Une meilleure santé au coin de la rue? Évaluation rapide de cinq plans stratégiques nationaux de la PAC

Nous avons examiné les cinq premiers échantillons nationaux Plan stratégique de la PAC (France, Allemagne, Grèce, Irlande, Pologne) pour savoir si le projet de nouvelle politique agricole a accéléré le changement de paradigme vers une vision sanitaire de l’agriculture. Trois questions directrices sont utilisées pour mesurer si des changements dans l’approche peuvent être identifiés

  1. Est utilisation d’antibiotiques réductions liées aux mesures visant à améliorer le bien-être des animaux et à accélérer une transition plus large des pratiques d’élevage ?
  2. Existe-t-il une stratégie pour aligner la production agricole sur l’impératif de parvenir à une voie plus saine et plus durable ? diète?
  3. Les risques pour la santé sont-ils associés à de l’alcool les usages reconnus et les moyens proposés pour y faire face ?

Réduction de l’utilisation des antibiotiques : couplée à une transition dans l’élevage ?

La RAM, ou résistance aux médicaments, est un risque majeur pour la santé, menaçant la prévention et le traitement efficace d’un nombre croissant d’infections à travers l’Europe. La résistance aux antimicrobiens est en partie due à l’utilisation excessive d’antibiotiques dans le bétail. Pour parvenir à de profondes réductions de l’utilisation d’antibiotiques agricoles, il faudra probablement un vaste changement dans les pratiques d’élevage vers un meilleur bien-être animal. Union européenne Règlement vétérinairequi est entré en vigueur en janvier de cette année, lie également l’utilisation d’antibiotiques aux pratiques de production animale, interdisant l’utilisation d’antibiotiques pour « compenser une mauvaise hygiène, un bétail inadéquat ou un manque de soins ou pour compenser une mauvaise gestion de l’exploitation ».

La nouvelle PAC est susceptible d’offrir une opportunité majeure pour soutenir les agriculteurs dans la transition des modèles de production pour s’adapter à ces conditions.

Tous les plans stratégiques de la PAC analysés attachent une grande importance à la question de la réduction de l’utilisation des antibiotiques. Le bien-être animal figure également en tête de liste des priorités. Le principe d’une seule santé – le avouer l’interdépendance de la santé humaine, animale et environnementale – est généralement acceptée, et certains plans explicitent le lien entre un bien-être accru et un besoin réduit d’antibiotiques. Souvent, il est également fait référence à d’autres parties de la législation et des plans d’action qui contribuent à cet objectif en dehors de la PAC.

Tous les plans examinés contiennent des instruments de soutien financier et des mesures visant à promouvoir la formation et l’échange d’informations. Les mesures financières comprennent un soutien pour de meilleurs enclos pour animaux ou une compensation pour l’adoption de meilleures méthodes de production, y compris l’hygiène, le pâturage et la technologie de précision. Le soutien à l’agriculture biologique est également considéré comme contribuant à de meilleures pratiques d’élevage et à une moindre utilisation.

Cependant, aucun plan n’indique si les mesures proposées seront suffisantes pour apporter de véritables changements à l’échelle du système dans les pratiques d’élevage et l’utilisation d’antibiotiques. De plus, aucun des plans ne fait référence aux avantages supplémentaires pour la santé, le climat et l’environnement d’une transition plus large vers l’élevage avec un nombre équilibré de têtes de bétail. Par conséquent, et malgré l’attention particulière portée à ce sujet, les mesures proposées doivent être considérées comme un effort au coup par coup pour améliorer les performances de production plutôt que comme une accélération de la transformation durable plus large, qui est urgente en ce moment.

Vers une agriculture sensible aux nutriments ?

