La France « fait face à la vérité » en ouvrant une nouvelle archive de la guerre d’Algérie

Pour « faire face à la vérité » sur la guerre d’Algérie, la France a décidé, vendredi 10 décembre, d’ouvrir les archives judiciaires de cette époque « 15 ans plus tôt » que la date précédemment prévue, afin de poursuivre sa politique des « petits pas » pour rapprocher les mémoires des deux pays initiée par le président Emmanuel Macron.

« Nous avons des choses à reconstruire avec l’Algérie, et elles ne peuvent être reconstruites que sur la base de la vérité », a déclaré la ministre de la Culture Roslyn Bachelot à la chaîne française BFMTV. 1962).

« Je veux dans ce dossier, qui est dérangeant et scandaleux et où sont à l’œuvre les faiseurs d’histoire, pouvoir y faire face. On ne peut pas construire des récits historiques sur des mensonges », a ajouté Bachelot.

Cette annonce intervient deux jours après que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est rendu en Algérie pour tenter de désamorcer la crise entre les deux pays qui dure depuis plusieurs mois.

regarder la vérité en face

Et le ministre français de poursuivre : « C’est l’invention qui sème la confusion, le trouble et la haine. A partir du moment où les faits sont révélés, reconnus et analysés, dès lors nous pouvons construire une autre histoire, la réconciliation.

Répondant aux questions sur les répercussions de cette décision, notamment la possible confirmation que des militaires français ont commis des actes de torture en Algérie, Roslyn Bachelot a déclaré qu' »il est dans l’intérêt de l’Etat de le reconnaître ».

Cette décision s’inscrit dans le cadre de la politique de réconciliation mémorielle lancée par le président français Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, ce dernier a reconnu la responsabilité de l’armée française dans la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Auden en Algérie en 1957, et a promis à sa famille de fournir l’essentiel des archives.

« Quand Emmanuel Macron a rendu justice dans l’affaire Audan, il a retourné la France contre la vérité », a déclaré Bachelot. Il a souligné la nécessité de « ne jamais craindre la vérité, nous devons la replacer dans son contexte, mais nous devons y faire face ».

Opération franco-française

Le 9 mars 2021, tout en poursuivant la politique des « petits pas », le président de la France a annoncé un accès facilité aux archives secrètes de plus de 50 ans, permettant un temps d’attente raccourci.

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La décision était basée sur les recommandations contenues dans le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur les problèmes de mémoire entre l’Algérie et la France, qui appelait les deux pays à ouvrir et échanger des archives sensibles à l’époque coloniale.

La décision répondait également aux demandes d’universitaires qui se plaignaient des obstacles à la liberté d’accès aux documents historiques.

Dans une déclaration à l’Agence France-Presse, le délégué ministériel français à la Méditerranée, Karim Amalal, a déclaré : « En ce qui concerne l’Algérie, c’est un signal important envoyé par la France, même si la politique de la mémoire fait partie du processus franco-français pour l’établissement des faits. »

« Il y a une demande très forte des historiens pour divulguer les secrets des documents couverts par le secret défense. L’idée de base est de leur donner la possibilité de faire leur travail », a ajouté ce membre du Comité Mémoire et Vérité, présidé par Benjamin Stora. .

Procès algérien

A leur tour, les historiens algériens ont demandé en avril au président algérien Abdelmadjid Tebboune, l’ouverture des archives nationales pour cette période, mais leur demande est toujours pendante. « La demande d’ouverture des archives remonte à au moins dix ans », a déclaré l’historien algérien Ammar Mohannad Amer à TV5Monde.

Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, les blessures sont toujours ouvertes de part et d’autre, malgré des années d’action symbolique de la France pour exclure de déclarer un « repentir » ou de demander des « excuses ».

Macron a provoqué la colère de l’Algérie en octobre, accusant le régime « politico-militaire » algérien de construire des « résultats de mémoire » sur la guerre d’indépendance et la France, selon ses déclarations rapportées par le journal français « Le Monde ».

Suite à la publication du communiqué, l’Algérie a convoqué son ambassadeur à Paris et a interdit le passage des avions militaires français sur son territoire pour atteindre la région du Sahel africain.

Fernand Lefèvre

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