Explication : la France ne boycotte pas les artistes africains, a assuré la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak

Explication : La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, a précisé que « la France a toujours été un pays ouvert et accueillant pour les artistes », suite à une lettre controversée envoyée cette semaine ordonnant aux institutions culturelles de suspendre toute coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Une lettre envoyée en début de semaine par la Direction générale des affaires culturelles (DRAC), adressée au Centre national du théâtre et de la chorégraphie, a suscité un grand émoi dans la communauté culturelle du pays.

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La lettre appelle à l’arrêt immédiat de tous les projets impliquant des ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, suite à la crise entre la France et les trois pays du Sahel.

Les institutions culturelles subventionnées ont été informées mercredi 13 septembre par le ministère des Affaires étrangères et européennes qu’elles doivent « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ».

« Tous les projets de coopération menés par votre institution ou département avec des institutions ou des citoyens des trois pays doivent être suspendus, sans délai et sans exception. « Tout soutien financier devrait également être suspendu, y compris à travers les structures françaises comme les associations », précise le communiqué. . « De même, les invitations ne doivent être adressées aux citoyens d’aucun de ces pays. A partir d’aujourd’hui, la France ne délivrera plus de visa aux citoyens de ces trois pays, sans exception, et jusqu’à nouvel ordre. »

La communauté culturelle française et le Syndicat national des entreprises des arts et de la culture (SYNDEAC) s’indignent face à la rupture sans précédent du dialogue avec les pays où des coups d’État ont eu lieu ces derniers mois. De telles mesures radicales reflètent l’influence croissante de la politique sur la programmation culturelle et la faiblesse de la politique française de solidarité artistique internationale – portant notamment un coup dur à la Convention de l’UNESCO de 2005 « sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ».

Le SYNDEAC a publié un communiqué affirmant que cette lettre « n’a aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une énorme erreur d’un point de vue politique ». Le syndicat a également souligné que l’interdiction des artistes et de leurs œuvres après d’autres crises internationales n’a jamais été un problème, citant la Russie comme exemple récent.

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a déclaré qu’« il n’y a jamais eu d’attaque russe contre l’ambassade de France » et que les projets déjà en cours ne seraient pas affectés.

La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, a répondu en déclarant que la France n’avait pas l’intention de rompre les liens culturels avec les trois pays.

« Je suis très attaché aux liens culturels qui existent de longue date entre ces pays et la France », a déclaré Abdul-Malak sur la radio RTL, vendredi 15 septembre. «Mais il existe désormais un contexte sécuritaire très particulier, et les conditions se détériorent particulièrement au Niger, au Burkina Faso et au Mali.»

« La France a toujours été un pays ouvert et accueillant aux artistes, ce n’est donc pas un changement de politique. « Il s’agit d’une adaptation à un contexte sécuritaire très dégradé », a poursuivi le ministre. « La France a dû réduire le personnel de ses ambassades et consulats et fermer les services de visa. Il est donc physiquement impossible de donner des visas aux artistes et aux particuliers venant de ces pays en France… Nous n’avons jamais boycotté les artistes de nulle part. »

Il a ajouté qu’il avait demandé à son ministère d’envoyer des « clarifications » aux entreprises de divertissement, ajoutant que seuls les nouveaux projets nécessiteraient des visas de voyage pour les artistes.

Le gouvernement du Niger a été renversé lors d’un coup d’État militaire le 26 juillet, lorsque le général Abdourahamane Tchiani a mené une intervention militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum. L’armée a pris le pouvoir au Burkina Faso voisin en 2022 et l’armée malienne combat également une alliance rebelle depuis août, ce qui a conduit la France à interdire les visas et à suspendre l’aide au développement aux trois pays.

Sources supplémentaires • RTL, Libération

Charlotte Baudin

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