Le nouvel objectif sanitaire du CAP est d’améliorer la fourniture d’« aliments nutritifs produits de manière durable ». La mesure dans laquelle l’agriculture peut contribuer à une consommation saine est un sujet de débat depuis des années. Le concept d’« agriculture sensible aux nutriments » offre vision de l’agriculture vivrière qui place les aliments riches en nutriments et la diversité alimentaire au cœur de la politique du système alimentaire. Plus précisément, il s’efforce d’assurer « la production d’une variété d’aliments abordables, nutritifs, culturellement appropriés et sûrs en quantité et qualité suffisantes pour répondre aux besoins alimentaires de la population de manière durable ».

L’adoption d’une approche de la politique agricole sensible à la nutrition implique un recentrage des incitations sur la réalisation des objectifs nutritionnels au niveau de la population, ce qui est peut-être le moyen le plus sûr d’assurer une sécurité alimentaire durable et une utilisation efficace des terres.

La nutrition a reçu une réponse plutôt décevante dans les plans stratégiques sous revue. Alors que le problème des habitudes alimentaires malsaines est largement reconnu, le rôle de la PAC dans la contribution aux solutions n’est pas bien compris. En dehors de certaines interventions existantes très spécifiques, telles que les programmes scolaires et les campagnes d’information, aucune solution systémique n’est présentée. Certains plans font référence à l’étiquetage nutritionnel pour promouvoir une consommation plus saine, mais ces interventions dépassent le cadre de la PAC.

Le plan français, du moins sur le papier, fait figure d’exception. Il lie explicitement les niveaux de consommation de fruits, de légumes et de légumineuses inférieurs aux recommandations à des mesures spécifiques de la PAC, telles que le nouveau régime d’aide conjointe aux petits agriculteurs. En fait, une étude de modélisation commandée par l’EPHA en 2021 suggère que les subventions basées sur les produits peuvent apporter une contribution importante à l’augmentation de l’offre d’aliments recommandés dans les directives alimentaires nationales. Par conséquent, si un soutien adéquat est fourni d’une manière attrayante pour les agriculteurs, cela peut être considéré comme un pas en avant et un exemple à suivre.

Un renouveau sur les coûts sociaux de l’alcool ?

L’Europe est la région où la consommation d’alcool est la plus élevée au monde, avec d’énormes conséquences négatives pour la santé et le bien-être de la société et de l’économie. Preuve de plus en plus souligné il n’y a pas de niveau sécuritaire de consommation d’alcool. L’agriculture fournit des matières premières pour la production d’alcool et la PAC très subventionnéen particulier, le secteur du vin, y compris par le biais d’un soutien promotionnel.

Avec de nouveaux objectifs de santé au cœur de la politique agricole de l’UE, on peut s’attendre à repenser les liens politiques avec l’alcool. Malheureusement, aucun des deux plans n’y fait référence de manière significative. La seule mesure mentionnée dans certains plans est d’accompagner les actions promotionnelles de messages sur la « consommation responsable de vin ». Un tel message en fait très ambigu et non un moyen fondé sur des preuves pour réduire les méfaits de l’alcool.

Que faut-il conclure ?

Dans l’ensemble, cette évaluation rapide conduit à la conclusion que la PAC est loin d’intégrer une approche axée sur la santé pour canaliser les subventions agricoles, malgré les énormes avantages potentiels de le faire. On peut soutenir que l’un des obstacles structurels à la réalisation de cet objectif est le modèle de décaissement actuel de la PAC, qui distribue la plupart des fonds sur la base d’un hectare, et non sur la base de la réalisation d’objectifs politiques sur le terrain. Pour qu’un véritable changement de paradigme se produise, cette lacune fondamentale doit être comblée.

Avec des remerciements particuliers à Evelyne Vande Lanoitte pour la recherche de fond.

[1] Les plans initiaux n’ont pas été revus à la lumière des plans finaux, qui ne sont pas tous disponibles au moment de la rédaction – août 2022. L’hypothèse est que peu de choses changeront en termes d’objectifs de santé.

Rochelle Samuel

"Un fauteur de troubles incurable. Praticien de la télévision. Évangéliste de Twitter subtilement charmant. Entrepreneur de toujours."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *