Le nouveau chapitre de « l’administration générale islamique » en France

Il semble que le Conseil français du culte musulman soit dans ses derniers jours, après un parcours hésitant de près de vingt ans, représentant tous les musulmans français devant les instances officielles. Depuis le 19 janvier dernier, le mandat légal du président du Conseil, Muhammad al-Moussawi, a pris fin, sur fond de divergences radicales entre les différents syndicats représentés dans l’administration du Conseil. Sous l’impulsion du doyen de la Grande Mosquée de Paris, Shams al-Din Hafeez, trois principaux syndicats voient le jour à la tête de la mosquée de Paris, et les membres démissionnaires forment une nouvelle « coordination » à caractère temporaire, bien que Hafeez lui-même devait remplacer Moussavi à la tête du conseil.

En retour, les quatre associations restantes au bureau communal ont choisi une autre voie. Il a été annoncé qu’à partir du 20 janvier, le Conseil français du culte musulman présidera une présidence collective composée de deux vice-présidents qui n’ont pas démissionné de leurs fonctions. Le syndicat représente les « Frères musulmans », une organisation turque fidèle au gouvernement d’Ankara, et la Jama’at al-Dawa wa al-Tableegh. Ils ont également fixé au 19 février la date de l’assemblée générale, dont l’ordre du jour sera la seule activité du vote de la résolution suivante : « Dissoudre le Conseil du culte musulman français, pour permettre aux représentants du culte musulman en France de se former une nouvelle forme de représentation démocratique », qui apparaît pratiquement comme une tendance vers une solution définitive du conseil, qui pendant vingt ans depuis sa création en 2002 a été considéré comme un « organe indépendant voué à la représentation des musulmans de France devant les autorités de l’État en les questions relatives à la pratique religieuse. Le conseil est intervenu dans la construction de mosquées, la réglementation des marchés alimentaires halal et la formation des imams.  » Et le développement des représentations de l’islam dans les prisons et dans l’armée française, et la construction de terrains réservés aux musulmans dans les cimetières, et c’est à lui de déterminer les dates des fêtes religieuses pour les musulmans, notamment le mois de Ramadan.

Peut-être ce sort obtenu par le Conseil du culte musulman était-il espéré par tous depuis sa naissance difficile avec le soutien écrasant du ministre de l’Intérieur du gouvernement du président Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, qui voulait réorganiser l’administration publique islamique dans le le pays le plus laïc du monde. L’enthousiasme de Sarkozy pour toutes les contradictions de l’assemblée et l’unification des points de dialogue avec l’ensemble de la communauté musulmane dans un conseil composé d’unions aux loyautés et aux tendances divisées ont fragilisé à l’extrême la composition de l’assemblée. Mais ce qui a caractérisé cette fragilité au cours des deux dernières décennies, c’est l’influence des États étrangers sur la plupart des composantes du conseil, notamment le Maroc, l’Algérie et la Turquie, dans ce qu’on a appelé le phénomène consulaire islamique, et d’autre part, les associations d’autres composantes à l’intérieur. conseil avec des projets de groupes islamiques supranationaux tels que les « Frères musulmans » et la Tablighi Jamaat.

Mais les contradictions qui ont vécu et grandi au sein de ce Conseil ont toujours été l’otage du compromis et du consensus de ses composantes, compte tenu de la volonté des autorités françaises de pérenniser le Conseil en tant que représentant officieux ou officiel de tous les musulmans de le pays, où l’autorité a toujours été saisie pour résoudre les conflits et trouver des solutions, même indirectement ou sans préavis, à cause de la honte des lois qui empêchent les administrations étatiques laïques de s’ingérer dans la gestion des affaires religieuses des sectes et des groupes religieux. Mais l’arrivée du conseil dans la mort clinique montre que les autorités actuelles n’en veulent plus, ce qui signifie que cette structure ne répond plus au besoin du pays de gérer les affaires islamiques en adéquation avec les complexités de la situation française après les attentats de 2015 et le problème de « séparatisme » posé par le gouvernement du président Emmanuel Macron il y a deux ans, ainsi que selon la vision de Macron de la nature de la politique étrangère française, qui semble contraster fortement avec les politiques des pays étrangers qui accusent la France de s’immiscer dans le français affaires musulmanes, en particulier l’Algérie et la Turquie.

C’est très clair dans la déclaration du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sachant que son ministère est responsable à ce jour du dossier islamique dans le pays, qui qualifiait auparavant l’instance représentative de la foi islamique de « morte ». Il a également déclaré très clairement que « le Conseil français du culte musulman n’est plus, pour les pouvoirs publics, l’interlocuteur officiel. » Bien qu’en pratique l’Etat ne puisse dissoudre l’organe représentatif d’aucune secte religieuse sauf pour des raisons de sécurité, la réticence des autorités considérer le conseil comme l’interlocuteur officiel mettrait pratiquement fin à son existence, car il a été créé à l’origine pour être l’interlocuteur officiel de l’autorité, avec le soutien de l’autorité.

Il semble que le gouvernement Macron en soit bien conscient et souhaite trouver une nouvelle formation ou une autre formule représentative qui en fasse un interlocuteur basé principalement sur la prévention des ingérences étrangères dans les affaires de l’administration de la religion islamique dans le pays, et sur la prévention de l’utilisation des institutions, des mosquées et des communautés musulmanes dans le cadre d’un projet de groupe islamique supranational. Ainsi, il semble que l’État français soit toujours revenu à zéro dans le traitement des dossiers « islamiques » en re-trouvant la meilleure façon de gérer ce dossier en marchant dans des zones sensibles et sur la fine ligne entre les intérêts supérieurs de l’État et ceux de l’état. principes laïcs républicains. De plus, ce problème n’est pas sans un recrutement politique clair, dont le degré et la finalité varient selon le gouvernement en place. La présence permanente de millions de musulmans en France, dont plus de la moitié sont des citoyens français ayant le droit de vote, pose des problèmes pour leur intégration sociale et culturelle. Plus précisément, il conduit à une réflexion sur la place de l’islam dans le paysage religieux français. Et si cette présence, dans les années soixante, s’est manifestée comme un phénomène temporaire, lié à la migration de travail, sans racines permanentes, alors le double phénomène d’immigration et de regroupement familial a conduit à la stabilité de la population musulmane d’origines diverses, de sorte qu’elle ont des projets d’avenir en France, depuis des générations, Ainsi ils entreprennent d’établir une société islamique.

Mais le paradoxe réside dans le fait que les autorités françaises d’une part et les dirigeants syndicaux représentant les différentes factions de la présence islamique en France d’autre part unissent un même objectif, à savoir ignorer la large base sociale des musulmans et la volonté contrôler par le haut dans la régulation des affaires de la communauté musulmane. , malgré le fait que les musulmans en général sont les principaux acteurs indirects en ce que, par leurs dons réguliers, ils sont les principaux financiers de l’islam en France, et non à l’étranger, les Français Groupes islamiques étatiques ou politiques.

* basé sur « Jour »

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Fernand Lefèvre

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