Macron a rencontré les dirigeants de l’opposition française pour tenter de sortir de l’impasse politique

Le président Emmanuel Macron a rencontré mercredi les dirigeants de tous les partis politiques français, y compris ses plus farouches opposants, à l’extérieur de Paris dans le but de sortir de l’impasse dans un Parlement sans majorité.

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Ayant perdu la majorité absolue à la chambre basse de l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de l’année dernière, Macron a déclaré vouloir des « discussions franches, franches et directes » visant à « agir ensemble » dans l’intérêt des électeurs.

Dans une lettre invitant les dirigeants des partis de gauche à droite, Macron s’est engagé à travailler ensemble à la rédaction de nouvelles lois et à organiser « si nécessaire » un référendum – un outil politique rare qui s’est déjà retourné contre lui.

« Nous sommes ici sans illusions, mais avec détermination », a déclaré Manuel Bompard, coordinateur du groupe de gauche France Insoumise, alors que lui et d’autres dirigeants de gauche de l’alliance NUPES sont arrivés mercredi après-midi.

« Chaque fois que nous pourrons venir faire des propositions concrètes, nous le ferons », a ajouté le chef du Parti socialiste Olivier Faure.

Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) de droite, a déclaré aux journalistes que mercredi était « l’occasion d’une discussion honnête », et a déclaré qu’il ne serait pas le « plus tolérant » à l’égard de Macron.

Les discussions se dérouleront à huis clos, les participants remettant leurs téléphones.

Une idée en cours de discussion serait que le gouvernement organise un « préférendum », une consultation publique non contraignante qui poserait aux électeurs des questions à choix multiples sur des questions telles que l’immigration ou l’éducation.

Les référendums traditionnels avec une seule question, oui ou non, ont vu dans le passé des électeurs chercher à censurer le président lui-même, comme l’ont fait François Mitterrand et Jacques Chirac sur les questions européennes en 1992 et 2005.

« En posant plusieurs questions, le public peut exprimer une question et répondre à une autre », a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur la chaîne BFMTV.

Légitimité

Les groupes conservateurs et d’extrême droite ont appelé à un référendum sur l’immigration tandis que l’alliance des partis de gauche NUPES souhaite que les électeurs aient leur mot à dire sur les modifications controversées des retraites votées par Macron.

Le Parti Renaissance de Macron préfère un référendum comportant « entre trois et cinq questions », notamment sur la réforme institutionnelle.

« C’est une façon de regagner de la légitimité si le peuple vote oui », a déclaré un haut législateur de Renaissance.

En revanche, « si ces nouvelles ‘innovations démocratiques’ ne sont que des paroles creuses, alors Emmanuel Macron n’aura pas le pouvoir de sortir son second mandat de l’impasse », écrit le quotidien Le Monde.

Les constitutionnalistes ont également émis des doutes, l’expert Bertrand Mathieu expliquant au Monde qu’il s’agissait « d’une procédure inédite, une sorte de sondage d’opinion à grande échelle organisé par l’Etat ».

« Rien ne peut lier par la suite les institutions législatives et exécutives, et personne ne peut demander au Conseil constitutionnel de confirmer que le scrutin est respecté », a-t-il ajouté.

«Éviter à tout prix les blocages»

Les dirigeants politiques se sont réunis à Saint-Denis, près de Paris, une banlieue pauvre qui a été frappée par des troubles fin juin et début juillet suite à la fusillade par la police d’un adolescent algérien lors d’un contrôle routier.

Deux tables rondes discuteront des affaires internationales et des éventuelles réformes institutionnelles, et un dîner ultérieur abordera les questions mises en évidence par les troubles : l’éducation, l’intégration, les inégalités et « l’autorité », a indiqué le bureau présidentiel de l’Elysée.

Le gouvernement minoritaire centriste de Macron semble s’essouffler avec une stratégie d’alliances législatives et le recours à des mécanismes impopulaires pour adopter des lois sans vote, notamment pour faire adopter des modifications contestées sur les retraites plus tôt cette année.

Désormais, le président « veut éviter un blocage par tous les moyens disponibles », a déclaré à l’AFP un haut responsable de son entourage.

Macron « veut voir où il y a des divergences d’opinions, et si ces divergences ne peuvent être surmontées, voir quels sujets les électeurs français peuvent décider » lors d’un référendum.

(AFP)

Charlotte Baudin

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