En attendant Sarko – POLITICO

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Soixante-dix ans après la parution de « En attendant Godot » de Samuel Beckett, la campagne présidentielle française a donné naissance à un nouveau drame absurde : « En attendant Sarko ».

A huit semaines du premier tour de scrutin, le seul ancien président français de centre-droit, Nicolas Sarkozy, n’a pas encore dit s’il soutient la candidate de centre-droit, Valérie Pécresse.

Dimanche, Sarkozy a raté une absence remarquée au premier grand rassemblement de la campagne de Pécresse à Paris. Vendredi dernier, le candidat a rendu visite à l’ancien président. Leur conversation a été décrite comme « franche et amicale », mais aucune approbation n’a suivi.

Pour ne rien arranger, des propos privés de Sarkozy sont parus la semaine dernière dans le quotidien de centre-droit, Le Figaroa critiqué les talents de campagne des porte-drapeaux Les Républicains, le parti qu’il a fondé.

« Valérie est partout », a déclaré Sarkozy. « Qui parle de Valérie Pécresse ? Il n’est pas là. »

Son discours faible et largement critiqué d’un discours confus de 90 minutes lors du rassemblement de dimanche ne fera pas changer d’avis Sarkozy.

Deux questions se posent.

D’abord, pourquoi l’opinion de Sarkozy est-elle importante ? Il a pris sa retraite politique. Il a fait appel de deux peines de prison et de sa condamnation l’année dernière pour tentative de corruption de juges et financement illégal de campagne.

Deuxièmement, pourquoi Sarkozy essaie-t-il de saper la campagne de son ancien ministre de l’enseignement supérieur ? Malgré le coup de gueule rapporté par Le Figaro — qui est indéniable — plusieurs hommes politiques proches de Sarkozy a fait défection du camp de Pécresse au président Emmanuel Macron la semaine dernière.

A la première question : l’opinion de Sarkozy compte. Il reste immensément populaire auprès de sa base Les Républicains (LR) et de son électorat de centre-droit plus large. Il est considéré par eux comme le dernier politicien conservateur capable d’exercer une influence à la fois sur les ailes modérées, pro-européennes et nationalistes et anti-migrants du parti.

Si Sarkozy continue à faire attendre Pécresse – ou pire, à soutenir Macron – sa campagne déjà ratée pourrait bien être irrémédiablement endommagée.

Blesser l’estime de soi

La deuxième question — que fait Sarkozy ? – plus difficile de répondre.

Certaines sources LR suggèrent que tout est une question de fierté et d’agacement. Pécresse s’est rangé du côté du défunt président Jacques Chirac dans sa bataille avec Sarkozy pour le contrôle du parti LR prédécesseur en 2006. Il mentionne souvent Chirac dans ses discours de campagne mais mentionne rarement Sarkozy.

Je crois que le « problème Pécresse » de Sarkozy est bien plus qu’une gêne. Cela fait partie de la bataille pour l’âme de la droite française « traditionnelle » et imagine la possibilité – voire la possibilité – que les frontières gauche-droite de la politique française soient redessinées davantage dans les deux ou trois prochaines années.

Il y a trois semaines, l’ancien président était invité à déjeuner à l’Elysée. Les deux présidents signalé ont discuté de la forme et de la portée du second mandat de Macron.

D’après le français rapports des médiasSarkozy a proposé sa protégée de longue date, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, comme Premier ministre de Macron s’il gagne (comme le montrent les sondages d’opinion) d’ici le 24 avril.

L’ancien président pourrait juste être une haie en gardant le silence.

Pris en sandwich entre le mouvement centriste de Macron et l’extrême droite – avec la leader du Rassemblement national Marine Le Pen et son rival Eric Zemmour avec un total de plus de 30% d’intention de vote, selon le sondage POLITICO, Pécresse a du mal à progresser et à garder le nationalisme, l’aile anti-européenne de son parti.

Depuis qu’il a remporté la primaire de centre-droit en décembre, il a beaucoup penché (contre son propre instinct) vers la droite.

Il l’a encore fait dimanche avec une attaque contre l’Union européenne et une référence astucieuse à une théorie du complot selon laquelle la migration était censée atteindre un « grand substitut » de la race blanche.

En conséquence, les défections de son aile conservatrice modérée risquent de se multiplier dans les semaines à venir.

Certains membres du cercle restreint de Sarkozy soutiennent depuis longtemps que la seule façon d’assurer la survie du centre-droit français fort et pro-européen est que l’aile modérée des Républicains rejoigne ou s’allie au mouvement centriste de Macron.

Il est peu probable que Sarkozy soutienne Macron lors du premier tour de la campagne, mais il veut être en position de force pour influencer la carte de l’avenir politique de la France si le président remporte un second mandat. Pécresse, quant à lui, dit qu’il espère toujours que Sarkozy le soutiendra – à la fin. Comme l’a dit un personnage vers la fin de « En attendant Godot »: « Il vaut mieux espérer que ce soit retardé que rien. »

Fernand Lefèvre

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