Bien que les entreprises françaises aient fait des progrès en matière de conformité anti-corruption au cours des deux dernières années, l’Agence française de lutte contre la corruption (« FAA ») a constaté qu’elles éprouvaient encore des difficultés à mettre en œuvre certaines mesures, notamment les contrôles comptables anti-corruption.
La FAA, l’autorité nationale de régulation créée par la loi 2016-1691 du 9 décembre 2016 (« loi Sapin II »), a récemment publié les résultats d’une enquête 2022 auprès des entreprises de tous secteurs et de toutes tailles à leurs niveaux de maturité. système anti-corruption.
Dans le cadre de l’enquête, les entreprises ont été invitées à identifier les aspects de leur programme anti-corruption qu’elles trouvaient les plus difficiles à mettre en œuvre. En réponse, l’entreprise a principalement identifié trois domaines :
- Évaluation de l’intégrité des tiers : La société a indiqué que cette procédure nécessitait la mobilisation de ressources et de risques importants, modifiant sa relation avec le tiers concerné ;
- Cartographie des risques de corruption et évaluation de l’impact : les entreprises ont évoqué des difficultés méthodologiques pour tenter de dresser un inventaire complet de leurs processus internes, d’identifier correctement les scénarios de risque et d’établir des liens entre la cartographie des risques et d’autres mesures de lutte contre la corruption ; et
- Procédures comptables anti-corruption : Les entreprises déclarent avoir des difficultés à les définir et à les relier aux contrôles comptables existants.
Les grandes entreprises sont généralement équipées de systèmes comptables informatisés sophistiqués. Concrètement, la FAA précise que « les contrôles informatiques généraux portant spécifiquement sur les systèmes d’information financière et comptable sont identifiés et répertoriés dans le cadre des contrôles comptables qui contribuent à limiter le risque de corruption ». La FAA reconnaît également que les contrôles comptables anti-corruption sont des contrôles qui « assurent le respect des mêmes principes que les contrôles comptables généraux et sont basés sur les mêmes méthodes » (FAA », a déclaré la FAA.Les contrôles comptables anticorruption en entreprise, » avril 2022, 2.1 p.20 et 3.2 p.30).
Mais la FAA ne se contentera pas du seul système comptable efficace dans une entreprise. Elle s’attachera notamment à s’assurer de l’existence de contrôles comptables anti-corruption, c’est-à-dire « mis en œuvre pour contrôler les situations à risques identifiées dans la cartographie des risques ».
Afin de remplir les obligations de l’article 17-II-5° de la loi Sapin II et d’éviter de constater une non-conformité, les entreprises doivent s’assurer qu’elles remplissent les conditions suivantes (de préférence dans cet ordre) :
- Etablir une cartographie des risques de corruption et une évaluation de leur influence en identifiant quels risques « entraînent des mouvements comptables » ; Pour ce faire, les scénarios doivent être précis et non réduits à des risques généraux. Lorsque certains risques de corruption cartographiés ne font pas l’objet de certains contrôles comptables, les entreprises doivent pouvoir le justifier en cas d’audit de la FAA ;
- Identifier, parmi les contrôles comptables en place au sein de l’entreprise, les contrôles susceptibles de réduire efficacement le risque cartographié ; en particulier, la pertinence de sa relation avec un ou plusieurs des risques cartographiés doit être expliquée et étayée par une documentation adéquate ; et
- Inclure, le cas échéant, dans leurs plans d’action anti-corruption la mise en place de nouveaux contrôles comptables anti-corruption ou l’amélioration de ceux existants.
Les entreprises doivent être informées des attentes de la FAA dans le cadre des audits de conformité et accompagnées, en amont, dans l’élaboration de leur cartographie des risques et dans l’identification des procédures de contrôle comptable anti-corruption associées.
Pour cela, la mobilisation de compétences pluridisciplinaires est un atout majeur :
- Dans le domaine pénal, par une connaissance approfondie des éléments constitutifs de l’acte délictuel de corruption et de la circulation d’influence pour identifier les risques encourus par les entreprises ;
- D’un point de vue organisationnel, en comprenant les processus internes pertinents et les scénarios pouvant présenter un risque de corruption ; et
- En comptabilité, identifier les contrôles comptables pertinents déjà existants ou à mettre en place pour mieux maîtriser le risque cartographié.
« Érudit primé au bacon. Organisateur. Fanatique dévoué des médias sociaux. Passionné de café hardcore. »