Alors que les droits fondamentaux sont menacés dans tous les blocs et que des idéologies politiques plus extrêmes se répandent dans le courant dominant, il devient de plus en plus important de galvaniser les jeunes en France et dans tout le bloc, a déclaré la secrétaire d’État française à la Jeunesse, Sarah El Haïry, à EURACTIV France dans une interview.
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Lors de sa visite à Marseille pour la clôture de l’Année européenne de la jeunesse, El Haïry a expliqué qu’il était d’autant plus important de cultiver un « sentiment d’appartenance européenne chez les jeunes » en France que la jeunesse du pays est plus ségrégée. et déçus que nombre de leurs homologues de l’UE.
Mais ce malaise existe au-delà des frontières nationales. Il a noté qu’à travers l’Europe, « l’accès à l’avortement ou aux droits des LGBT est actuellement remis en question en Pologne et en Hongrie », créant une situation dangereuse que l’Union européenne doit résoudre.
Pour cela, il faut faire comprendre aux jeunes que l’Europe « n’est pas seulement une fenêtre de droits, c’est avant tout un projet politique, qui gagne des droits et promeut des idéaux, fondé sur un ensemble de valeurs ».
Cette compréhension et ce sentiment d’appartenance peuvent être favorisés par « une meilleure connaissance et compréhension des institutions européennes » et « célébrer plus fortement les succès de l’UE », à savoir ses projets et les libertés qu’ils offrent.
Mais au-delà de cela, les jeunes de tout le bloc ont besoin de plus d’opportunités pour se connecter les uns aux autres grâce à des projets comme Erasmus + et le Corps européen de solidarité, qui enseignent les langues européennes et le jumelage entre les enfants des écoles européennes.
La renaissance des droits s’est heurtée à l’apathie politique
Mais le ministre français voit également la montée de l’extrême droite en Italie comme une menace pour la cohésion sociale et la participation à l’UE, en particulier au niveau des jeunes.
« En Italie, on assiste à l’arrivée d’un gouvernement très éloigné de nos valeurs fondamentales », ce qui « crée des tensions ». Par conséquent, « nous devons réaffirmer notre solidarité européenne et notre humanisme », a-t-il déclaré à EURACTIV.
Il note que cette situation politique et la montée des droits sont exacerbées par l’apathie politique, notamment en France.
Lors de l’élection présidentielle de 2022, 40 % des 18-24 ans se sont abstenus, soit plus de 10 points de pourcentage de plus que la population générale. Ce chiffre passe à 70 % pour la Pilkada 2022 et à près de 90 % pour la Pilkada 2021.
Le ministre a exprimé sa frustration que la jeunesse française soit si politique, mais cela ne s’est pas traduit par un vote. « Il faut sortir du paradoxe d’une jeunesse très engagée et politique mais qui quitte les urnes », a-t-il dit.
Les émotions ne sont pas la solution
Commentant la montée et la quasi-normalisation de la droite en France, ainsi que la préférence des jeunes pour des candidats à l’opposé de l’échiquier politique comme Marine Le Pen (extrême droite) ou Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale) plutôt qu’Emmanuel Macron, le ministre a répondu qu' »il est plus facile de susciter la haine et l’indignation, comme le fait le mouvement populiste », et que le camp du président français préfère « promouvoir un discours de raison, plus complexe, mais juste ».
El Haïry pense que les opposants politiques utilisent des opinions extrêmes qui suscitent des émotions pour obtenir des votes plutôt qu’une approche plus pragmatique et mesurée.
Les opposants « viennent chercher des émotions, pas des solutions », a-t-il déclaré, citant la laïcité en exemple. « L’extrême gauche racialise le débat et promeut des visions des peuples autochtones, tandis que l’extrême droite le transforme en discours de haine », a-t-il déclaré.
Quant au rapport entre la laïcité et la jeunesse française, El Haïry affirme que « certains d’entre eux voient la laïcité comme un obstacle, alors qu’en fait c’est une condition nécessaire à l’égalité des droits et des libertés ».
Globalement, le ministre a exprimé l’espoir que « l’Europe saura relever les défis d’aujourd’hui, pour l’avenir de sa jeunesse ». Il a appelé à « perpétuer et renforcer l’héritage de l’Année européenne de la jeunesse » et à « faire le lien entre la voix des jeunes et la prise de décision institutionnelle ».
Enfin, il a encouragé les jeunes à « construire l’Europe qu’ils veulent » en votant et en participant aux élections tout en leur rappelant qu’être français et être européen ne sont pas deux identités opposées.
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