Arc et flèche, la première technologie humaine moderne en Europe il y a 54 000 ans à Mandrin, France






De minuscules points fabriqués par Homo sapiens il y a 54 000 ans et utilisés comme pointes de flèches. Crédit : Laure Metz/Ludovic Slimak

Si l’apparition des armes à propulsion mécanique à l’époque préhistorique est généralement considérée comme l’une des caractéristiques de l’avancée des populations humaines modernes vers le continent européen, l’existence du tir à l’arc a toujours été plus difficile à retracer. La reconnaissance de cette technologie dans le Paléolithique supérieur d’Europe a été entravée par le chevauchement balistique entre les propulseurs ou les canons à proue.

La technologie du tir à l’arc repose essentiellement sur l’utilisation de matériaux périssables ; le bois, la fibre, le cuir, la résine et le tendon, qui sont rarement conservés dans les sites paléolithiques européens et rendent difficile la reconnaissance de ces technologies par les archéologues. C’est l’armature en silex qui est la principale preuve de cette technologie d’armement.

Sur la base d’une analyse de ces armatures de pierre, l’introduction du tir à l’arc est maintenant bien documentée en Afrique depuis environ 70 000 ans. Certaines armatures en silex ou en bois de cerf indiquent la présence d’archerie d’une phase du Paléolithique supérieur ancien en Europe il y a plus de 35 000 ans, mais la morphologie et les modes d’emmanchement de ces armatures anciennes ne permettent pas de les rattacher à un autre mode. propulsion, rendant la possibilité de tir à l’arc pendant le Paléolithique européen presque imperceptible.



Le Dr Ludovic Slimak fait la démonstration de nanopointes néroniennes trouvées dans la couche de la Grotte Mandrin E. L’étude de ces points lumineux montre que ces minuscules points ont été utilisés comme pointes de flèches il y a 54 000 ans en Méditerranée française. Crédit : Philippe Psaila



Ci-dessus : 1 à 4 Nanopoints de la couche E de Grotte Mandrin utilisés comme pointes de flèches. Comparaison inférieure entre point et nanopoint . Échelle de prix, 1 centime d’euro. Crédits : Laure Metz et Ludovic Slimak



Les points néroniens trouvés dans la Grotte Mandrin ont été reproduits expérimentalement en utilisant le même silex et en reproduisant la même technologie. Ces pointes expérimentales ont ensuite été utilisées comme pointes de flèches et tirées à l’arc pour analyser les catégories de fractures apparaissant sur ces pointes de flèches et les comparer aux cicatrices trouvées dans le matériel archéologique. Des études comparatives montrent que les pointes archéologiques néroniennes ont été utilisées sans limite comme pointes de flèches. Expérience de Laure Metz, Toomaï Boucherat, Christian Trubère et Ludovic Slimak. Crédit : Ludovic Slimak



Les points néroniens trouvés dans la Grotte Mandrin ont été reproduits expérimentalement en utilisant le même silex et en reproduisant la même technologie. Ces pointes expérimentales ont ensuite été utilisées comme pointes de flèches et tirées à l’arc pour analyser les catégories de fractures apparaissant sur ces pointes de flèches et les comparer aux cicatrices trouvées dans le matériel archéologique. Des études comparatives montrent que les pointes archéologiques néroniennes ont été utilisées sans limite comme pointes de flèches. Expérience de Laure Metz, Toomaï Boucherat, Christian Trubère et Ludovic Slimak. Crédit : Ludovic Slimak










Les démonstrations paléolithiques de tir à l’arc n’ont été fondées que sur les plus anciennes découvertes connues d’arcs et de flèches trouvées dans les tourbières du nord de l’Europe (sur le site de Stellmoor en Allemagne, par exemple) et datent du 10e au 12e millénaires.

Données des grottes de Mandrin en Méditerranée française, présentées dans un article publié sur Avancées scientifiquesa grandement enrichi notre connaissance de cette technologie en Europe et nous permet aujourd’hui de repousser l’âge du tir à l’arc en Europe de plus de 40 millénaires.

L’étude est basée sur une analyse fonctionnelle de milliers d’artefacts en silex du même niveau archéologique qui se sont révélés en février 2022 être la plus ancienne œuvre humaine moderne sur le continent européen. Ce niveau extrêmement riche, associé à la culture néronienne, témoigne du travail d’Homo sapiens remontant au 54e millénaire et entrecoupé entre les nombreuses œuvres des Néandertaliens qui ont occupé la grotte avant et après l’installation humaine moderne.

