Les législateurs demandent une réforme du système d’extradition du Canada pour éviter « de nouvelles injustices »

Publié le 19 juin 2024 à 10 h 33 HE

Un partisan s’entretient avec Hassan Diab lors d’une veillée à Ottawa le 21 avril 2023. Les partisans de Diab demandent au Canada de rejeter une nouvelle demande d’extradition de la France après qu’un tribunal a reconnu le professeur de sociologie d’Ottawa coupable de l’attentat de 1980. (KANADA PRESS/Adrian sauvage)


OTTAWA — Le gouvernement libéral doit entreprendre dès que possible une «réforme complète» de la loi canadienne sur l’extradition afin d’empêcher «d’autres injustices» dues à des lacunes, a recommandé un comité de la Chambre des communes.

En plus d’appeler à une refonte de la loi sur l’extradition, un rapport de la Commission du droit et des droits de l’homme exhorte le gouvernement à apporter des changements administratifs au processus d’envoi de personnes pour qu’elles soient jugées et détenues à l’étranger.

Lors d’audiences plus tôt cette année, les législateurs ont entendu parler de cas « cités comme preuve d’un préjudice réel résultant de faiblesses dans nos lois et processus existants et comme exemples des injustices susceptibles de persister en l’absence de réforme », a récemment déclaré le comité. .

Rob Currie, professeur de droit à l’Université Dalhousie, l’un des critiques de longue date du système d’extradition à comparaître devant le comité, a salué les conclusions du comité.

« Ils nous ont entendus », a-t-il déclaré dans une interview. « Cela montre une bonne compréhension des problèmes que nous avons présentés. »

Les défenseurs des réformes ont longtemps mis en lumière le cas du sociologue d’Ottawa Hassan Diab, un citoyen canadien qui a été extradé vers la France et emprisonné pendant plus de trois ans, pour être libéré sans même avoir été jugé pour l’attaque de 1980 contre une synagogue parisienne.

Diab, qui a toujours clamé son innocence, revient au Canada. Mais il a ensuite été jugé par contumace à Paris pour les attentats qui ont fait quatre morts et 46 blessés.

Un tribunal français l’a condamné à la prison à vie en avril et a émis un mandat d’arrêt, ce qui signifie qu’il pourrait à nouveau faire l’objet d’une extradition.

Lors de la première étape du processus d’extradition du Canada, les responsables du ministère de la Justice décident de délivrer ou non ce qu’on appelle un « pouvoir de passer » à l’étape suivante, un procès devant un tribunal.

Si l’affaire persiste, le tribunal décide alors s’il existe des preuves suffisantes, ou d’autres motifs valables, pour justifier l’engagement d’une personne à l’extradition.

Lorsqu’une personne s’engage à être extradée, le ministre de la justice doit alors décider lui-même s’il ordonne sa remise à un pays étranger.

Les critiques affirment que le processus d’engagement compromet la capacité des personnes recherchées à contester de manière significative les affaires étrangères contre eux, réduit les juges canadiens à un tampon automatique et permet l’utilisation de documents non fiables.

Ils ont également déclaré que la décision de remise prise par le ministre de la Justice était un processus discrétionnaire et politique, injustement mis en balance avec l’extradition.

Les partisans de Diab ont longtemps soutenu qu’il était à Beyrouth pour passer des examens universitaires – pas à Paris – lorsque l’attaque de la synagogue s’est produite. Ils ont dit que les empreintes digitales, les empreintes digitales et les preuves d’écriture l’ont acquitté du crime.

Les législateurs ont entendu les témoignages de témoins, dont l’épouse de Diab, Rania Tfaily, des voix de la société civile, des professeurs de droit et des fonctionnaires du ministère de la Justice.

Parmi les recommandations du comité :

— Moderniser les accords obsolètes et se retirer des accords avec des partenaires qui sont en grave conflit avec les normes internationales des droits de l’homme ;

— abaisser le seuil requis pour contester la prétendue fiabilité du dossier du partenaire d’extradition lors d’une audience d’engagement ;

— stipule l’obligation pour les pays partenaires de tenir des procès contre la personne dont l’extradition est demandée dans un délai d’un an après la remise au pays étranger ;

— a ajouté l’obligation légale pour le ministère de la Justice de divulguer à la personne requise d’extrader toute preuve d’acquittement en sa possession, ou dont elle a connaissance, susceptible de compromettre ou d’affaiblir la demande du pays partenaire ; Et

— donner au juge d’extradition un rôle plus important que celui du ministre de la justice, notamment en donnant aux tribunaux canadiens le pouvoir de décider de l’équité des ordonnances d’extradition, en tenant compte de la situation de la personne recherchée et du respect du partenaire d’extradition pour droits humains.

Currie a déclaré qu’un meilleur équilibre entre les rôles de juge et de ministre était important car la loi accorde actuellement très peu de pouvoir aux juges dans les procédures d’extradition.

« La plupart des questions juridiques principales et importantes sont en fait confiées au ministre », a-t-il déclaré.

Le bureau du ministre de la Justice David Lametti n’a pas immédiatement commenté le rapport du comité. Le comité a demandé au gouvernement de fournir une réponse écrite détaillée.

Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 19 juin 2024.

Charlotte Baudin

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