L’interdiction de l’abaya par Macron bouge à droite et divise à gauche – POLITICO

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PARIS — En interdisant les abayas dans les écoles, le président français Emmanuel Macron a fait d’une pierre deux coups : il a envoyé un signal à droite et a divisé la gauche.

Mais il risque aussi d’ouvrir la boîte de Pandore.

La décision d’interdire les robes longues et fluides portées par certaines femmes musulmanes a mis fin à une période d’indécision au plus haut niveau du gouvernement quant à son approche du principe sacré de la laïcité en France.

Le message délivré cette semaine par le cabinet Macron était celui de la détermination et du courage. Le nouveau ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a déclaré que les écoles françaises étaient « mises à l’épreuve », tandis qu’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a qualifié le port de l’abaya d’« attaque politique ».

Attal estime que le gouvernement agit pour endiguer une les tendances des étudiants augmentent porter des vêtements musulmans malgré une interdiction en 2004 des symboles religieux, notamment le foulard ou le foulard, dans les écoles publiques.

Bruno Jeanbart, vice-président de l’agence de sondage OpinionWay, a qualifié le sujet de sensible au niveau législatif. « Qu’entend-on par marquages ​​religieux et qu’entend-on par code vestimentaire ? » » dit-il en résumant l’essence du problème. Les nouvelles directives du gouvernement ne mettront pas fin au débat sur la tenue vestimentaire appropriée à l’école, estime-t-il.

« Ce n’est que le début de l’histoire. « Nous verrons des cas où des élèves se verront refuser l’entrée à l’école », a déclaré Jeanbart. « S’ils vont au tribunal et gagnent, la question est : avons-nous besoin de nouvelles lois ?

Des amis au bon endroit

La position ferme du gouvernement sur ce sujet délicat est visible dans tout le spectre politique – à l’heure où Macron cherche de nouveaux alliés.

Bien que le président français ait abandonné son intention d’élargir sa coalition actuelle à d’autres partis après sa défaite aux élections législatives de l’année dernière, il cherche toujours le soutien des groupes conservateurs de droite alors que le gouvernement prépare une législation sensible sur des sujets tels que l’immigration.

Les groupes conservateurs, qui ont demandé l’interdiction des symboles religieux dans les universités, devraient saluer cette décision. Même le Parti national de droite – qui s’est traditionnellement distancié du gouvernement Macron – a salué la décision du gouvernement.

Les discours durs sur la laïcité visaient probablement à envoyer le signal que le parti libéral Renaissance de Macron est capable de changer et de faire des concessions sur des questions qui sont le pilier de la droite.

De l’autre côté de l’échiquier politique, la décision a suscité l’indignation des groupes de gauche, la députée de gauche France Unbowed Clémentine Autain accusant le gouvernement d’essayer de « surveiller » les vêtements des femmes.

La députée française de gauche Clémentine Autain accuse le gouvernement de tenter de « surveiller » les vêtements féminins | Thomas Samson/AFP via Getty Images

Cependant, tous les groupes de gauche français n’ont pas réagi avec désapprobation, révélant ainsi les divisions internes sur la laïcité au sein de la coalition de gauche Nupes. Les socialistes et les communistes ont salué cette interdiction, conformément à leur passé laïc et à leur opposition à l’influence de l’Église catholique.

Mercredi, Macron a rencontré les dirigeants des partis d’opposition, notamment ceux du Rassemblement national de droite et de France Insoumise, de gauche, pour discuter de ce qu’il a vaguement décrit comme une « vaste initiative politique » visant à trouver un terrain politique commun.

Suivi de l’opinion publique

Le large soutien politique en faveur de l’interdiction reflète également l’opinion publique française qui soutient fermement le maintien de la laïcité dans les écoles publiques. Selon un récent sondage IFOP77 % des Français sont « opposés » aux signes religieux dans le secondaire, tandis qu’un peu moins de la moitié de la population se déclare « fortement opposée » aux signes religieux dans le secondaire.

Une loi de 2004 interdisant le hijab dans les écoles a fermement renforcé la laïcité dans l’éducation, de sorte que les tensions autour de ce sujet se sont apaisées à cette époque. Cependant, ce conflit a repris après la décapitation d’un professeur de français en 2020, au milieu d’une vague d’attentats terroristes en France et dans les pays voisins.

Le prédécesseur d’Attal, l’ancien ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, n’a pas réussi à établir une position claire sur la laïcité et a refusé d’interdire les abayas dans les écoles, laissant la question à la discrétion des directeurs d’école.

La loi de 2004 interdisant le port du foulard dans les écoles a fermement renforcé la laïcité dans l’éducation, apaisant les tensions autour du sujet à l’époque | Joël Saget/AFP via Getty Images

Attal, nommé en juillet, a cherché à se dissocier de la position de Ndiaye, selon Jeanbart. « Les ministres sentent que de plus en plus de gens s’opposent aux abayas dans les écoles, et ils doivent agir, car s’ils ne le font pas, il y aura alors un autre argument en faveur du vote. [for far-right Marine] Le Pen », a-t-il déclaré.

Cependant, derrière ces signaux et attitudes dures, le gouvernement pourrait se cacher derrière une base juridique faible.

« Il est très risqué d’élargir la définition d’un signe religieux, surtout s’il s’agit d’un signe religieux [who wear abayas] « Il s’agissait de vêtements culturels et non religieux », a déclaré Lauren Bakir, universitaire de l’Université de Strasbourg spécialisée en droit et laïcité.

Selon Bakir, les restrictions à la liberté religieuse au nom de la laïcité reposent sur des bases juridiques et constitutionnelles. « Et à mesure que nous érodons de plus en plus ces libertés, nous sommes confrontés à des décisions de plus en plus politiques », a-t-il déclaré.

Le parti La France Insoumise a annoncé qu’il contesterait devant les tribunaux les nouvelles réglementations du gouvernement.

CORRECTION : Cet article a été corrigé pour indiquer que France Insoumise et Rassemblement National ont été invités à assister à une réunion avec le président français mercredi.

Charlotte Baudin

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