Les fouilles de la phase d’implantation néronienne ont mis au jour pas moins de 1500 pointes de silex. Leur analyse montre qu’un grand nombre d’entre eux ont été utilisés comme armatures pour les flèches d’arc. C’est la très petite taille et plutôt la faible largeur de cette armature, qui pèse environ 30% à peine plus de quelques grammes, qui permet d’exclure d’autres modes de propulsion balistique pour cette toute petite arme.



Vue du site de la Grotte Mandrin. Crédit : Ludovic Slimak



Vue des fouilles archéologiques à l’entrée de la Grotte Mandrin. Crédit : Ludovic Slimak



La mandibule et la pointe néronienne du cheval apparaissent dans la couche archéologique E (néronienne) de la Grotte Mandrin. Crédit : Ludovic Slimak



Le couteau apparaît dans la couche archéologique E (Néronien) lors des fouilles de la Grotte Mandrin. Crédit : Ludovic Slimak



Vue des fouilles archéologiques à l’entrée de la Grotte Mandrin. Crédit : Philippe Psaila











Grâce à ces recherches, le tir à l’arc en Europe, et plus largement dans toute l’Eurasie, a fait un bond remarquable dans le temps, il met également en lumière l’armement de la population néandertalienne. L’étude montre que les Néandertaliens, contemporains des humains néroniens modernes, n’ont pas développé d’armes à propulsion mécanique (telles que les technologies d’arc ou de propulseur) et ont continué à utiliser leurs armes traditionnelles basées sur l’utilisation de grandes pointes en forme de lance qui étaient poussées ou lancées par le main. , et nécessitent donc un contact étroit avec leur gibier.

Les traditions et les technologies maîtrisées par ces deux populations diffèrent sensiblement, illustrant l’avantage technologique objectif écrasant des populations modernes lors de leur expansion en Europe continentale.



Les points néroniens trouvés dans la Grotte Mandrin ont été reproduits expérimentalement en utilisant le même silex et en reproduisant la même technologie. Ces pointes expérimentales ont ensuite été utilisées comme pointes de flèches et tirées à l’arc pour analyser les catégories de fractures apparaissant sur ces pointes de flèches et les comparer aux cicatrices trouvées dans le matériel archéologique. Des études comparatives montrent que les pointes archéologiques néroniennes ont été utilisées sans limite comme pointes de flèches. Expérience de Laure Metz, Toomaï Boucherat, Christian Trubère et Ludovic Slimak. Crédit : Ludovic Slimak



Le Dr Laure Metz fait du tir expérimental à l’arc et à la flèche avec un carquois armé d’un point lumineux néronien. Crédit : Ludovic Slimak



Les points néroniens trouvés dans la Grotte Mandrin ont été reproduits expérimentalement en utilisant le même silex et en reproduisant la même technologie. Ces pointes expérimentales ont ensuite été utilisées comme pointes de flèches et tirées à l’arc pour analyser les catégories de fractures apparaissant sur ces pointes de flèches et les comparer aux cicatrices trouvées dans le matériel archéologique. Des études comparatives montrent que les pointes archéologiques néroniennes ont été utilisées sans limite comme pointes de flèches. Expérience de Laure Metz, Toomaï Boucherat, Christian Trubère et Ludovic Slimak. Crédit : Ludovic Slimak



Vue sur le Rhône à la latitude de la Grotte Mandrin. Crédit : Ludovic Slimak










Dans leur article, les auteurs replacent cependant ce débat dans un contexte plus large où les choix techniques ne peuvent se limiter aux capacités cognitives des différentes populations humaines, nous pointant le poids de la tradition dans ces populations humaines néandertaliennes et modernes et les éthologies qui peuvent ont été très différents entre eux.

Informations complémentaires :
Laure Metz et al, Arc et flèche, la première technologie humaine moderne en Europe il y a 54 000 ans à Mandrin, France, Avancées scientifiques (2023). DOI : 10.1126/sciadv.add4675. www.science.org/doi/10.1126/sciadv.add4675

Informations sur la revue :
Avancées scientifiques


Lancelot Bonnay

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