les principes du Parti républicain ».
Le texte sera désormais soumis à l’Assemblée nationale plus tard ce mois-ci, qui a le pouvoir de déterminer le contenu du projet final. Le gouvernement prévoit d’adopter officiellement le projet de loi d’ici la fin de cette année.
Avant les élections européennes, le Rassemblement National (RN) d’extrême droite est en tête des voix avec une marge de 29%, contre le Parti Renaissance pro-Macron avec 22% et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en tête de campagne, le dernier en date. Sondage Ipsos découverte vendredi 10 novembre.
Ce chiffre est tombé à 20 % sous la direction de l’actuel président de Renew, Stéphane Séjourné. Place Publique des Verts et Raphaël Glucksmann de gauche se disputeront la troisième place avec 10,5% chacun, suivis par La France Insoumise de gauche avec 8,5%.
(Théo Bourgery-Gonse | Euractiv.fr)
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