Le président français Emmanuel Macron, dont le pays est actuellement président du Conseil de l’Union européenne, ne veut pas que l’UE soit reléguée au second plan de l’OTAN et des États-Unis. Il voulait démontrer sa capacité à tenir tête à la Russie tout en maintenant le dialogue avec Moscou.
Ce sera difficile mais étant donné que la France et la Russie peuvent se rencontrer dans les zones opérationnelles d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie Mineure, cela en vaut la peine. Même sa récente visite à Moscou, bien qu’elle ne soit pas révolutionnaire, montre que les deux parties sont prêtes à parler. Macron a confirmé l’engagement de Vladimir Poutine et de Volodymyr Zelenskyy à honorer l’accord de Minsk.
La politique russe de Macron à ce jour
Le président français n’a jamais été anti-russe. Il a appelé à plusieurs reprises au dialogue avec la Fédération de Russie et a même fait confiance à création d’une nouvelle structure. Ses prédécesseurs, dont Nicolas Sarkozy, qui soulignait que son manque de rapprochement avec la Russie le poussait dans les bras de la Chine, partageaient le même avis.
Malgré des rivalités directes en Afrique et au Moyen-Orient ces dernières années, Poutine et Macron ont été en mesure de résoudre les problèmes et les défis. De plus, les tensions sur les autres continents n’affectent pas les intérêts de la France et de la Russie en Europe. Les deux puissances entretiennent une relation durable au plus haut niveau de représentation à travers un format de dialogue 2+2 (ministres de la défense et des affaires étrangères), ainsi qu’en étant ouvertes à l’investissement mutuel.
La France et la Russie testent les limites de leur influence sur la sécurité de l’Europe centrale et orientale. Le format normand s’étant révélé inefficace, Macron a assumé le rôle de principal intermédiaire européen entre le Kremlin et les autres pays. Dans le passé, Angela Merkel jouait un rôle important, alors que Poutine communique désormais principalement avec le président français. En conséquence, toute question concernant la sécurité du continent menacé par les troupes russes serait négociée par le Palais du Lysée. Macron savait parler à Poutine. Cependant, une réunion début février a montré qu’il avait perdu certaines de ses capacités.
D’une part, le fait que la Russie tienne compte dans ses actions du premier pays de l’UE en matière de défense, et que le président français soit en mesure de répondre aux exigences du Kremlin, est clair et évident. En revanche, la France a prouvé plus d’une fois que ses intérêts nationaux étaient prioritaires. Macron ne peut pas constamment trouver un équilibre entre Moscou, Washington et Bruxelles. Sur le plan de la politique intérieure, il a réussi à éviter les problèmes de radicalisation et de migration. Sur la scène internationale, cependant, le moment de prendre parti approche.
Armée européenne
Macron estime que seule l’Europe peut affirmer une véritable souveraineté et défendre ses propres intérêts et valeurs. Cependant, la capacité de le faire doit continuer à être développée. Par cette déclaration, le président a clairement démontré que la vision de la France est de construire une capacité de défense pour le continent. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que Macron essaie de faire « véritable armée européenne » qui ne dépendra pas de puissances hégémoniques extérieures qui traitent l’Europe comme le centre de la concurrence.
La création d’une force de défense européenne est l’un des principaux objectifs de Macron, qu’il souhaite mettre en œuvre s’il est réélu pour un second mandat. Cette initiative peut être soutenue par les États baltes, dont l’Estonie, et d’autres partenaires de la Task Force Takuba qui entretiennent principalement de bonnes relations avec la France ― la République tchèque, le Danemark, la Grèce, la Roumanie et l’Italie ― ainsi qu’avec des pays non Takuba amis de Paris, comme l’Autriche et la Pologne. Dans ces circonstances, la France, avec la plus grande armée de l’Union européenne et de plus en plus PIB de la Défense à 3%peut conduire au développement des structures nécessaires.
Les pays baltes et la politique française
L’implication de l’armée française en Estonie est un élément clé du maintien de la sécurité dans les États baltes. La présence de brigades multinationales de l’OTAN fait partie de la stratégie de dissuasion de l’OTAN et la contribution de la France (y compris les exercices militaires internationaux) démontre sa volonté d’être active dans la région et sa volonté de se tenir militairement, aux côtés de ses alliés de l’OTAN, face à la Russie. Le soutien militaire de la France, qui admet ouvertement que la Russie n’osera lancer aucune agression contre les États membres de l’OTAN et de l’UE, libère des ressources permettant aux États baltes de se concentrer sur d’autres défis. La République française ne protégera pas la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie de la désinformation, de l’afflux de migrants, des cyberattaques et des crises énergétiques. Cependant, les États baltes peuvent s’attendre à une coopération militaire bilatérale en Afrique et dans le cadre d’exercices militaires multinationaux.
Les États baltes ne doivent pas avoir peur des propos de Macron sur une nouvelle architecture de sécurité et de sa candidature à la Russie, mais chercher les opportunités qu’ils peuvent présenter pour renforcer leur souveraineté et leur indépendance. Le désir de soutien de Macron dans les pays de l’UE l’obligera à prendre en compte les aspirations et les objectifs des autres.
La sécurité des États baltes est très importante pour la France. Leur stabilité est nécessaire si la France veut aborder d’autres questions stratégiques, telles que l’Ukraine, la région baltique élargie et les Balkans. Macron rejette complètement le désir de la Russie de façonner l’Europe en décidant qui peut ou non rejoindre des alliances individuelles.
Les élections en France et leur impact
Que Macron ou Valérie Pécresse remportent l’élection présidentielle de 2022, la politique de la France envers les États baltes ne devrait pas changer. En cas de victoire de Marine Le Pen ou de ric Zemmour (un tel scénario est peu probable), les lignes politiques françaises se déplaceraient sensiblement vers Moscou. Pour autant, cela ne changera pas fondamentalement la situation des Etats baltes, dont la sécurité continue d’être garantie par l’Otan et doit maintenir sa relation avec Paris.
Quelle que soit l’issue, la Russie restera dans une position difficile, en raison de son économie en déclin, de son mécontentement social et de sa concentration substantielle sur trop de crises extérieures.
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