Le parti d’extrême droite français Rassemblement national (RN) a remporté une victoire historique au premier tour des élections législatives anticipées dimanche 30 juin, mais cela ne se traduira pas nécessairement par la formation d’un gouvernement de droite après le deuxième tour du week-end prochain.
Le système législatif français à deux tours est si complexe qu’il est souvent difficile à comprendre.
Mais ce qui est sûr, c’est que la composition de la prochaine Assemblée nationale française et la question de savoir si l’extrême droite prendra le pouvoir ne se feront pas automatiquement malgré la victoire historique de dimanche.
Sur la base des résultats existants, deux scénarios peuvent émerger : un impact sur l’élaboration des politiques nationales et l’influence française dans l’UE.
Scénario n°1 : « Cohabitation » entre l’extrême droite et Macron
Dans le premier scénario, l’extrême droite obtiendrait la majorité absolue à l’Assemblée nationale – avec 289 sièges sur 577 – ou parviendrait à se rapprocher de la majorité absolue, franchissant le seuil avec l’aide de législateurs conservateurs sympathiques.
Il faudrait alors que le président français Emmanuel Macron accepte d’entrer dans une coalition gouvernementale – connue en France sous le nom de « cohabitation » – avec le RN.
Dans la situation actuelle, ce scénario est peut-être le moins probable des deux, mais il aurait l’impact le plus grave sur la politique française et européenne.
Plusieurs ministres du gouvernement seront issus du RN – défendant leur propre politique, avec la quasi-certitude que leurs lois seront adoptées par une majorité docile de députés.
Cela pourrait inclure, dès les premiers jours du mandat, une baisse de la TVA sur l’énergie et les carburants de 20 % à 5,5 %, la suppression de l’aide médicale d’urgence aux personnes vivant en France qui n’ont pas officiellement obtenu l’asile et le gel des expéditions de missiles à longue portée vers l’Ukraine. .
Ce scénario aurait également un impact significatif au niveau de l’UE, les ministres du RN se joignant aux négociations du Conseil de l’UE sur divers dossiers législatifs, et donnant éventuellement aux gouvernements de droite de toute l’Europe un levier pour former des minorités de blocage.
Le processus législatif de l’Union européenne permet à des États membres partageant les mêmes idées de créer des minorités obstructionnistes et de forcer l’abrogation de la législation. Pour ce faire, il faudrait au minimum quatre pays représentant 35 % de la population totale de l’Union européenne.
Dans un contexte de coliving, les infirmières peuvent s’associer à leurs collègues d’Italie, de Slovaquie, de Hongrie et des Pays-Bas pour bloquer des dossiers importants. Il s’agirait d’un « veto collectif » de la droite, a écrit la semaine dernière l’éminent député libéral Pascal Canfin sur la plateforme de médias sociaux LinkedIn.
Cela signifie que des questions politiques clés telles que l’élargissement de l’UE à l’Ukraine et à la Moldavie, ou un nouveau cycle de dettes partagées pour financer la défense de l’Ukraine, pourraient être menacées.
Scénario n°2 : Un parlement sans majorité
Le deuxième scénario, à savoir un parlement équilibré, est plus probable.
Dans ce cas, il n’y aura ni majorité absolue ni coalition parlementaire claire.
La France entrerait en terrain inconnu, car les institutions politiques n’étaient pas préparées à un tel résultat.
La formation de coalitions et de gouvernements minoritaires, bien que courante dans certains États membres, est étrangère à la culture politique française, qui a toujours favorisé les débats conflictuels et les divisions parlementaires marquées.
« Quoi qu’il arrive dimanche prochain, le meilleur scénario pour la France à partir d’ici est de devenir membre du G7, membre permanent. [the] L’ONU, membre clé et force motrice de l’UE, et force dirigeante du camp pro-ukrainien, estime que cela se poursuivra sans direction pendant un an », a écrit Mujtaba Rahman, directeur général du groupe Eurasia, une organisation mondiale. conseil en risques politiques, sur X.
Dans cette situation, un gouvernement intérimaire – excluant le RN – pourrait être formé, à l’instar du gouvernement italien d’« unité nationale » de Mario Draghi, qu’il a formé en 2021 après l’effondrement du gouvernement précédent et sans qu’aucune nouvelle coalition claire ne puisse être formée.
Les annonces politiques et les décisions de Macron au niveau européen dépendront de négociations multipartites approfondies, qui ralentiront le rythme des réformes et nuiront à sa réputation internationale.
En fin de compte, cela mettrait à l’épreuve les limites des institutions politiques françaises et risquerait de conduire à une crise à long terme – étant donné que Macron a jusqu’à présent exclu de se retirer et que la constitution interdit la tenue de nouvelles élections législatives anticipées pendant au moins un an.
[Edited by Rajnish Singh / Aurélie Pugnet]
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