L’Assemblée nationale française débat d’un projet de loi interdisant le port du foulard dans les compétitions sportives

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Un projet de loi interdisant le port du foulard dans les compétitions sportives sera soumis à l’Assemblée nationale française, après que le Sénat français a refusé mercredi de voter sur le projet de loi.

La question, à deux mois de l’élection présidentielle française, est devenue un sujet brûlant dans un pays qui adhère à une forme stricte de laïcité visant à séparer l’État et la religion.

Le Sénat français, qui est dominé par le Parti républicain d’extrême droite, a proposé en janvier des amendements à une loi interdisant le port de symboles religieux ostensibles dans tous les sports de compétition.

Le gouvernement central d’Emmanuel Macron et ses alliés, majoritaires à l’Assemblée nationale, qui a le dernier mot, s’y sont opposés.

Le projet de loi plus large vise à « démocratiser le sport », y compris la manière dont les principales fédérations sportives sont gérées.

Mais il comprend une disposition, précédemment ajoutée sous forme d’amendement par le Sénat dominé par les conservateurs, visant à interdire l’utilisation de « symboles religieux éminents » lors d’événements et de compétitions organisés par des fédérations sportives.

L’utilisation de symboles religieux en public est depuis longtemps un sujet controversé en France, un pays profondément laïc qui abrite la plus grande minorité musulmane d’Europe.

L’identité et la place de l’islam dans la société française sont devenues un sujet brûlant à l’approche des élections présidentielles d’avril, deux candidats d’extrême droite remettant en question la compatibilité de l’islam avec les valeurs républicaines. Les deux candidats avaient près de 35 pour cent du soutien des électeurs.

Le gouvernement Macron n’a pas tardé à dénoncer les amendements. Compte tenu de la majorité du parti et de ses alliés dans la RPD, l’amendement est susceptible d’être retiré du projet de loi plus large.

« Notre ennemi est l’islam radical, pas l’islam », a déclaré mardi Marilyn Schiappa, ministre d’État aux Affaires civiques.

La France accueillera les Jeux olympiques d’été en 2024, et les détracteurs de la loi se sont demandé comment cela affecterait le protocole pendant les Jeux, dont les participants comprendront des athlètes féminines de pays musulmans conservateurs.

Le sénateur de droite Stéphane Benoir a déclaré que la charte olympique stipule la neutralité politique et religieuse.

« Nous ne pouvons pas compromettre la laïcité, et la France ne peut pas saper le mouvement olympique », a-t-il déclaré au Sénat.

Elle a souligné que le projet de loi visait à permettre « à toutes les femmes de participer à des compétitions sportives sans discrimination, sans aucun signe de discrimination, sans aucun symbole associé au voile que nous connaissons comme un outil politique ».

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La Charte olympique stipule qu' »aucune manifestation ou propagande de quelque nature que ce soit, politique, religieuse ou ethnique de quelque nature que ce soit, n’est autorisée sur tout site, lieu ou zone désigné pour les Jeux ».

Jeudi, le ministre français de l’égalité des sexes a exprimé son soutien aux footballeuses musulmanes qui cherchent à annuler l’interdiction faite aux joueuses de porter le foulard sur le terrain.

Les règles édictées par la Fédération française de football interdisent aux joueuses participant à des matches de compétition de porter des symboles religieux « évidents » comme le foulard islamique ou la kippa (chapeau) juive.

Un groupe de femmes connu sous le nom de « les Hijabeuses », ou « femmes voilées », a déposé une plainte contre la loi en novembre de l’année dernière, affirmant qu’elles étaient discriminatoires et violaient leur droit de pratiquer leur religion.

« La loi dit que ces jeunes femmes peuvent porter le hijab et jouer au football. Dans les stades de football aujourd’hui, le hijab n’est pas interdit. Je veux que la loi soit respectée », a déclaré la ministre de l’égalité Elizabeth Moreno à la télévision LCI.

« Les femmes devraient pouvoir choisir comment elles s’habillent », a-t-elle déclaré plus tard à l’AFP.

Grouper "encapuchonné" Lors d'une manifestation qu'il a organisée alors que le Sénat français examinait le projet de loi, Lille, France, 16 février 2022

Reuter
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« soumission« 

La loi française sur la laïcité garantit la liberté religieuse à tous les citoyens et ne contient pas de dispositions interdisant le port de symboles religieux en public, à l’exception du vêtement intégral (niqab), qui a été interdit en 2010.

Il est également interdit aux employés des institutions de l’État d’afficher leur religion, tout comme les écoliers.

De nombreux politiciens de droite en France veulent étendre les restrictions sur le foulard, y voyant une déclaration politique en faveur de l’islamisme et une insulte aux valeurs françaises.

Ces dernières années, ils ont conseillé aux mères accompagnant les enfants lors de voyages scolaires de ne pas porter le hijab, et ils ont cherché à interdire le maillot de bain intégral connu sous le nom de burkini.

Eric Ciotti, un député d’extrême droite du Parti républicain conservateur, a déclaré mercredi que le refus du parti de Macron de soutenir une interdiction des symboles religieux dans le sport laissait un « goût amer de reddition ».

« Partout l’islamisme veut imposer ses règles », a déclaré la candidate républicaine à la présidentielle Valérie Pecres alliée au parlement.

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« Le hijab est une prison pour les femmes, c’est un outil d’assujettissement et de rejet individuel », a-t-elle ajouté, au milieu des moqueries du parti au pouvoir.

Pendant ce temps, Moreno a déclaré jeudi que « dans les lieux publics, les femmes peuvent porter ce qu’elles veulent », avant d’ajouter : « Mon combat est de protéger celles qui sont obligées de porter le hijab ».

Interdiction de manifester

La mairie de Paris a interdit mercredi une manifestation prévue d’un groupe « voilé » devant le Parlement français, pour des raisons de sécurité.

« Nous pensons que c’est une énorme injustice. Nous voulons juste jouer au football. Nous ne sommes pas des militants pro-hijab, nous sommes juste des fans de football », a déclaré le co-fondateur Vuni Diawara à l’AFP dans une interview en janvier.

En 2014, l’International Football Association Board a autorisé les femmes à porter le foulard lors des matches après avoir jugé que le foulard était un symbole culturel plutôt qu’un symbole religieux.

De son côté, la Fédération française de football fait valoir qu’elle suit simplement la loi française, puisque la Haute Cour constitutionnelle du pays se prononcera sur la question après un recours de la « femme voilée ».

Ailleurs dans le monde, des divisions sur le foulard ont déclenché des manifestations dans l’État indien du Karnataka après que les autorités y ont interdit le port du foulard dans les salles de classe.

Fernand Lefèvre

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