Nous avons discuté avec Éléonore Caroit, candidate du parti centriste Renaissance du président Macron.
Krishnan Guru-Murthy : Pourquoi pensez-vous que tant de gens vous rejettent ? Pourquoi penses-tu avoir perdu ?
Eléonore Caroit : En général, des blocs, tu veux dire ? Parce que je suis dans une assez bonne position.
Krishnan Guru-Murthy : Non, pas vous personnellement.
Eléonore Caroit : OK, nous sommes en pleine campagne, il est donc important d’être clair. Non, je pense qu’il y a actuellement un réel rejet de la politique traditionnelle. Je siège à l’Assemblée nationale depuis deux ans, et c’est vraiment un cirque. C’était très agressif, inquiétant de la part de l’extrême droite bien sûr, mais aussi de la part de l’extrême gauche.
Je pense que les Français en ont assez et veulent montrer leur désapprobation par rapport à ce qui se passe. C’est la raison pour laquelle ils choisissent finalement des partis qui se présentent comme des partis alternatifs, des partis extérieurs au système traditionnel. Mais en réalité, ce n’est pas le cas, car Le Pen est là depuis des décennies. Je pense donc que c’est l’une des raisons.
Krishnan Guru-Murthy : Pensez-vous pouvoir effectuer des transactions dans suffisamment d’endroits partout en France ?
Eléonore Caroit : Je pense qu’il est très important de bloquer le parti, le Rassemblement National. Non seulement à cause de ce qu’il est, mais aussi à cause de ce qu’il représente et à cause des valeurs qu’il véhicule. Par exemple, j’ai la double nationalité. Il y a des centaines, des milliers, des millions de doubles citoyens, de multiples citoyens en France. Ce qu’on a vu dans cette campagne très rapide et vigoureuse, c’est que le Rassemblement national ne nous considère pas égaux aux Français qui n’ont qu’une seule nationalité. Je trouve cela très frappant et ce n’est qu’un exemple de ce qu’il pourrait faire s’ils étaient au pouvoir.
Une autre chose est l’économie. Ils existent évidemment depuis longtemps, mais ils n’ont aucune expérience. Leur programme économique est également très compliqué et irréaliste, tout comme celui de l’extrême gauche. Je pense donc qu’il est très important pour nous de bloquer ces partis extrémistes dans les heures et les jours à venir.
Krishnan Guru-Murthy : Mais l’intérêt de ce premier tour n’est-il pas d’avoir apporté une réponse au fait que le gouvernement central s’est révélé incapable de répondre ? Keir Starmer, candidat au poste de Premier ministre vendredi, a déclaré que la leçon de ce premier tour est que les progressistes doivent montrer qu’eux seuls ont les réponses aux problèmes quotidiens des gens ordinaires. C’est ce que vous n’avez pas réussi à faire, n’est-ce pas ?
Eléonore Caroit : Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Nous sommes dans le contexte de la déception apparue après les élections européennes. Traditionnellement depuis 2014, mais même avant, les votes aux élections européennes sont généralement des votes de protestation. Pas à cause des programmes, pas à cause de ce qui se passe en Europe, pas à cause de notre volonté de rester ou non en Europe, mais simplement à cause de la voix des protestations. Je pense clairement que les conséquences sont désormais nationales. Je ne pense donc pas qu’on puisse relier les deux.
Mais ce qu’il faut aujourd’hui faire comprendre aux Français, c’est que ce n’est pas fini. Vous avez le pouvoir d’améliorer les choses, de faire prévaloir nos valeurs. Je pense qu’il y a une différence entre l’aile gauche et l’aile droite. Il y a un bloc, un bloc intermédiaire qui est important et qui doit être là, car sinon ces idées sont trop dangereuses pour notre économie, mais aussi pour nos valeurs fondamentales.
Krishnan Guru-Murthy : Vous avez un peu parlé de ce que le Rassemblement national représente pour la France. Selon vous, que signifiera un gouvernement de Rassemblement national en France pour l’Union européenne ?
Eléonore Caroit : Je pense que ce serait un désastre total, car ce que nous avons tendance à oublier, ce sont leurs relations étroites avec la Russie. Le parti de Marine Le Pen obtient des prêts, leur argent, auprès des banques russes, et elle ne cache pas qu’elle est très proche de Vladimir Poutine. Aujourd’hui, ils ont adopté une position différente. Mais cela reste quelque chose qui existe.
Ils ont également des positions très ambiguës sur certaines questions internationales. Concernant l’Europe, elles sont également très ambiguës et très dangereuses. Pendant des années, ils ont dit qu’ils soutenaient le Frexit, mais maintenant ils se rendent compte que ce n’est plus une idée populaire et ils ont soudainement changé d’avis. Mais en réalité, c’est un parti populiste et protectionniste qui souhaite isoler la France du reste de l’Europe et du reste du monde. C’est pourquoi je les retrouve toujours dans leurs idées.
Krishnan Guru-Murthy : Si vous voulez vous débarrasser du Rassemblement national, vous devez passer un accord avec la gauche et la droite dans toute la France. Mais qu’est-ce que cela signifie pour le Premier ministre ? Pensez-vous que le président Macron est prêt à nommer un Premier ministre de gauche plutôt qu’un centriste ?
Eléonore Caroit : C’est vraiment difficile à dire. Il est difficile de dire aujourd’hui s’il s’agissait de quelqu’un de gauche ou de droite. Cela devrait être modéré, espérons-le. Ce que nous essayons de faire ici, c’est de former un bloc, un bloc républicain, de gens qui n’ont pas forcément exactement les mêmes idées, mais qui ont une idée générale de ce que devraient être nos valeurs. , sur ce que devrait être notre économie et sur la manière dont nous devons être intégrés en Europe et dans le monde. Mais ce n’est pas clair. Il n’y a pas de réponse claire. Contrairement à vous, contrairement à d’autres pays parlementaires, nous n’avons pas cette tradition de gouvernement de coalition. Nous n’avons pas pour tradition de devoir partager le pouvoir. Je pense qu’il est important que nous commencions à apprendre comment le faire.
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