Chaque année, haut lieu de l’art contemporain français, la Villa Noailles l’accueille Défilé de conception, avec des célébrations coïncidant à Toulon pour l’architecture d’intérieur et à Hyères pour le design. Fondé et dirigé par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, le festival est devenu la voix prééminente des nouvelles créations contemporaines.

C’est notamment grâce au concours annuel de design, qui présente cette année un jury dirigé par Aline Asmar d’Amman et Noé Duchaufour-Lawrance. A la fin du mois dernier, le public a pris connaissance des lauréats parmi les jeunes talents à l’honneur. Lisez la suite pour en savoir plus sur les récipiendaires remarquables et leur travail inspirant.

Clément Rosenberg

Lauréat du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels Award

Diplômé du département DSAA Mode et Environnement de Duperré et de l’ENSCI-Les Ateliers, Rosenberg a choisi les grillons, motif méditerranéen, pour son installation, baptisée Chambre Tapissée Pour Cigale en Hiver, qui se traduit par « une pièce recouverte de moquette pour les grillons en hiver ». La cigale passe la majeure partie de sa vie enterrée et protégée avant de déployer ses ailes et de remplir le paysage méridional de son chant puissant. Il associe les insectes à l’emblème d’une Méditerranée imaginaire, celle qui unira l’Occitanie et la Provence sous les couleurs symboliques – indigo, terre cuite, jaune – qu’il colore tapisseries, rideaux et cintres. Le résultat est une chambre médiévale fluide et raffinée dans sa compréhension sensible et référentielle du sud de la France.

Mathieu Tran Nguyen

Bénéficiaire de l’attention spéciale du jury

L’osier, le raphia, la soie grège et le bambou tissé sont les matériaux utilisés partout L’Oseraie, Les créations de Tran Nguyen rendent hommage à la vannerie et à l’osier typiques de l’imaginaire provençal. L’architecte, qui a travaillé dans les bureaux de Philippe Starck et de Rodolphe Parente, s’est inspiré des lignes austères de Jean-Michel Frank et de l’hôtel de Marie-Laure et Charles de Noailles à Paris, en le soumettant à un traitement des murs, meubles et luminaires en fibres végétales. Inspiration subtile et composition géométrique, brillamment exécutées.

Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky

Lauréat du Prix National du Meuble

Deux diplômées de l’Ecole Boulle, Emily Chakhtakhtinsky et Marisol Santana ont créé une cabane en pierres sèches, sanctuaire provençal propice à la méditation. Architecture vernaculaire et savoir ancestral se côtoient dans ce sanctuaire pour les abeilles et les humains, directement inspiré des apiés provençaux (aussi appelés murs d’abeilles). De leur inspiration à Lou Cabanounde nouveaux créateurs partagent leurs réflexions sur l’entretien de la terre et des gens qui l’habitent, dans le sens le plus large du terme – rencontre d’un climat rigoureux après un climat rigoureux.

Théophile Chatelais et Hadrien Krief

Lauréat du Prix du Public de la Ville de Toulon

Dans le Les Heures Chaudes, ou Heures chaudes, la forme suit la fonction : Des rideaux humides par capillarité sont placés devant les fenêtres pour rafraîchir la pièce, tandis que l’eau s’écoule doucement en arrière-plan. C’est une sublime anecdote visuelle pour évoquer la Méditerranée et ses chaudes journées d’été : Le bleu du ciel et de la mer, unifié par le soleil brûlant, se reflète dans les dalles de granit mat. Avec le temps, sa fraîcheur s’apaise.

Anaïs Hervé et Arthur Ristor

Récipiendaire du Prix Visual Merchandising présenté par Chanel

Hervé et Ristor – qui ont étudié à l’école des Arts-Déco, pratiquant respectivement la tapisserie et le vitrail – évoquent ensemble des souvenirs de plage Le Palais de Sable. Dans ce château fantastique en bord de mer, des mosaïques de verre et de tuiles colorées ornent les plafonds et marquent les matières premières telles que les pierres qui composent le manteau. Ailleurs, des carreaux de verre forment une série de perchoirs rappelant des formations rocheuses, chacun surmonté de coussins de coquillages et d’algues perlées. Un univers ludique et communicatif s’ensuit.

