Savez-vous? Guillotine et technologie de pointe

La guillotine était censée être humaine, mais est devenue une force brutale pendant près de deux siècles.

Guillotine. L’emblème redoutable de la Révolution française, qui a payé la monarchie française et bien d’autres après elle, dont le leader révolutionnaire Robespierre. Mais saviez-vous qu’il envoyait encore des prisonniers français vers leur mort récente en 1977 ?

Tout a commencé avec Joseph-Ignace Guillotin, membre de l’Assemblée nationale française, qui, ironie du sort, aurait pu être médecin et s’intéresser à la réforme médicale. Le 10 octobre 1789, le Guillotin propose à l’Assemblée que, pour rendre les citoyens égaux, tous les condamnés à mort soient exécutés de la même manière humaine : la décapitation mécanique. Une contradiction dans les termes peut-être, mais une alternative aux horribles châtiments théâtraux auxquels les gens ordinaires avaient jusqu’alors été soumis.

Au début, l’idée de Guillotin a été accueillie avec dédain. « Maintenant, avec ma machine, je te coupe la tête en un clin d’œil et tu ne le sens jamais », s’est-il vanté. L’assemblée a pensé que c’était tapageur et la presse française n’a pas tardé à s’en emparer. La pompeuse proclamation de Guillotin engendre même un hymne comique – La Guillotine Permanente, et son nom a toujours été associé à l’appareil, même s’il ne fait qu’approuver son utilisation. Néanmoins, les appels à la grâce de Guillotin touchèrent le cœur de l’Assemblée qui, en 1791, autorisa l’imposition rapide et efficace de toute peine capitale par la décapitation. Un dispositif mécanique approprié n’avait pas été inventé et le Royal Surgeon, Antoine Louis, a été chargé de le construire.

Joseph Ignace Guillotin (1738-1814). Musée Carnavalet à Paris

La conception originale de Louis était imparfaite : elle ne pouvait garantir une mort rapide, un détail important pour le maître bourreau français Charles-Henri Sanson. L’ami de Sanson Tobias Schmidt, facteur de clavecins de métier, modifia les dessins de Louis et produisit des ébauches de ce qui était nécessaire dans son atelier du 9, Cour du Commerce-Saint-André. Un peu sombrement, il a testé son équipement sur du bétail et des cadavres de condamnés à l’extérieur du Café Procope voisin.

Enfin satisfait, Schmidt peint la machine en rouge sang et la surnomme La Guillotine – au grand dam du Dr Guillotin. La première victime de la machine fut le brigand Nicolas Jacques Pelletier en avril 1792. Le Dr Guillotin avait envisagé la mort privée des criminels condamnés, mais la Révolution exigea des exécutions publiques. En moins d’un an, le règne du roi Louis XVI s’achève sous la guillotine, et pendant la Révolution, plus de dix mille personnes perdent la tête.

HISTOIRE RÉCENTE

Pendant près de deux siècles, la France a exécuté plus de personnes par guillotine que tout autre pays au monde. La dernière personne à être guillotinée en public fut le tueur à six reprises Eugen Weidmann, qui fut exécuté le 17 juin 1939. Les sombres photos du spectacle et les rapports sur le comportement inapproprié des passants provoquèrent une telle indignation que le gouvernement mit fin aux exécutions publiques. Puis, le 10 septembre 1977, les épées tombèrent pour la dernière fois, lorsque Hamida Djandoubi, 27 ans, fut exécutée pour avoir tué Élisabeth Bousquet, 22 ans. Il a été la dernière personne à être décapitée par un gouvernement dans le monde. Quatre ans plus tard, en 1981, le nouvel élu François Mitterrand tient ses promesses de campagne et la peine de mort en France est abolie.

Aujourd’hui, 40 ans après son abolition, les sondages montrent que la population française reste divisée sur la question ; mais le président Macron s’est engagé à poursuivre la lutte pour mettre fin à la peine de mort dans le monde.

Extrait du magazine France Aujourd’hui

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Lancelot Bonnay

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