Yasin Ben Abdallah

Lauréat du Grand Prix du Jury Hyères Jury Design Parade Jury et du Prix du Public de la Ville d’Hyères

Que reste-t-il de l’histoire de la culture de la canne à sucre lorsque les objets matériels utilisés par les esclaves et les travailleurs des champs ont disparu ? Sucre. Les matériaux durables occupent une place centrale Mémoires de la Plantation. Ben Abdallah a moulé le matériau – maintenant développé avec une technologie plus avancée – pour recréer une série de machettes cristallisées – démontrant leur éphémère à la fois dans la forme et dans l’héritage. Dans trois artefacts, l’artiste et designer (diplômé de Sciences Po et de la Design Academy Eindhoven) questionne la préservation de ses préjugés patrimoniaux et de classe sociale de manière directe mais évocatrice, en utilisant une puissance créative qui convainc à la fois le jury et le public.

Lou Poko Savadogo et Lucien Dumas, de Materra-Mantang

Lauréat de la Dotation Fondation Carmignac et du Prix Tecrona

Jouant avec les gammes, Lou Poko Savadogo et Lucien Dumas créent Au dixième, commode et armoires en porcelaine inspirées des procédés de construction architecturaux. Une paire de « constructions » sont disposées et enfilées selon le principe du tissage, avec des morceaux de bois maintenus ensemble par une corde en papier. Le bardeau servait de commode et le bois de chauffage servait de couvercle. La somme de ces parties est l’utilisation d’ingrédients naturels qui le met Au dixieme parmi les designs intemporels.

Autres spectacles

A Design Parade Hyères, le designer Vital Lainé a utilisé une sélection d’essences de bois locales et de sciages, un matériau classé comme défectueux, pour créer des pièces simples et géométriques. Ici, c’est le personnage en bois qui crée l’objet. Avec des découpes qui laissent entrer la lumière, Très raisonnable alliant pureté du design et des matières avec émotion et poésie.

propriété de James Haywood Erreur 404 remplacer le béton traditionnel par du laitier de haut-fourneau et des débris de construction. Dans son atelier du sud de la France, l’ancien ingénieur en aérospatiale crée des lampes brutales à la fois familières (pensez aux totems, aux cheminées hydrothermales ou aux tuyaux d’orgue) et futuristes.

Pendant ce temps, à Design Parade Toulon, les lauréats de l’an dernier et les membres du jury de cette année, Madeleine Oltra et Angelo de Taine, ont référencé le monde dans une ruche pour Mélitosfex, que le duo créatif envisageait comme « la chambre secrète de la reine des abeilles ». Travaillant avec du laiton ambré dans tous les meubles et luminaires de l’installation, les concepteurs ont cherché à imiter le précieux miel produit par ces abeilles tout aussi prisées.

L’architecte Joséphine Balayn transporte les invités sur une terrasse de tuiles provençales et de colonnes antiques Tegula, qui se traduit par tuile en latin. Les architectes, diplômés de l’École Bleue puis de RF Studio, ont opté pour des carreaux vieillis pour des tons corail et des variations imparfaites de terre cuite, créant un péristyle à l’antique entourant la piscine. Dans un effort pour vraiment engager le spectateur, il termine le croquis avec les sons de l’eau et des insectes, ainsi que les arômes d’immortelle et de sauge.

Le lauréat du Prix national du meuble de l’an dernier, Paul Bonlarron, utilise la mise en abyme sur son cabinet aux mirages, un cabinet secret de la Renaissance. Placé au centre de la pièce, le meuble cache 1 001 tiroirs et compartiments. Dans une touche psychologique, Bonlarron crée des niches identiques le long des murs de l’installation comme pour donner l’impression aux visiteurs qu’ils déambulent à l’intérieur d’un cabinet aux allures de labyrinthe.

Conception du défilé de Toulon, exposition visible jusqu’au 5 novembre 2023.
Conception du défilé d’Hyères, exposition visible jusqu’au 3 septembre 2023.